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25/01/2017

De quoi la formation est-elle le nom ?

Depuis plus de 45 ans, le droit a enfermé la formation dans le cadre étroit de l'action de formation et a posé sur elle le verrou de la fiscalité. Ainsi, on a débattu de ce qui était formation et de ce qui ne l'était pas. Pour au final privilégier le moyen (l'action) sur la fin (le développement des compétences). La loi du 5 mai 2014 a ouvert deux brèches salutaires : en défiscalisant les plans de formation et en permettant aux entreprises d'utiliser tous les moyens pour former leurs salariés, et en élargissant le périmètre de l'action de formation notamment celles qui sont réalisées à distance. Une troisième a également été percée, en permettant aux OPCA de financer des actions autres que la formation continue, liberté dont quelques branches, trop peu sans doute, se sont emparées par la voie de la négociation. Dès lors, deux définitions de la formation sont possibles : soit celle du code du travail qui renvoie toujours à l'action de formation, même élargie, soit une définition plus large qui considère comme formation, tout ce qui forme. Pour ceux qui s'intéressent à la question, les éléments du débat sont détaillés dans un article paru au mois de décembre dernier dans la revue Droit Social. Et pour illustrer que la formation c'est bien plus d'une action, le projet pédagogique de la Masia, autrement dit le centre de formation des jeunes footballeurs du FC Barcelone. 

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14/01/2017

MAINTENANT, LA COMPETENCE EST SINGULIÈRE

Tout le monde peut disposer des mêmes ressources, personne n’est compétent de la même manière. La compétence c’est la singularité exprimée en acte. Car il n’est de compétence qu’en action. Remballez votre savoir-être de pacotille, sans passage à l’acte il n’y a pas de compétence et l’agir n’est pas un savoir-être mais un savoir-faire. Savoir y faire dans les relations, dans les comportements, dans les attitudes, dans l’appréhension de situations émotionnellement difficiles, c’est du faire et non de l’être. Il serait d’ailleurs plaisant que nos tenants du savoir-être aient une discussion avec Parménide sur le sujet (« l’être est, le non-être n’est pas », bon courage !). Loin d’être la négociation de la culture, la docile servante de la conformité, la compétence est la manière unique dont chacun associe toutes les ressources dont il dispose pour faire. Et c’est pourquoi la photo réalisée par cette petite fille, sera unique, comme celle du passant qui a immortalisé la scène. Comme ce petit livre et ses contradictions, comme les lectures, forcément uniques et singulières, que voudront bien en faire ses lecteurs.

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13/01/2017

AVANT, LA FORMATION C’ÉTAIT DE LA CULTURE

La formation, c’est la maïeutique socratique. C’est du savoir au service de la réflexion. De la pensée en marche, comme la pratiquaient Rousseau, Heidegger, Nietzsche et quelques autres. C’est mettre ses pas dans les pas des anciens, tirer profit de leur enseignement et tenter de décrypter le monde nouveau sans se couper de tout ce qui a contribué à le façonner. La formation c’est l’émancipation de l’individu, le coup fatal porté à la nature dans le débat entre nature et culture. C’est prométhéen. Aristophane considérait d’ailleurs qu’éduquer c’était allumer un feu et non remplir un vase. Ce feu dont Bachelard fit une poétique de la connaissance. Nous étions alors bien loin des savoirs normés, des apprentissages sans réflexion et strictement reproductifs que l’on mesure à coup de quizz dans lesquels le raisonnement n’a plus sa place. A l’émancipation a succédé la normalisation, à la culture l’utilitarisme, à la connaissance la compétence de conformité.

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12/01/2017

MAINTENANT, ON NE CONFOND PLUS SE FORMER ET ALLER EN FORMATION

On connaît la phrase de Bertrand Schwartz : « On ne forme pas les individus. Eux seuls se forment, s’ils y trouvent intérêt ». Obnubilés par l’action de formation, nous mesurons sans cesse l’accès en formation et nous intéressons peu aux situations de formation. On tient pour vérité l’équation : a été en formation = a été formé. Schwartz en rigole encore. La formation n’est pas une action transitive.

