07/02/2013
Work in progress
J'aime les travaux en cours (comme toute personne qui est toujours en retard me direz-vous, syndrôme de la procrastination) et du coup j'aime les études, esquisses, dessins préparatoires, manuscrits gribouillés, bouts de feuillets noircis à la va vite, petits carnets de notes, cahiers de croquis, bref tout le fatras dans lequel apparaît toute la vie que l'on verra ensuite ordonnée dans l'oeuvre, du moins lorsque le peintre a du talent. Tel est le cas, par exemple, de Gustave Moreau ou d'Ingres, dont les dessins préparatoires fascinent tout autant que les toiles.
Gustave Moreau - Etude pour Salomé
JD Ingres - Etude pour le Bain Turc
Dans les six mois qui viennent, va s'élaborer le Compte Personnel de Formation, qui sera au DIF ce que le papillon est à la chenille. Lorsque je présente l'ANI du 11 janvier 2013 et les principes qui régiront le Compte, j'ai souvent des réactions de protestation : mais alors on ne sait pas comment ça va marcher, rien n'est calé, c'est incroyable de signer des textes sans savoir où l'on va. Ingres et Moreau savaient-ils où ils allaient lorsqu'ils travaillaient leurs dessins ? ou bien les choses se sont-elles mises en place petit à petit, ou par à coup, ou par rupture ? qui sait ? On dit parfois que le voyage compte plus que la destination. Dans l'élaboration des droits nouveaux, il ne faut pas oublier la beauté de la construction et considérer qu'elle conditionne souvent la beauté du résultat.
20:06 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, compte, ani, droit, social, marché du travail, ingres, moreau, dessin, économie, art
22/01/2013
De la répétition
Il y a bien sur le comique de répétition, celui qui au début vous laisse froid, puis finit par vous arracher un sourire avant de vous entraîner dans un rire échevelé...ou nerveux. Il y a aussi les bonheurs renouvelés, aux délicieux plaisirs attendus. Et les motifs répétés, comme ceux de Claude Viallat, qui ouvrent parfois des portes nouvelles ou créent des lumières insensées lorsqu'il s'agit des vitraux de l'Eglise Notre-Dame-des-Sablons ou de la Cathédrale de Nevers.
Mais il y a des répétitions moins plaisantes, plus lourdes, et pour tout dire assez indigestes. Les constats dressés par la Cour des comptes dans son dernier rapport sur le marché du travail relèvent de ces catégories. Pour la 10 000ème fois, il faut un rapport pour nous expliquer que les salariés sont plus formés que les demandeurs d'emploi, comme les cadres sont plus formés que les ouvriers, les salariés des grandes entreprises davantage que ceux des petites et, ô surprise, que les salariés se forment moins lorsqu'ils approchent de la retraite. Conclusion du rapport : il faut mieux orienter les financements (sans nous dire lesquels), déshabiller Paul pour habiller Jacques et tout ira pour le mieux. Et à aucun moment les auteurs, du haut de leur suffisant savoir ou statut, on ne sait plus, ne s'interrogent sur leurs propres constats ni sur les causes de ce qu'ils observent. Et jamais non plus on ne questionne le grand absent : le travail. Jamais on ne fait le constat que c'est le travail occupé qui détruit le besoin de compétence et créé l'absence de formation, jamais on ne constate que le travail, lorsqu'il est formateur, est un meilleur outil d'insertion et de qualification que la formation, jamais on ne fait le moindre lien entre l'offre de travail et le contenu du travail et les politiques de l'emploi. Aucune référence aux pratiques de l'insertion par l'activité économique pour insérer, aucun rappel que ce n'est pas la formation qui créé le travail, aucune idée que dans une TPE c'est par le travail et non par la formation que l'on développe ses capacités. Non, sempiternellement les mêmes graphiques creux qui sont censés justifier des analyses qui ne le sont pas moins.
On ne peut que conseiller à tous ces conseillers d'aller faire un tour vers Aigues-Mortes, de jeter un coup d'oeil sur les vitraux de Viallat. Peut être cela leur permettra-t-il de sortir des sentiers battus et rebattus. Mais c'est vraiment pas gagné.
23:15 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cour des comptes, marché du travail, emploi, formation, tpe, eglise, vitraux, répétition