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09/03/2013

Economicus rex

Les enterrements sont rarement propices aux débats sereins. L'émotion aidant, la dithyrambe et son corrollaire d'acrimonie en réaction, saturent l'espace des idées. Les récentes disparitions d'Hugo Chavez et de Stéphane Hessel en témoignent. Le besoin de sanctification se confronte au rejet de l'unanimisme, le tout attisé par les medias qui ne trouvent plus guère leur compte que dans l'émotion sans préoccupation de l'objet sur lequel elle se porte (notez ces journalistes télés qui nous annoncent pathétiquement "restez avec nous il va y avoir de l'émotion" aussi bien pour un radio-crochet, que pour un match de football ou un procès d'assises). En ces périodes lacrimales, mieux vaut donc s'abstenir de surenchérir. Sauf lorsque l'on peut lire ceci sous la plume de Luc Rosenweig, paru sur Causeur : "Il n’est quand même pas courant ni banal de voir un pays disposant d’une rente pétrolière phénoménale se trouver à court de devises, en proie à une inflation galopante et produisant un déficit budgétaire annuel de 20% de son PIB.
Le « socialisme bolivarien » n’est rien d’autre qu’une forme de redistribution de la rente pétrolière vers des catégories de la population qui n’en voyaient pas la couleur avant la prise de pouvoir par Chavez en 1999 : ce dernier s’est constitué une clientèle électorale à coups de subventions aux produits de consommation courante, d’un gonflement inouï de la fonction publique, et de constructions de logements à bas prix dans des régions jusque là délaissées par le pouvoir central. Tout cela est fort sympathique, montre un réel souci des petites gens, mais transforme toute une partie de la population en une immense armée d’assistés."

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Dans un bidonville au Brésil

En 2013, il paraît donc tout à fait normal à un journaliste économique de mettre en parallèle d'une part le taux d'inflation, le PIB et la dette, et de l'autre côté l'amélioration concrète et immédiate des conditions de vie, de logement, de santé et d'éducation de la plus grande partie de la population. On notera que les pauvres sont réduits à "une clientèle électorale", sur le modèle occidental, et que changer la vie quotidienne de milliers de personnes "est bien sympathique". Et tout ceci proféré sur le ton de l'évidence. Je me suis toujours spontanément méfié, c'est un euphémisme, de ceux qui étaient capables d'employer sans y voir malice l'expression "petites gens". Luc Rosenweig est sans doute un adepte du principe selon lequel il vaut mieux apprendre aux gens à pêcher que leur fournir du poisson. Hugo Chavez savait sans doute d'expérience qu'avant que tout le monde ne sache pêcher, il vaut mieux continuer à fournir du poisson.

02/03/2013

Ce n'est jamais l'hiver partout

Tout autour, peu étaient épargnés. Messages d'annulation de rendez-vous, voix cassées qui vous renseignent davantage que les explications qu'elles donnent sur la maladie, épidémies particulièrement féroces cette année, pour accompagner ces vagues de froid et de neige qui jouent à l'éternel retour et rendent l'hiver sans fin. Tel est souvent le lot du mois de février. Cette période où la grisaille est étendue de tout son long et vous écrase comme à plaisir sans qu'aucun signe de quelconques beaux jours ne vous parviennent de la nature. Jeudi, le parc de Sceaux que, l'occasion faisant le larron, je traversais pour saluer les beaux platanes, n'offrait pas grand chose sinon son humidité pénétrante, pour répondre à ce salut. En  ces temps hostiles, deux solutions, deux excès. La débauche, d'activité, de sorties, de repas, d'amis, ou le retrait, l'hibernation, la mise au ralenti, l'assoupissement avant le grand réveil. Plutôt porté sur la première, je me trouvai chanceux de passer au travers des virus et microbes. Lorsqu'à l'occasion d'un ultime excès, le corps me rappela que s'il était humain de vouloir vivre trois vies en une, le corps lui était seul à faire face. Et je me retrouvai au fond du lit, le corps tremblant à la simple vue du gris par la fenêtre. Heureusement, il y a les amis.

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Aux confins de l'Argentine, du Paraguay et du Brésil, vers Iguazu, le soleil est haut, le ciel clair, les nuages et les arbres seules sources d'un répit dans la chaleur humide. Alors ces photos et quelques mots, ces Papeles d'Argentina qui sont la partie émergée de l'immersion profonde d'Alain Garrigue en terre d'Argentine, c'est mieux que les remèdes. Cela vous plonge dans un autre temps, un autre rythme, permet de retrouver celui du corps, et quand on est d'accord avec son corps, cela va tout de suite mieux. Pour ceux qui souhaiteraient profiter du remède, c'est ici.

13/09/2012

Créativité juridique

Pour les adultes, comme pour  les jeunes élèves, lorsque l'on fait un travail technique, parfois ingrat, le meilleur moyen de le valider est de le faire fonctionner à la fois sur les sujets qui s'y rapportent, mais également sur d'autres, sans rapport apparent, pris au fil de l'actualité. Et dans le fil en ce moment il y a le mariage, ou plutôt l'union civile à trois qui a été reconnue au Brésil. Pour travailler sur le fait qu'il n'y a pas de vide juridique et que le droit a eu une réponse pour chaque situation, c'est un bon point de départ. Car il se trouve, ce n'est pas grave bien évidemment, que les journalistes ne lisent pas ce blog. Où alors ils se contentent de regarder les photos. Du coup on peut entendre et lire que cette union a été possible grâce à un vide juridique : la loi ne précisant pas que le mariage est réservé à deux personnes, il est donc possible pour trois. Un quatuor aurait d'ailleurs déjà saisi la notaire qui a enregistré la première union.

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Nouvelles unions, nouveaux bébés ?

En réalité, la Constitution brésilienne reconnaît comme famille "une union stable entre un homme et une femme". Avec une définition semblable, la Cour de cassation en France a estimé que le mariage était réservé aux couples hétérosexuels, respectant la lettre du texte. L'esprit du carnaval a du souffler sur la Cour suprême brésilienne car les magistrats cariocas ont estimé eux que cette définition de la famille avait valeur d'exemple mais n'était pas exhaustive. Ce n'est donc pas un vide juridique, dont on répète qu'il n'existe pas (voir ici ou ) qui a permis l'union du trio mais la créativité des juges. Car voilà la seconde démonstration que nous fournit cet exemple : à partir des mêmes textes, les juges français et brésiliens ont pu prendre des décisions totalement opposées. Preuve, s'il en fallait, que le juge peut décider ce qu'il veut et construire le raisonnement adéquat ensuite. Apparemment les managers ont apprécié, à l'exception du juriste de l'entreprise qui se montra plus réservé. Un petit tour au Brésil peut être ?