On se forme en faisant ce que l’on a jamais fait, on se forme en portant un regard ouvert, et non un regard d’habitude, sur notre quotidien, on se forme en restant disponible à ce que l’on ne connaît pas, on se forme par le questionnement et la curiosité, on se forme en pensant contre soi-même et en dépassant ses contradictions…et de dix mille autres manières. Cela peut survenir en formation, évidemment, mais aussi partout ailleurs. Pour peu qu’on le veuille bien.

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11/01/2017

AVANT, LA FORMATION CE N’ETAIT PAS OPEN BAR

Je me souviens de ce séminaire sur la compétence collective avec Guy Le Boterf. Après deux jours de travail acharnés, car avec Guy on travaille, la promiscuité et la bonne humeur avaient conduit les participants à considérer que toute activité collective était porteuse de compétences. Les exemples les plus saugrenus alimentaient l’hilarité. Je laisse à votre sagacité le soin d’en dresser la liste. Mais il en va de la formation comme de la prose : à être trop présente elle se dissout et disparaît sans coup férir. C’est en 2016 que l’on vit les premières conférences sur la disparition des responsables formation. La formation formelle étant vouée à s’effacer au profit de multiples modalités de formation informelle, la fonction chargée de la formation n’y résistera pas. Mutation ou disparition, tel sera donc le choix. Combien de temps faudra-t-il pour que l’on regrette les temps de formation permettant une véritable rupture avec le travail, un détachement du contexte, un temps réservé et préservé, une parenthèse dédiée à l’apprentissage. Le temps de s’apercevoir que se former à l’animation de réunion sur son smartphone le matin à 8h sur la ligne 14, avec la leçon 2 le soir à 19h au même endroit, ce n’est pas exactement la même chose que de prendre le temps d’apprendre, d’échanger et de simuler, lors de sessions de formation, sacrifiées sur l’autel du manque de temps et de la modernité.

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10/01/2017

MAINTENANT, ON AVANCE DANS LA JUNGLE DU SAVOIR

Terminé le temps des verticalités disciplinaires. Des thèses de spécialité par lesquelles on sait presque tout sur presque rien. Dans la jungle chacun jour plus dense du savoir constitué, de l’information jaillissant en flots toujours plus puissants de sources multiples et parfois improbables, impossible de se repérer par la stricte approche disciplinaire. Les rhizomes de Deleuze forment un enchevêtrement dans lequel il n’est plus possible d’ouvrir des boulevards Hausmanniens à grands coups de pelleteuses. Plus le savoir est riche, et il l’est davantage chaque jour, plus j’ai besoin des autres, du réseau, de la multitude pour l’appréhender. Plus on est nombreux à s’en saisir, et plus j’ai besoin d’associer, de tester, de rapprocher, d’expérimenter, des connaissances diverses et non reliées entre elles, pour ouvrir des voies nouvelles. Les chapelles disciplinaires deviennent des impasses étroites, des voies de garage pour mandarins confits. Pour affronter la complexité, le pagne et le couteau de Tarzan ne suffisent plus. Autrement dit, la bonne volonté et le courage n’y peuvent pas grand chose. J’ai besoin de me relier pour avancer. En rugby, on appelle ça un groupé pénétrant et c’est diablement efficace.

