31/08/2009
Apprendre collectivement
L’Etat consacre plusieurs millions d’euros à la garde individualisée des enfants, mais laisse aux collectivités locales et aux CAF le soin de financer les crèches. En matière éducative, la même logique conduit à affecter des moyens à l’aide individualisée aux élèves plutôt qu’à la réduction des effectifs en classe, qui favoriserait les pédagogies différenciées. Comme en d’autres domaines, l’individualisation demeure le reflexe, le collectif n’ayant vraisemblablement pas bonne presse. Il est vrai que, comme l’illustre le petit neveu de Watteau, le préceptorat peut avoir ses charmes et du charme.
Il pourrait tout de même être fait quelques liens entre des actualités qui paraissent appartenir à des mondes différents. Les partenaires sociaux ont défini, dans l’ANI du 7 janvier 2009, un socle de compétences. Le projet de loi de réforme de la formation professionnelle retient de ce socle de compétences deux compétences clés : apprendre à apprendre et travailler en collectif. L’apprentissage en groupe ne permettrait-il pas de réunir ces deux objectifs et de développer ces deux types de compétences ? si le vieux Freud avait raison, «tout se joue dans les trois premières années », il y a urgence à ouvrir des crèches éducatives !
13:43 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : collectif, apprendre à apprendre, pédagogie, résistance pédagogique, éducation
27/08/2009
On a tous bien raison !
Il n'est pas nécessaire d'écouter pour entendre, mais parfois tentant d'écouter lorsqu'on entend. Dans le bus, dans le métro, dans la rue, au café, au restaurant, en tout lieu et en tout temps les conversations affluent aux oreilles de ceux qui n'y participent pas. Les sujets sont variés, parfois surprenants, trop peu souvent hélas, mais s'il fallait désigner LE sujet le plus fréquemment abordé, celui par lequel tout commence et finit il s'agirait certainement de celui-ci : j'ai raison. J'ai raison de penser ce que je pense, j'ai raison d'avoir eu le comportement que j'ai eu avec mon amoureux(se), mes collègues, mes ami(e)s, ma famille, j'ai raison de faire ce que je fais, j'ai raison de m'abstenir, j'ai raison de t'en parler...j'ai pas raison ?
La devise de la monarchie britannique "Never explain, never complain" est décidément bien lointaine. Se justifier et se plaindre occupent le temps et l'espace. Besoin de se rassurer ? doutes exprimé sous forme de certitudes ? demande d'être conforté ? consolé ? reconnu ? encouragé ? quel que soit son objet, la demande est manifeste. L'erreur est-elle aussi inadmissible qu'il faille toujours persuader, et se persuader, que l'on a raison ? et raison par rapport à quoi ? quelles valeurs, quelle éthique, quels principes, quelle cohérence ? voilà beaucoup de questions en fait, ai-je bien eu raison d'écrire cette chronique ?
Note : en complément, un texte envoyé par Nathalie Duffort qui raconte l'histoire d'un homme qui apprend de ses erreurs.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : management, ressources humaines, goya, raison, plainte
26/08/2009
Des professionnels, pas des héros
Le talent d'Ingres a beau transformer la supplique de Thétis en une incroyable scène de séduction, l'archétype n'est pas remis en cause : en cas de difficulté il convient de s'en remettre à Dieu, au sauveur, à l'homme providentiel (la figure de la femme providentielle reste, elle, à construire). Le mythe du chef, du leader, de la personnalité charismatique dont doit venir le salut est une constante qui ne se dément pas. Les recruteurs le savent bien à qui l'on passe souvent cette commande qu'ils ne savent pas toujours traduire de manière opérationnelle : à quoi reconnaît-on un chef, un leader, le charisme ? quoi qu'il en soit, le salut viendra de l'individu doté de qualités exceptionnelles, reste à le trouver.
08:50 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stade toulousain, jupiter, thétis, ingres, management, rugby, ressources humaines
25/08/2009
Le myope voyant
Lucien Clergue présente à Arles, à l’Abbaye de Montmajour dans le cadre des Rencontres de la Photographie, qu’il a fondées il y a 40 ans, des photos de corrida et de nus superposées à des peintures, souvent religieuses. La double exposition du film n’aboutit pas à la fusion des images, comme le ferait l’informatique, mais à une image unique porteuse de ses propres émotions, références et lumières. Une photo est-elle autre chose que de la lumière projetée et le regard du photographe une manière personnelle d’éclairer le monde ?
Lucien Clergue est myope. Très myope. Il porte de lourdes et peu esthétiques lunettes. Il y voit donc mal. Voilà pourquoi il nous aide à voir et nous dévoile.
