11/06/2013
De la motivation
Il paraît que la première campagne a été un succès. Alors c'est reparti. Et sur les murs du métro refleurissent ces affiches judéo-chrétiennes qui érigent la pédagogie de la culpabilisation en parangon de la motivation inconsciente. Et reprennent au final cette antienne que partagent nos gouvernants et pas mal de managers : la motivation négative, il n'y a que cela de vrai. Ainsi, on promet à cette grenouille sautant les portillons la sanction qui menace au bout du quai.
C'est oublier un peu vite que dans la France d'Astérix et des petits malins "on a le droit de ne pas respecter les règles, mais pas de se faire prendre". Mais l'imagination ne paraît pas être le fort des concepteurs de la campagne, qui rassurera sans doute les opposants au mariage pour tous. Représenter les hommes en cochons et les femmes en poules témoigne en effet que ceux qui craignent la théorie du genre peuvent dormir tranquilles, alors que le sommeil des tenants de l'égalité professionnelle s'en trouvera perturbé.
Mais le pire, c'est sans doute l'image des perruches roucouleuse qui, par la faute d'un instant d'amour dans ce monde de brutes, empêchent les quidams de courir vainement après le temps perdu. Mais cessez donc de vous aimer, que diable, vous encombrez le passage.
Qu'on se le dise, le passager du métro doit pouvoir courir sans entrave et refouler dans la foulée tout regard sur la foule, où il ne verrait que poules. On voudrait nous expliquer que dans le métro il vaut mieux ne pas traîner et qu'en ces lieux il ne fait pas bon vivre, on ne s'y prendrait pas autrement. Il faudra peut être, soyons fous, attendre la troisième campagne pour que l'on nous explique qu'il est doux de prendre le métro, ce lieu de rencontres improbables où l'amour vous guette au coin des voies. Pour une entreprise de transports en commun, ce serait bien le moins.
00:05 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : motivation, ratp, publicité, affiches, photo, métro
30/09/2011
Salariés à trois clics
Séance de réflexion dans un organisme de formation sur l'évolution des produits de formation. Comme toujours, quelques contributeurs confondent un peu réflexion et se regarder dans le miroir de son discours, mais globalement les apports ne manquent pas d'intérêt. Et voici le féru de technologies, qui est forcément toujours un peu en avance sur les autres, qui vient nous indiquer ce que sera l'avenir : "La connaissance est aujourd'hui à disposition, tout doit se passer en temps réel, il est normal de réduire les temps de formation, les salariés veulent avoir les réponses à leurs questions en trois clics...".
La réunion comportant quelques participants qui ont fait leurs humanités, la réponse ne tarde pas :"Si vous formez les salariés en trois clics, ne vous étonnez pas ensuite d'avoir des salariés à trois clics".
Entre les éblouis de la technologie et les mal à l'aise avec l'humain, ce qui fait quand même beaucoup de monde, il n'est pas certain que la tentation du salarié à trois clics soit résistible. Mécaniser l'individu permet à tous les anxieux de la relation d'éviter de constater régulièrement que les meilleurs recettes de management ne sont jamais tout terrain. Pour ce faire, les moyens de mécanisation ne manquent pas : la technologie y contribue grandement, les process qualités, l'hypernormalisation...la prescription comportementale fait rage. Il n'est que de monter dans un bus pour en être ébahi : compostez, laissez votre place, avancez vers le fond, surveillez vos portables, ne parlez pas trop fort, rangez vos poussettes, souriez vous êtes filmés...dix injonctions vous assaillent avant que vous ne soyez assis. A quand le quizz en sortant pour savoir si l'on a bien intégré les dix prescriptions ? et c'est sur ce modèle là que l'on voit s'organiser des formations prescriptive dont l'évaluation n'est jamais que la vérification de l'intériorisation de la commande. Vous avez-dit salariés à trois clics ? c'est peut être encore un de trop.
NB : Petit complément puisqu'il est question, à nouveau, de licenciements boursiers. A ceux qui voudraient les interdire et à ceux qui hésitent, ainsi qu'à tous les autres, on rappellera juste que ces licenciements sont DEJA illicites : c'est ici.
10:44 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : informatique, technologie, formation, éducation, ratp, ressources humaines, management, licenciements boursiers, licenciement