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24/07/2013

Des avancées à reculons

La loi sur l'enseignement supérieur et la recherche a été publiée au journal officiel le 23 juillet. Elle comporte notamment une nouvelle règlementation des stages étudiants, bien nécessaire suite à la quasi-légalisation des stages bidons par la loi du 24 novembre 2009 et surtout le décret du 25 août 2010. Mais le législateur en a profité pour revoir la définition du stage et là, les avancées nous ramènent assez loin en arrière. Selon l'article 25 de la loi, le stage est défini comme : "une période temporaire de mise en situation en milieu professionnel au cours de laquelle l’étudiant acquiert des compétences professionnelles qui mettent en œuvre les acquis de sa formation en vue de l’obtention d’un diplôme ou d’une certification."

Il faudrait rappeler aux rédacteurs qui en seraient sans doute surpris, l'adage selon lequel si tout ce s'enseigne peut s'apprendre, tout ce qui peut s'apprendre ne peut s'enseigner. Frédérich Schroder-Sonnenstern n'a jamais appris, mais il peint et ses peintures nous enseignent.

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Le texte nouveau nous replonge dans la définition du stage à l'ancienne : dans l'entreprise on met en oeuvre ce que l'on a acquis en formation, pour transformer des connaissances générales en compétences professionnelles. Comme s'il ne s'était rien passé depuis 20 ans, comme si la VAE et sa reconnaissance du travail en tant que mode autonome d'acquisition de compétences n'existait pas, comme si Sapin ne venait pas de demander à ce que l'on prenne mieux en compte les processus de formation informels, comme si l'Education restait le lieu où l'on construit les compétences et le travail celui où on les met en oeuvre. Manifestement, l'idée que le travail puisse constituer un mode spécifique d'acquisition de connaissances, compétences (pas que professionnelles : c'est également une expérience de vie) et capacités n'a pas véritablement essaimé. Avec de telles conceptions, dormez tranquille dirigeants d'entreprise. Ce n'est pas demain que l'on va vous reconnaître comme un véritable lieu d'apprentissage (c'est pourtant dans les contrats d'apprentissage que le temps passé en entreprise est clairement identifié comme un temps de formation). Par contre, c'est demain que vous pourrez inscire votre ou vos enfants dans une école alternative plutôt que dans le système public d'enseignement. Une école dans laquelle on lui apprendra que l'on apprend partout et de tout, y compris au travail,  et que l'apprentissage est certes un dispositif pédagogique mais aussi un état d'esprit et de disponobilité du participant, sans lesquels rien n'est possible.

11/03/2012

Aller chercher ailleurs l'imagination

Marcel Storr vécut au 20ème siècle. Enfant abandonné, maltraité au point d'en être rendu presque sourd, souffrant de troubles psychiatriques, il a bâti des cathédrales. Sur le papier. Illettré, s'exprimant peu, travaillant comme cantonnier à la ville de Paris, affecté au Bois de Boulogne, Marcel Storr a dessiné et peint avec minutie des architectures flamboyantes mises au point avec une rare minutie et une technique toute personnelle que Storr appliqua méthodiquement à chacune de ses peintures. Qui eût croisé Marcel Storr n'aurait pu imaginer ce qu'était son imaginaire.

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Marcel Storr - Sans titre

Il y a bien longtemps que l'on sait que l'imagination n'est pas au pouvoir. Il serait temps que le pouvoir lui même en prenne acte et s'emploie davantage à créer les conditions pour que l'imagination de  chacun puisse s'exprimer plutôt que de s'échiner à rejouer, sous différentes formes, le recours à l'homme providentiel.

Dans le champ de la formation professionnelle, les propositions les plus sérieuses et qui mériteront d'être approfondies lorsque les feux de la campagne présidentielle seront éteints, n'auront sans doute pas été formulées par les aspirants au pouvoir mais par les acteurs sociaux. C'est ce que rappelle la secondre chronique des "Carnets de campagne" écrite avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF.

Sinon, vous avez jusqu'à la fin du mois pour aller admirer les oeuvres de Marcel Storr au Pavillon Carré de Baudoin dans le 20ème.

Carnets de campagne - 2.pdf

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