06/05/2015
La nature a horreur du vide, elle n'est pas la seule
En complément de la petite séance de "remotivation" du lundi matin, Rebsamen a fait parvenir aux OPCA un courrier leur indiquant la conduite à tenir en matière de CPF : traiter les demandes dans les meilleurs délais, accepter les dossiers d'où qu'ils viennent (organismes de formation, individus), assumer un financement sans attendre la collecte 2016 conformément aux règles comptables applicable aux OPCA, définir des taux de prise en charge et les rendre publics, favoriser la modularisation, commencer à financer des actions de lutte contre l'illettrisme, etc. En somme, tout ce qui peut permettre de faire fonctionner un dispositif en utilisant les souplesses du cadre règlementaire plutôt que d'en faire une interprétation restrictive qui sert de prétexte à l'inertie. Il paraît que quelques représentants paritaires ont été agacés par ce courrier un tantinet directif. C'est possible mais ils devraient se souvenir que la nature à horreur du vide.
Les paritaires s'étaient déjà émus que l'Etat leur indique ce qu'ils avaient à faire en 2009, ou qu'on les soumette à 140 indicateurs de performance dans le cadre des COM depuis 2012. La logique est pourtant toujours la même : dès lors que le système paritaire n'agit pas, ou le fait à un rythme qui est en décalage complet avec les besoins des utilisateurs (entreprises, salariés), il ne faut pas s'étonner que d'autres agissent à sa place. Puisqu'aucun OPCA ne s'est soumis, pendant 40 ans, à une auto-évaluation et n'a défini les critères de sa performance, il ne faut pas s'étonner que l'Etat ait pris le relais en imposant ses propres critères, peu pertinents. Mais il ne sert à rien de critiquer ce manque de pertinence si l'on est pas en capacité de mettre en place soi-même les bons indicateurs d'évaluation de son action. Comme il ne sert à rien de critiquer un courrier qui n'aurait jamais existé si chacun avait tenu son rôle. A ne pas tirer les leçons de ces expériences, l'assurance formation prend tout droit le chemin de l'assurance maladie ou de l'assurance chômage, à savoir celui d'un paritarisme administré, autrement dit d'une étatisation progressive d'un régime social. Après cela, le paritarisme aura vécu.
00:35 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : paritarisme, sécurité sociale, assurance, formation, opca, etat, économie, politique, démocratie, social, rebsamen, travail
Commentaires
On semble découvrir tous les mois en "hauts lieux" que la formation est un dossier piégé, aux implications multiples. Dès lors le "grand coup de pied dans la fourmilière" n'a eu comme effet que de casser le système (imparfait) en lui substituant des phantasmes et grands sentiments éducatifs parfaitement inefficients.
Au lieu de penser privé et public en terme de complémentarité (y compris en mettant le million d'enseignants à contribution pour les personnes non qualifiées) on a voulu ranimer la guéguerre scolaire via la formation professionnelle.
Les 58 000 organismes de formation en France, les 150 000 formateurs ont un rôle capital à jouer pour les prochaines années et penser que la destruction de 90 % des OF en France permettra de gagner en qualité et en efficacité est une terrible erreur.
Si autant d'OF existent en France c'est d'une part parce qu'ils n'ont pas pu grandir du fait de financement captés en grande partie par le secteur public (jamais mis à contribution dans la réforme) mais aussi parce que les pouvoirs publics ont exigé que chaque formateur indépendant se déclare comme organisme de formation. Si la déclaration en tant qu'OF démarrait à 1 million de CA les choses seraient plus simples pour tout le monde et on pourrait comparer ce qui est comparable (l'Allemagne et ses 8000 OF et la France et ses OF).
Écrit par : cozin | 08/05/2015
Bonjour,
Dans les 58000 "organismes de formation", il y a beaucoup, en réalité de personnes physiques...J'ai toujours trouvé rigolo le fait, pour un seul individu, d'être affublé de l'expression d"organisme de formation"...
Cela étant, puisque l'on est obnubilé par la "qualité", mieux vaudrait aider les artisans plutôt que les grandes structures qui ne font en réalité que du marketing et de l'organisation en faisant de toute façon appel aux premiers comme sous-traitants...
Qui "fait" la qualité dans un tel contexte ? La structure en tant que telle ou le formateur ? Labelliser la structure n'a guère de sens dès lors que la qualité dépend du formateur .
Une société de formation n'a aucune compétence en tant que telle. et ne saurait pas en avoir puisque ce n'est pas sa finalité.
Elle n fait qu'élabore une offre sur base d'un "programme",en fait la publicité et organise matériellement la formation.
Ce qui fait la qualité de la formation, ce sont les compétences du formateur. Toute la responsabilité repose sur lui en réalité, et si quelqu'un doit être contrôlé c'est d'abord lui et personne d'autre. Lui seul peut être le garant de la qualité.
Le problème, c'est l'isolement.
De toute façon, le CPF ne fonctionnera pas, ni pour les petits ni pour les gros.
Déjà que les demandes n'affluaient pas à l'époque du DIF, alors même que le salarié bénéficiait au moins d'une certaine liberté de proposition et d'une procédure simple (on ne pouvait faire plus simple d'ailleurs), je vois mal pourquoi cela fonctionnerait maintenant qu' il se retrouve face à des listes qui, pour le moment sont indigentes et qui ne peuvent devenir qu'indigestes si par impossible, cela ressemblerait à un bottin téléphonique. Et si, en plus, ils devront se soumettre à des "interros" ou passer des examens.Ne pas oublier que pour bénéficier du CPF, il faut le demander...
Écrit par : bcallens | 08/05/2015
Bonjour;
Il faut surtout faire sauter les 3 premiers "verrous"...(Le 4ème ce sera plus compliqué).
Quant au "compte personnel d’activité", le gouvernement ferait mieux d'oublier car c'est une très mauvaise idée.
Ce compte aurait pour objet d’agréger, sous un même intitulé, divers « comptes » dont l’actuel compte personnel de formation.
.
Or, si ce dernier est « noyé » au milieu d’autres comptes, les salariés finiront par oublier l’existence de leurs droits à la formation. Cela risque d’être un frein supplémentaire.
Il est impératif que le CPF garde sa spécificité.
Écrit par : bcallens | 11/05/2015
l'idée du CPA est très mauvaise mais il fallait bien donner des gages à Martine avant le prochain congrès du PS.
Écrit par : cozin | 11/05/2015
En formation le vide se confirme jour après jour dans la plupart des grandes entreprises (ne parlons pas des petites qui ne savent même pas que ça existe) :
- effort formation limité ou même fortement réduit
- concentration sur le seul plan de formation
- renvoi des demandes autres vers l'OPCA (qui ne répond pas)
- abandon des dispositifs comme l'entretien professionnel (payer une amende en 2020 personne n'y croit)
Au final c'est bien une formidable régression de la formation qui se met en place en France, en 2016 le gouvernement ne pourra pas rejeter la faute sur les autres. Il aura cassé un système imparfait pour le remplacer par rien du tout.
Nous aurons donc (si rien n'est fait cet été) :
- une croissance sans emploi (personne n'a plus envie d'embaucher aujourd'hui)
- des emplois sans formation hors plan de formation
- des travailleurs non qualifiés, des jeunes et des chômeurs qui ne retrouveront plus d'avenir économique/
tout cela parce qu'en "haut" lieu on a voulu faire les malins en se prétendant plus forts que les équipes précédentes.
Écrit par : cozin | 13/05/2015
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