L’invitation de Lucien Clergue, au-delà de la promenade esthétique, corporelle et fantasmatique à laquelle il nous convie avec ses photos en devient plus profonde : utiliser nos limites pour bousculer nos limites, faire de nos handicaps des atouts ou encore refuser de subir pour mieux s’approprier. Le plaisir, avec Lucien Clergue, est aussi pédagogique.
00:05 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lucien clergue, arles, photographie, corrida, tauromachie, peinture, management
24/08/2009
Le Coq et les flamand(e)s
« - Il est vraiment résistant au changement…
- - Pourtant on l’a accompagné, on a mis tous les moyens à sa disposition…
- - On lui avait clairement expliqué les enjeux…
- - Il a suivi une formation de trois jours sur les échasses, qui sont du dernier modèle…
- - Lors de son dernier entretien, il a répondu qu’il ferait des efforts mais son adaptation est vraiment lente…
- - Je pense qu’il va falloir s’en séparer, ce n’est plus possible après tout ce que l’on a fait pour favoriser son intégration… ».
Le sort du Coq en est jeté. Le poulailler ayant fermé, il fut sommé de rejoindre les proches flamands roses. On lui a fourni les échasses, on l’a formé à la marche en eaux troubles, il a acquis le vocabulaire et les attitudes des flamands, mais il demeure trop lent, trop lourd, peu gracieux et peu synchrone. Son adaptation est un échec, il ne sera jamais intégré. Le licenciement est inévitable.
Encore s’agit-il ici d’un coq plein de bonne volonté. S’il avait dès le départ rappelé que Coq il était et que Flamand il ne saurait être, on l’aurait sans doute trouvé crispé sur ses acquis, conservateur et passéiste, refusant de muter pour le profit de tous et le sien en particulier puisqu’ainsi il en avait été décidé. Un archaîque dont le débarras sera un soulagement.
Bien sur, l’histoire peut se passer autrement. Le Coq peut s’amuser de ses échasses, trouver plaisant de jouer au flamand, espérer d’une jolie flamande, ou jubiler de devenir invisible au milieu de ses dissemblables.
Si nul ne saurait exiger d’être pris et conservé en sa nature, faut-il pour autant conclure de l’existence d’un coq joueur que tous les coqs ne rêvent que d’échasses et de flamandes ?
01:24 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : adaptation, ressources humaines, changement, organisation, management
21/08/2009
Aller voir ailleurs
Pour le consultant nomade, l'invitation est excitante : "Allez voir ailleurs !". Il ne s'agit pas d'une invitation à passer son chemin mais au contraire à le détourner pour mieux revenir au sujet. Allez voir ailleurs et ramenez nous les meilleures pratiques. Dites nous comment font les autres, repérez les innovations, offrez nous des points de repères et comparaisons, traquez la bonne idée...Merveilleux métier qui s'apparente ici à une chasse au Trésor fabuleuse. L'attractivité du dernier virage est, on le sait, toujours trop forte pour que le curieux y résiste qui tel Alice veut connaître l'autre côté du miroir.
La quête est un délice, certes. Mais ensuite ? que faire du trésor ? de retour avec l'Infante de Velazquez et de Picasso, qu'en déduire pour une peinture future ? que simplement reproduire est absurde et qu'il convient de s'approprier et de traduire dans son propre langage.
17:22 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : benchmark, picasso, velazquez, management, ressources humaines
20/08/2009
Savoir imaginer
On se souvient de Roger Gicquel ouvrant le journal télévisé du 18 février 1976 par un glaçant : "la France a peur !" (pour ceux qui sont trop jeunes, Dailymotion et YouTube sont vos amis). A l'exact opposé, lors de son premier discours en 1978, Jean-Paul II utilisa la formule qu'il repris ensuite au Bourget lors des JMJ : "N'ayez pas peur ! ouvrez vous !". Peut-on donner meilleur conseil ? peur de mal faire, peur d'échouer, peut d'être jugé, peur de soi même, peur d'autrui....si vous voulez être certain de ne pas réussir, ayez peur. La peur tue l'intelligence.
La peur de la crise financière, par exemple, conduit à confondre le fait de tirer les leçons de l'histoire et d'agir de manière pavlovienne. 1929, 1973 et 2000 : trois crises financières aux causes et aux contextes différents. Que peuvent-elles nous apprendre sur la manière d'en sortir aujourd'hui ? que chaque situation appelle une réponse spécifique, que les réalités d'hier ne sont pas celles d'aujourd'hui et encore moins celles de demain. Que reproduire n'est pas avoir appris de l'histoire. Comme l'individu doit s'appuyer sur son expérience sans en être prisionnier. Etre créatif est une exigence : "l'imagination est plus importante que le savoir" (Albet Einstein).
