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27/01/2015

Donner le goût du risque

C’est une annonce pour une émission de Pascale Clark, sur France Inter, avec Vincent Lindon. Nuits blanches. Il y a eu une première, et manifestement, s’annonce la seconde. Pour le teasing, a été enregistré un petit dialogue qui fait sourire :

« C’était bien la première nuit, non ?

-      -  très bien, mieux que je ne pensai…

-      -  mais tu sais que c’est plus difficile la seconde fois…

-       - quand il n’y a plus la surprise de la première ?

-       - et qu’il ne faut pas perdre le charme… »

On se dit qu’on pourrait peut être écouter, que cette complice canaillerie semble bien partie et fait envie. Et puis soudain ceci :

« - Qu’est-ce qu’on risquait la première fois ?

-       - rien !

-       - Et cette fois-ci ?

-       - Rien !

-       - Alors on y va ? ».

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Et bien non, on y va pas. On a plus envie d’aller voir l’absence de risque, la sécurité ronronnante et le confort du pas d’enjeu. Je ne sais pas qui l’on espérait tenter avec cette occultation du risque ni le message qui était caché dedans, si bien caché d’ailleurs qu’il m’a échappé, mais le résultat est l’inverse de celui recherché.  Car franchement, sous couvert d’invitation, avec le slogan Allons y puisqu’on risque rien, on met en branle une machine à inhiber, à avoir peur de l’échec et à ne plus  jamais oser. Tant pis pour Pascale et Vincent, cette nuit-là ce sera sans nous.

26/08/2013

Etre de savoir

Marronnier de l’été, le thème de la connexion maintenue pendant les vacances fait le tour des journaux et télés. Chronique d’une psychanalyste, il faut au moins ça, sur une radio expliquant que l’incapacité à rompre totalement avec son job tenait à la fois à des facteurs psychologiques, la peur du vide, du face à face avec soi-même et avec ses désirs, et à des facteurs sociaux, la pression au travail et la crise. Soit la peur et l’angoisse, les deux mamelles du psychologue. Rien sur le rapport à la technologie, la rupture des  frontières traditionnelles dans la vie postmoderne et encore moins sur le plaisir, puisque pour certains c’est au travail que cela se passe. Mais passons. Ce qui retenait l’attention, c’est que la chronique s’appelait « savoir-être ». Il faut déjà subir le jargon pseudo-pédagogique dans le milieu, si en plus il se banalise…

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Savoir être deux

Savoir être n’est finalement que la reprise d’une vieille formule, lorsqu’il s’agissait « d’apprendre à vivre », avec les mêmes présupposés du savoir qui précède l’être et du comportement qu’il importe de normer. Pas besoin d’y réfléchir très longtemps pour juger de la prétention de celui qui voudrait  apprendre à être à autrui. Il est vrai qu’il est plus facile de tenter de manager les savoir être que les êtres de savoir que nous sommes.  Quant à admettre que la plupart des savoirs sont inconscients et incorporés, autant vouloir nier deux siècles de scientisme. Et voilà pourquoi, hélas, on en a certainement pas fini avec la tarte à la crème frelatée du savoir être.

08/08/2011

L'unilatéral, c'est bon pour les saumons

Sans doute un temps que les moins de vingt ne peuvent pas connaître, et c'est heureux. Le temps de l'unilatéral. Celui du maître qui parle et que l'on écoute. Celui du professeur qui enseigne et que l'on écoute. Celui de la radio qui pénètre dans les foyers pour délivrer une parole extérieure et qui, avec elle, introduit le silence dans les maisons, pour écouter. La radio, et plus encore avec la télévision, c'est la limitation de la parole du groupe familial, donc interne, au profit de la parole externe. Une information, certes, mais aussi une double désappropriation : la perte du rôle d'acteur pour celui de spectateur et la perte de la maîtrise du discours.

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Hokusai - Saumon et souris

Le temps de l'unilatéral a duré longtemps. Trop longtemps. Il a correspondu au temps de celui qui commande et de celui qui obéit. De l'ordre descendant et de la légitimité institutionnelle. Et puis vint internet. Premier media généralisé à ne pas reposer sur l'unilatéral mais tout au contraire sur l'implication, la participation, le libre choix, la libre navigation, l'horizontalité, la pluralité. Le premier media qui inverse la pyramide : c'est d'en bas que ça part et que ça se diffuse. Cette culture bouscule l'unilatéral. Elle n'est pas, encore, celle de nos élites. Il faudrait que cela vienne vite car si l'unilatéral est parfait pour les saumons, entre humains cela fait des ravages.