24/04/2016
L'air du temps
Sous la verrière du Grand Palais, des livres, des estampes, un atelier de gravure, des dessins, quelques photographies qui font ici figure d'avant-garde technologique. Pas de numérique, pas d'ordinateur, pas de pixels, pas de performance. Du texte, de l'écrit, de la trace, de la plume, de l'encre et des idées. Beaucoup d'idées. Est-ce que le temps où tout était plus lent n'était pas mieux adapté à la pensée ? et à l'engagement ? émouvante écriture d'Oscar Wilde, de Proust, magnifique lettre de René Fallet, à peine dix-huit ans, à André Breton. Et pour ce dernier, une photo. Datant de décembre 1948, sur la place de l'Opéra, pour appeler à participer à une conférence de Gary Davis, autoproclamé premier citoyen du monde. Cet ancien pilote de l'armée US avait remis son passeport à son ambassade après avoir découvert les ravages de ses bombardements. Il réclamait ainsi la fin des Etats nations par une démarche volontaire pour devenir apatride. Citoyen du monde par volonté d'une communauté ouverte. Près de 70 ans plus tard, dans le rythme fou de l'actualité, nous prenons plusieurs mois pour débattre inutilement de la déchéance de nationalité, tandis que l'Angleterre se demande si elle ne doit pas revenir à son insulaire isolement. Chacun appréciera le chemin parcouru.
22:46 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citoyenneté, nationalité, nation, monde, gary davis, andré breton, histoire, photo, livre
07/05/2013
Ce qu'il a voulu dire, il l'a dit
Passage à Camaret pour saluer Saint-Pol Roux. Les quatre tours, comme des tombeaux verticaux offrant leur cylindre aux vents marins, ou comme un salut à la radicalité du poète, à sa sereine solitude. Me revient en mémoire l'apostrophe d'André Breton à Rémy de Gourmont, qui avait tenté de dresser un dictionnaire des métaphores et images poétiques de Saint-Pol Roux.
« Il s'est trouvé quelqu'un d'assez malhonnête pour dresser un jour, dans une notice d'anthologie, la table de quelques-unes des images que nous présente l'œuvre d'un des plus grands poètes vivants ; on y lisait : Lendemain de chenille en tenue de bal veut dire papillon. Mamelles de cristal veut dire : une carafe, etc. Non, monsieur, ne veut pas dire. Rentrez votre papillon dans votre carafe. Ce que Saint-Pol-Roux a voulu dire, soyez certain qu'il l'a dit. »
Colonnes antiques d'une cité grecque en pays celte
Je me souviens qu'à l'école, j'ai toujours eu la même réaction instinctive de méfiance devant cette question des instituteurs : "Qu'a voulu dire l'auteur ?". Comme André Breton, j'avais envie de répondre : "Couillon, ce qu'il a voulu dire il l'a écrit !". J'aurai bien voulu que l'instit me dise ce qu'il comprenait du texte, comment il le faisait vivre en lui, quelle leçon il en tirait, s'il vivait différemment après l'avoir lu ou bien si sorti de la classe il n'en restait plus rien. Cela oui m'aurait intéressé, mais quant à s'interroger sur "ce qu'a voulu dire l'auteur", c'était supposer que tout acte d'écrire obéit à une stricte volonté qui assujettit l'expression, autrement dit, ne rien comprendre à la poésie. Quant à Saint-Pol Roux, c'est simple, ses poèmes me donnent envie de rire et de vivre, comme lorsque " le soleil monte faire têter la vie" :
A parler cru, je ne m'emmerde jamais seul
Dieu non plus
Nous sommes au moins deux
18:37 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saint-pol roux, littérature, poésie, bretagne, camaret, ruines, nature, paysage, andré breton, instituteur, école, texte
06/08/2010
Regarder, voir
L'apologue zen est rapporté par André Breton dans Signe Ascendant (1947) : "Par bonté bouddhique, Bashô modifia un jour, avec ingéniosité, un haïkaï cruel composé par son humoristique disciple Kikakou. Celui-ci ayant dit : "Une libellule rouge - arrachez-lui les ailes - un piment", Bashô y substitua : "Un piment - mettez lui des ailes- une libellule rouge". Il appartient à chacun de nous de se façonner un regard qui voit des piments dans les libellules ou des libellules dans les piments.
14:07 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : goethe, schopenhauer, andré breton, soleil, désir, regard, photo, art, littérature
14/10/2009
Le cadre : notion artistique
Paul Duchein est Montalbanais, accessoirement pharmacien et à titre principal peintre et auteur de somptueuses boîtes qui démontrent, s'il en était besoin, que l'encadrement n'est pas un enfermement mais une ouverture vers le rêve et l'infini. La délimitation de l'espace clos n'est qu'une manière d'ouvrir les portes de l'imaginaire dans un de ces apparents paradoxes qui charment les surréalistes dont Duchein a toujours été proche. L'art de l'encadrement ou comment l'onirisme peut se déployer sans fin dans un espace contraint.
00:36 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paul duchein, andré breton, cadre, égalité de traitement, surréalisme, ressources humaines, droit du travail
06/10/2009
Contradictions
Le magnifique musée des lettres et des manuscrits présente jusqu'au 28 octobre l'exposition : "André Breton, d'un manifeste à l'autre". On peut y consulter les manuscrits des deux manifestes du surréalisme et autres documents. Si dans le premier manifeste Breton définit le surréalisme par rapport aux mécanismes de l'inconscient et à l'expression libre de la pensée, dans le second il propose au surréalisme de : "faire reconnaître le caractère factice des vieilles antinomies. [ car] Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas, cessent d'être perçus contradictoirement. Or c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point.". Lorsque Picabia présente deux écoles, point de hiérarchie ni d'opposition, la même réalité à travers deux prismes qui nous invitent à créer une troisième image.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : andré breton, surréalisme, picabia, management, hegel
02/10/2009
La conne, la négative et la sachante
Rencontre d'une formatrice, échange sur nos pratiques. Jusque-là tout va bien, lorsqu'une marquise rencontre une marquise la logique conduit à des histoires de marquises. Et puis ce credo : "Moi quand je forme, il faut que la conne comprenne, que la négative adhère et que la sachante ne s'ennuie pas". Ai-je bien entendu ? oui. Voici la sainte trinité pédagogique déclamée avec foi et conviction. Fin de la discussion, en matière de Trinité, je préfère Max Ernst.
00:08 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pédagogie, formation, trinité, max ernst, andré breton
03/08/2009
Là où brille l'étoile
Eté 1944 : le débarquement vient d'avoir lieu sur les plages de Normandie, avec ses régiments de canadiens. André Breton est au Canada. Réfugié au Etats-Unis, il passe l'été en Gaspésie à la recherche d'agates sur les plages de Percé. Il découvre le rocher et l'ile Bonaventure : "Dans le rêve d’Élisa, cette vieille gitane qui voulait m’embrasser et que je fuyais, mais c’était l’île Bonaventure, un des plus grands sanctuaires d’oiseaux de mer qui soient au monde."
05:20 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré breton, percé, gaspésie, kittie bruneau
28/07/2009
Naïveté créative
Ils surgissent de la brume sans prévenir, processionnaires venant de la mer du Saint-Laurent pour aller où ? le grand rassemblement de Marcel Gagnon s'opère sur une plage de Gaspésie au pied de la maison de Marcel Gagnon qui emprunte aux inspirés du bord des routes, ceux qui laissent aller leur désir et lui donnent formes.
16:00 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marce gagnon, marc tessier, andré breton, naïf, créativité