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18/01/2015

Y a pas que la formation

Le Compte personnel de formation pourrait bien occulter l'un des objectifs de la réforme de la formation, et non des moindres. Annoncé dans le courrier que Sapin avait envoyé aux partenaires sociaux, il consiste à profiter de la défiscalisation pour ouvrir le champ des moyens  du développement des compétences et ne pas s'en tenir à la formation comme horizon ultime de la professionnalisation. Si le CPF renforce la notion de besoin de formation, la défiscalisation du plan lui substitue le concept de besoin de compétences ou de professionnalisme. Alors que pendant 40 ans la règlementation fiscale a porté à bout de bras les budgets de formation, plans de formation, besoins de formation et services formation, soit une logique d'action centrée sur le produit, la réforme met l'accent sur le besoin de compétences et la diversité des moyens de professionnalisation.


Encore faut-il vaincre la force de l'habitude. Très peu de négociations ont, à ce jour, saisi cet espace ouvert sur la diversité des moyens de développement des compétences. Aussi faut-il saluer le projet d'accord, en cours de négociation, dans le secteur sanitaire, social et médico-social privé à but non lucratif, dans lequel les partenaires sociaux listent différents moyens de professionnalisation qui pourront désormais être financés par l'OPCA : l'analyse de pratiques, la supervision, les rencontres professionnelles, les actions intégrées au travail, les actions de développement professionnel, les formations internes, etc. En soulignant qu'il n'y a pas que la formation, un tel accord invite à ne pas focaliser excessivement sur le moyen pour s'intéresser surtout au résultat. La question n'est évidemment pas de savoir si le volume de formation augmente ou non, mais plutôt si chacun a la possibilité, quels que soient les moyens utilisés, de se développer professionnellement. 

27/10/2011

Fin d'une époque

Les charbonnages ont été le premier secteur à en faire  un outil massif de traitement des problèmes d'emploi. Les houillères ont certes mobilisé les programmes de gestion des compétences et de reconversion, mais ce sont les préretraites qui ont rencontré le plus de succès. La sidérurgie a suivi, puis le textile, l'automobile et quelques autres industries avec. Il est vrai que la formule rencontrait peu d'opposants : les pouvoirs publics achetaient la paix sociale à crédit, les entreprises géraient à l'aide de fonds publics leur pyramide des âges et rajoutaient quelques pages au feuilleton des profits privés et pertes publiques, les organisations syndicales limitaient la casse et les salariés, souvent cassés, acceptaient les départs, parfois avec soulagement, d'autres avec une tristesse infinie car ils auraient bien travaillé encore.


Bernard Lavilliers - Les mains d'or

Tous ceux qui sont partis dans les dispositifs de préretraite ne se soucieront sans doute pas de la date du 10 octobre 2011. C'est pourtant officiellement ce jour-là que le Ministère du Travail a publié l'instruction qui met fin aux préretraites financées par l'Etat. Ce n'est pas exactement la fin des préretraites, les entreprises peuvent toujours calculer s'il n'est pas plus intéressant de payer en interdisant le travail que de payer le travail, mais elles le feront sans deniers publics. Fin des politiques publiques de départs anticipés qui auront largement contribué à accréditer l'idée qu'il y a un âge pour le travail et un autre pour ne plus travailler, et que ce  n'est pas l'âge de la retraite. Fin d'une époque de plus de trente ans qui, comme toute les fins, annonce sans doute un début. Mais de quoi ?

07/03/2011

Boxer la vie

Premier dimanche de mars. Fête des grands-mères, heure du thé, soleil doux, promenade bucolique. Un peu de monde devant l'Olympia. Pas terrible la moyenne d'âge, ça me rajeunit (un peu). Le concert lui, rajeunit tout le monde. Bernard Lavilliers, 65 ans aux fraises, fait un tabac. Musiciens formule 1, musiques tropicales, et d'heureux mélanges :métissage des musiques, des langues, des musiciens, des instruments, des influences. Pour ceux qui persistent à paranoïser sur l'identité, voici un exemple de vie métissée puissamment vivante. Pendant deux heures, démonstration que la chanson ouvrière n'est pas réservée à Ferrat et qu'elle peut être rock, que l'idéologie nous manque et qu'elle vaut mieux qu'un faux bon sens grossier, que l'on peut être sur le devant de la scène et partager, que l'on est heureux lorsque l'on a pas peur et que l'on s'engage.

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Et puis cette impression qui s'impose au fil du concert : assez rapidement en fait et qui ne fait que se conforter. La démarche sur scène, la manière de se balancer, les influences brésiliennes et africaines, la référence à Baden Powell (le guitariste brésilien, pas le scout), la manière de chanter Pigalle la blanche en blanc et noir comme Nougaro chantait Amstrong, et puis surtout, la boxe. Le corps un peu courbé du boxeur, le poing toujours prêt, à parer ou à donner, le regard aux aguets, à l'affut, chez ces deux là, l'oeil écoute, le corps écoute.

Plutôt que de s'indigner avec Stéphane Hessel, on conseillera d'écouter Lavilliers et d'avoir l'attitude du boxeur. Boxe, boxe la vie, boxe, boxe c'est lundi et boxe les autres jours aussi.