16:39 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : einstein, crise, crise financière, peur, ressources humaines
19/08/2009
Vive l'école moderne !
Il y a tout juste 100 ans, Francisco Ferrer était fusillé, debout et non à genoux comme le voulait l’usage, pour avoir participé à l’insurrection de Barcelone. Ses derniers mots furent : « Vive l’école moderne ».
Inspiré des idées d’Elisée Reclus et de Paul Robin, son projet pédagogique visait à introduire des méthodes actives d’enseignement basées sur la découverte et le lien étroit entre l’enseignement et les activités extérieures. Des écoles furent ouvertes en Espagne, aux Etats-Unis, ou encore en Suisse, à Lausanne où l’école Ferrer affichait le projet suivant : « L’instituteur de l’Ecole Ferrer a pour principe de constamment faire appel à la bonne volonté, à l’énergie, à l’attention, à la recherche, à l’observation même de l’enfant. Nous ne donnons pas de résultats tout faits. Nous ne présentons jamais une science parfaite, mise au point par les devanciers et devant être ingurgitée telle quelle. Nous faisons si possible tout trouver ». C’est qu’il s’agit de ne pas habituer à toujours croire et ne jamais rien savoir, comme le disait Rousseau, et ne pas faire de l’école le lieu d’un seul apprentissage, celui de la docilité.
Rappelons que Man Ray fut élève de l’école moderne de New-York, le Ferrer Social Center. Faut-il faire un lien avec la liberté d’esprit, le jeu, l’envie d’expérimentation et de découverte qui anime toute son œuvre ? En tout cas, le centenaire est l’occasion de constater que le programme de Ferrer reste à mettre en œuvre : « un enseignement concret, pratique, vivant ; la coéducation des sexes ; pas de devoirs à la maison ; ni religion, ni politique dans les leçons, ni morale en préceptes ; ni punitions, ni récompenses ; appel constant à l’énergie propre de l’enfant ; consultation des parents ; collaboration des gens de métier ». Etudiants, lisez Ferrer pendant vos cours magistraux.
10:17 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francisco ferrer, pédagogie, éducation, man ray
18/08/2009
Vivement la grippe !
Le 3 juillet dernier le Ministère du Travail diffusait une circulaire invitant les entreprises à mettre en place un plan de continuité d'activité et des mesures destinées à protéger la santé des salariés en cas de pandémie. En cas ? les assureurs ont fait appel à leurs actuaires et le verdict est tombé : la pandémie est certaine, elle n'est donc plus un risque et ne peut plus être assurée. Le chant du coq a donc déjà retenti.
09:22 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grippe, pandémie, h1n1, ressources humaines, absentéisme, gouvernement
17/08/2009
La chance du taureau
L'été est la bonne période, je parle des journées de travail aoûtiennes, pour se replonger dans la documentation empilée pendant l'année et qui, avant son transfert définitif à la corbeille, doit passer au crible du regard rapide mais curieux du : "On ne sait jamais...". Ainsi l'histoire de cette entreprise toulousaine qui figure dans le rapport annuel de la Halde publié en mai dernier. Ayant constaté que cette entreprise avait recruté 288 personnes en 7 ans dont deux seulement avec un prénom à consonnance magrhébine, la Halde en a déduit qu'il existait une discrimination avérée au regard de la sous-représentation des personnes d'origines maghrébines par rapport à la proportion de celles qui disposent des qualifications requises et qui sont inscrite à l'ANPE. Les intentions de la Halde sont sans doute louables. Son raisonnement beaucoup moins, pour au moins deux raisons. En premier lieu, le législateur n'a jamais voulu imposer une politique de quota basée sur l'origine (laquelle d'ailleurs et définie comment ?), or c'est bien ce à quoi aboutit la décision de la Halde qui vérifie des proportions. En second lieu, la faute pénale doit reposer sur l'intention : le rapprochement de deux chiffres n'a jamais démontré une intention à elle seule. La Halde fait abusivement parler la statistique ramenée à une vérité. Illustrons d'une phrase : statistiquement, le taureau a sa chance.
14:39 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : halde, discrimination, quotas, statistiques, ressources humaines
03/08/2009
Là où brille l'étoile
Eté 1944 : le débarquement vient d'avoir lieu sur les plages de Normandie, avec ses régiments de canadiens. André Breton est au Canada. Réfugié au Etats-Unis, il passe l'été en Gaspésie à la recherche d'agates sur les plages de Percé. Il découvre le rocher et l'ile Bonaventure : "Dans le rêve d’Élisa, cette vieille gitane qui voulait m’embrasser et que je fuyais, mais c’était l’île Bonaventure, un des plus grands sanctuaires d’oiseaux de mer qui soient au monde."
05:20 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré breton, percé, gaspésie, kittie bruneau