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09/01/2017

AVANT, ON NE PARLAIT PAS POUR NE RIEN DIRE

Il fût un temps, je vous l’assure, où il y avait une hiérarchie : le formateur était un expert, les bons élèves lui donnaient la réplique et les moins bons profitaient de la dynamique. Il fallait travailler pour accéder à la parole. Les états d’âmes n’étaient pas invités au débat. Le savoir primait, l’individu s’effaçait derrière la matière et se mettait à son service. Les connaissances devaient être solides pour autoriser la formulation d’un avis. Les évaluations n’étaient pas complaisantes, l’effort était récompensé et la nonchalance sanctionnée. C’était avant que chacun réclame le droit de s’exprimer, même quand il n’a rien dire, que l’horizontalité ne soit promue valeur suprême, que l’élève ne remplace le maître au centre du système et que le contenant devienne plus important que le contenu. Là où le savoir a besoin de temps et de silence pour se constituer, on a introduit le débat permanent, ou plus exactement le foutoir organisé, le relativisme sans fin, la contestation de la hiérarchie et au final la perte de repères qui rend les apprentissages plus difficiles. A vouloir égaliser les chances, on les a surtout nivelées.  On a oublié que Don Juan, quand il défie le commandeur,  finit en enfer (NDLA : tout plagiat de Finkielkrault et quelques autres serait purement fortuit).

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08/01/2017

MAINTENANT, J’AI MON BUREAU PARTOUT DANS LE MONDE

Je suis passé par le Québec, j’y ai appris à personnaliser les approches pédagogiques. En descendant par la Californie, j’ai découvert les derniers outils technologiques pour améliorer les processus d’acquisition. J’ai été au Mexique participer au programme d’insertion des gamins de la rue par l’approche compétences. Cela m’a rappelé Evelyne Sullerot et Retravailler. Et partout, tout le temps, à l’aide des bibliothèques en ligne, des échanges permanents et des équipes qui travaillent en Inde et à Maurice, j’ai diffusé sur internet des produits récurrents qui cartonnent. Mon travail c’est de la créativité, de l’expertise et de la production industrielle de qualité. De l’artisanat à grande échelle en quelque sorte. Et j’assure le suivi : du coaching par skype partout dans le monde. Et à propos de grande échelle, mon bureau n’est plus au Mexique, je viens de m’installer en Australie pour quelques mois. Il paraît qu’ici les pédagogies ludiques et pragmatiques marchent super bien. C’est un mec croisé dans un restaurant de fruits de mer qui m’a raconté ça. Il travaille depuis la plage de Manly et distribue ses produits de formation partout dans le monde. J’ai hâte de voir comment ça fonctionne, vous ne tarderez pas à voir le résultat.

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06/01/2017

AVANT, LA FORMATION ÇA RAPPORTAIT

En ce temps là, lorsqu’il y avait 8 stagiaires dans la salle, c’était un petit groupe. Le plus souvent, on était 12 ou 15, et parfois jusqu’à 20. Quand on organisait pas des Conférences d’actualité avec 100 participants ou plus. Tout était à deux chiffres : les marges et la croissance. La formation ne connaissait pas la crise, les catalogues enflaient exponentiellement, les commerciaux faisaient de la gestion de flux, comme les OPCA et les Responsables Formation. La dynamique semblait ne jamais devoir s’arrêter. Et en plus, on faisait plaisir et on se faisait plaisir. Mais qui a eu l’idée de mettre le réveil ?

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05/01/2017

MAINTENANT, IL Y A MOINS DE SAUCE ET PLUS DE LAPIN

Ah, le temps des showmens ! Le temps des formateurs qui entrent dans la salle de formation comme l’acteur sur la scène. Ces formateurs qui ont travaillé leurs effets, affiné le discours et placé les bons mots aux instants judicieux. Ces formateurs qui lors du tour de table oublient les contextes, les métiers, les objectifs, le professionnel et se concentrent sur les personnalités : lesquels vont être bon public, où sont les positifs, qui est le grincheux de service, puis-je dénicher l’expert qui va se mettre en compétition, le pinailleur qui va m’emmerder et qu’il faudra calmer d’entrée, les effacés que j’irai chercher si besoin ? Concentrée dans l’unité de temps, de lieu et d’action, la formation était une performance dans laquelle il s’agissait de tenir (entendez : assurer la durée prévue, exemple : tu vas tenir trois jours sur ce thème ?) et de faire plaisir (entendez : s’assurer de la satisfaction des participants à avoir passé un bon moment avant de retrouver leur quotidien, exemple : ils étaient contents tes stagiaires ?). Aujourd’hui, le multimodal permet de sortir de la performance scénique pour s’intéresser aux apprentissages. Terminé le formateur central dont l’ego se nourrit du regard des autres, bienvenu le formateur périphérique au service des acquisitions et non plus de lui-même. Ne pas faire de la satisfaction le résultat, mais avoir des résultats et en être satisfait.

