09/01/2013
Gardarem la lingua
C'est vrai que l'affaire remonte loin. De l'ordonnance de Villers-Cotterets, en 1593, qui reste le plus vieux texte juridique en vigueur, à la loi Toubon de 1994, nos législateurs n'ont eu de cesse que d'affirmer la primauté, pour ne pas dire l'exclusivité, de la langue française. Ce centralisme s'est d'abord exercé au détriment des langues régionales et autres dialectes qui font la richesse des terroirs, avant de constituer un rempart contre la mondialisation et l'anglophonisation. Comme on le voit, le danger vient de partout et la langue française doit manifestement se garder de tous côtés.
La Cour de cassation a pourtant ouvert une brèche au mois de juin dernier, en indiquant que pour des raisons de sécurité, il était légitime d'exiger qu'un pilote d'Air France sache lire une documentation en anglais sans pouvoir en exiger une traduction (Cass. Soc. 27 juin 2012). La Cour d'appel de Grenoble, dans un arrêt du 5 décembre 2012, fait fi de toute contrainte : pas question pour Danone d'installer un logiciel en anglais dans une de ses sociétés qui, ayant son siège et ses établissements en France doit nécessairement utiliser des outils en langue française (CA Grenoble, 5 décembre 2012). Impossible donc pour les calandrettes occitanes d'utiliser la langue qu'elles enseignent pour la gestion de leurs salariés. Ceux qui pensent ainsi contribuer à la défense de la langue française par l'érection de digues toujours plus hautes, ne font que conforter la traditionnelle faiblesse des français pour les langues étrangères, au rang desquelles ont peut désormais classer les langues régionales. Cela s'appelle se tromper de combat et persévérer dans l'erreur.
23:57 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vilers cotterets, toubon, langue française, littérature, occitanie, droit, travail, jurisprudence, français, mondialisation, régionalisme
12/10/2009
Changement pour tous
L'ouvrage d'Eric Maurin cité dans la chronique de vendredi fait décidément recette. Il est vrai qu'il dénonce la France des statuts et de la réforme rendue impossible par ceux qui cherchent à défendre ce qu'ils ont. Et que son propos vise principalement les classes moyennes, et parmi elles principalement celles du secteur public. Certes Eric Maurin échappe aux démagogies de type De Closet et son "Toujours plus" et livre un propos plus mesuré et surtout plus scientifiquement argumenté. Mais il conclut : "Je n'ai pas de solution miracle. Mais il me semble qu'une société où ce qui s'acquiert et ce qui se perd seraient moins irréversibles, moins définitifs, pourrait constituer un progrès.". La petite musique des sempiternels acquis qu'il faudrait cesser de défendre est en marche.
00:54 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la poste, changement, mondialisation, parachute doré, cumul des mandats, statut, eric maurin, déclassement
03/12/2008
Nord-Sud
La mondialisation s’est imposée comme une figure du XXIème siècle. Ce n’est pourtant pas une nouveauté. Il faudrait se souvenir de la mondialisation originelle, la migration des premiers hominidés de l’Afrique vers l’Europe, de la mondialisation de la colonisation, des conquêtes d’Alexandre le Grand ou des voyages des grands explorateurs, sans parler des croisades, de la présence des maures en Espagne, du passage des premiers hommes par le détroit de Beiring ou encore des révolutions technologiques (l’avion pour le courrier, le télégraphe avant l’internet, les ondes radiophoniques qui relient les hommes). La mondialisation n’est vraiment pas une découverte ni une nouveauté. Sur le territoire européen, les mouvements ont été permanents : indo-européens venus de l’Est, barbares venus du nord-est, vikings venus du nord, romains venus du Sud, maures venus du Sud, espagnols établis dans les flandres, …le brassage de population a été constant. Quel sens dès lors donner à l’identité culturelle ? pourquoi persister à entretenir la mythologie Barresienne de la terre ?
Plutôt se souvenir que parmi les diverses origines prêtées au Flamenco, il en est une qui voit dans le terme un lien avec les Flandres, les gitans étant des germaniques nommés les « Flamencos ». Alors que fleurissent les formations interculturelles qui ne visent souvent qu’à renforcer les stéréotypes nationaux (comment négocier avec un chinois, comment travailler avec un allemand, comment communiquer avec un japonais, …), peut être pourrait-on plutôt que de rechercher ce qui divise et singularise, avoir un regard historique plus ample et tenter d’identifier ce que les mouvements permanents de population ont établi de commun entre les hommes. Cette chronique est celle d’un Européen de France du Sud d’origine nordique.
07:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nord-sud, mondialisation, interculturel, formation, flamenco, gitans, migrations