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12/06/2014

Tortillas y evaluacion !

J'avais pourtant prévenu les étudiants, mais ils n'y ont pas cru : avant l'examen de fin d'année du Master Développement des Ressources Humaines de la Sorbonne, dirigé par Jean-Emmanuel Ray et dans lequel j'interviens sur la politique de formation, il y aurait dégustation de tortilla, l'omelette à l'espagnole. Des oignons légèrement caramélisés, des pommes de terre pas trop cuites, le tout roulé dans des oeufs battus pour bien imprégner chaque morceau, des herbes et de l'assaisonnement, le tout mis au four pendant une vingtaine de minutes. C'est meilleur chaud, un peu baveux, mais pour l'occasion ce fût dégusté froid. 

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Et après la tortilla, vint l'évaluation. L'occasion de mettre en oeuvre quelques principes : le premier est que l'examen final compte moins que tous les travaux réalisés dans l'année, le second est que l'évaluation porte nécessairement sur des questions qui n'ont jamais été travaillées sous cette forme là, le troisième est que c'est moins la connaissance qui est valorisée, ou même la technicité, que la capacité à s'engager personnellement, à s'approprier la matière et à penser par soi-même et contre soi-même, le quatrième est qu'une réponse non contextualisée est nécessairement non pertinente et le cinquième est qu'un étudiant en ressources humaines ne doit jamais aborder une question à partir de la seule discipline dont elle relève mais d'une manière globale. Voilà, vous avez les consignes. Si vous voulez jouez, ils avaient deux heures. 

POLITIQUE DE FORMATION – MASTER DRH 2014.pdf

Commentaires

Bonjour,

Lorsque vous dites qu'"un étudiant en ressources humaines ne doit jamais aborder une question à partir de la seule discipline dont elle relève mais d'une manière globale" cela vaut aussi (et surtout) pour les juristes que nous sommes.

Le problème est que l'organisation des cursus universitaires (mais peut-on faire autrement ?) fait que l'on est amené très vite à s'orienter vers le droit public ou vers le droit privé et in fine à se spécialiser dans une discipline précise à l'intérieur de ces deux branches, le droit du travail par exemple pour les "privatistes."

Le droit n'est pas aussi "cloisonné" dans la réalité. Ainsi il arrive que le juge judiciaire, la Cour de Cassation par exemple (et qui applique normalement le droit privé)soit amenée à manipuler des notions qui relèvent du droit public et donc normalement du juge administratif. L'affaire Baby loup qui a été très médiatisée (et qui n'est pas terminée) en a d'ailleurs été une excellente illustration...

Mais, sans que l'on s'en rende compte, cela peut induire aussi de véritables "vices" de raisonnement face à une situation de fait qu'il faut tenter de résoudre.

Personnellement, et probablement à cause de ma double formation, je suis relativement à l'aise pour "naviguer" dans les différentes branches du droit et manipuler les notions qui leur sont spécifiques, voire à mettre au jour de véritables divergences de jurisprudence entre la Cour de Cassation ou le Conseil d'Etat face à la même notion, au même texte ou à la même situation.

Il m'arrive d'évoquer une affaire déjà ancienne (années 60) qui illustre bien la nécessité, face à un cas pratique, pour bien montrer qu'il faut savoir quelquefois le problème très en amont.

En l'espèce, il s'agissait d'une représentation de folklore alsacien qui avait été donnée au théâtre antique de Vienne et à l'issue de laquelle l'éclairage rétabli après la dernière pièce venait d'être éteint pour permettre aux acteurs d'exécuter un "bis" à la demande du public.

Malheureusement, à ce moment précis, une spectatrice s'était déjà engagée dans l'escalier menant à la sortie et y avait fait une chute en raison de l'obscurité soudain revenue et s'y était grièvement blessée.

Vous donnez ce "cas pratique" à un privatiste, vous pouvez être certain qu'il va raisonner à partir des seules règles de la responsabilité "civile" (de droit privé donc) sans même se poser la question de savoir, si, dans les circonstances de l'espèce, un défaut d'aménagement de l'ouvrage public (le théâtre) n'était pas en cause et n'appelait pas l'application des règles de la responsabilité des accidents des travaux publics qui relèvent eux du droit public et dont le régime est différent de celui du droit privé.

Or, et bien que l'on puisse raisonnablement hésiter, c'est le régime de droit public qui a été retenu, le Conseil d'Etat qui avait été alors saisi ayant considéré que dans un théâtre bien aménagé, le dispositif d'éclairage devait permettre d'éclairer la scène sans être obligé de couper (comme c'était le cas en l'espèce ) en même temps l'éclairage des gradins et escaliers.

Comme quoi, le cloisonnement universitaire peut quelquefois être dangereux en ce qu'il a un impact direct sur le raisonnement juridique lui-même...

Écrit par : bcallens | 12/06/2014

Ce texte ayant été écrit "à la volée", je rétablis un paragraphe mal rédigé (le 6ème) :

"Il m'arrive d'évoquer une affaire déjà ancienne (années 60) qui me permet de faire prendre conscience de la nécessité , face à une situation de fait, de traiter la question quelquefois très en amont."

Écrit par : bcallens | 12/06/2014

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