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04/01/2017

AVANT, POUR ETRE FORMATEUR IL FALLAIT DU TALENT

C’était l’époque où il ne suffisait pas de venir avec un Powerpoint et de le commenter laborieusement, comme ces profs sans talent qui lisent leur cour aux étudiants. Il fallait faire le show, susciter l’envie d’en savoir plus, emporter les stagiaires, les émerveiller, leur ouvrir largement les portes de la connaissance. Transformer le tableau noir en piste aux étoiles.

Lorsque le talent s’amenuise, les salles de formation se vident, comme les églises dans lesquelles les fidèles se lassent de sermons sans relief, inlassablement répétés.

Ce n’est pas la technologie qui videra les salles de formation, mais le manque de talent.

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03/01/2017

AUJOURD’HUI IL Y A LE SOURIRE DE YOTSUNE

Alice, l’avatar qui suit ma progression sur le e-learning, m’a conseillé quelques groupes d’échanges sur mes thématiques de travail. J’ai pu récupérer des informations sur les pratiques aux Etats-Unis, au Chili, en Corée et dans quelques autres pays. Et puis Yotsune m’a fourni énormément de documents sur le Japon. Pas toujours facile de rentrer dans les autres cultures. Comme disait Proust, toute lecture est potentiellement un contresens, mais dans les beaux livres, tous les contresens sont beaux. Et lorsque les yeux de Yotsune vous regardent, sur l’écran, tous les échanges sont riches. Je crois que je vais suivre les conseils d’Alice : toute réflexion commence par un travail de terrain, c’est à partir des pratiques que l’on réfléchit. Si je veux rester dans une démarche scientifique, il va falloir que j’aille au Japon. Lorsque je le lui ai annoncé, j’ai eu le plaisir du beau sourire de Yotsune.

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02/01/2017

AVANT IL Y AVAIT LA MINI-JUPE D’ARLETTE

Faut-il voir une relation entre le  laborieux 8  en maths  au baccalauréat et le gros barbu un peu crado qui nous les enseignait, et le  16 en économie et la splendide eurasienne qui nous initiait aux politiques économiques internationales ?  Est-ce un hasard si j’ai été volontaire pour suivre des cours de dactylo au collège, ce dont je me félicite tous les jours, parce qu’ils étaient assurés par Arlette qui s’habillait comme Barbarella, c’est à dire très court ? Qui peut se souvenir d’un enseignant qui a marqué sa scolarité sans que n’entre dans la relation une part de séduction ?

J’y repense avec un peu de nostalgie lorsque Alice, l’avatar qui me sert de guide dans mon programme d’e-learning, me prodigue ses conseils, avec un rien de la voix rauque de Monica Vitti. On est tout de même loin des jupes d’Arlette.

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01/01/2017

DUELLE

Alors, c'était mieux avant ? ou bien c'est quand même mieux aujourd'hui ? si les questions absurdes fondent souvent les réponses ineptes, on peut profiter du début d'année pour s'autoriser tous les challenges. Ouvrons donc le petit livre de l'avant/après de la formation. Il s'appelle DUELLE et comporte douze chapitres. Pour le premier, il faudra attendre la rentrée, c'est à dire demain.  

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