01/02/2016
I comme....INNOVATION
Je ne cherche pas, je trouve (Picasso)
Les souvenirs des rues chaudes de Barcelone, la découverte des sculptures africaines et de ce que l’on appelait alors « l’art nègre », l’émulation des collectifs d’artistes réunis à Paris au début du siècle (le précédent), l’excitation de l’inconnu, la transe de la maîtrise technique qui permet de tout expérimenter, la jeunesse, la liberté, un peu de folie, une énergie sans égale, un fort vent du Sud et sans doute quelques autres ingrédients, permettent à Picasso de peindre en 1907, à l’âge de 26 ans un tableau qui révolutionne la peinture moderne. L’alchimie toute personnelle d’un individu accordé aux influences et à la dynamique de l’époque.
Toute l’histoire de la peinture démontre que la création n’a jamais été aussi innovante que lorsque les foyers de créations étaient multiples et leurs relations intenses. L’histoire de l’innovation technologique n’est pas différente.
Grace à des écosystèmes dynamisant, on s’affranchit de l’existant et l’on ouvre des voies nouvelles. Une recette à base d’horizontalité, de diversité, de fécondités croisées, de liberté et de prise de risque. Soit l’exact inverse du jacobinisme centralisateur, pyramidal, hiérarchique et prescripteur qui prévaut depuis les rois de France, le principal échec de la République étant de ne pas avoir su construire une alternative à la Royauté faite de cent mille fleurs fleuries issues du small is beautiful. A votre avis, c’est pour demain ?
19:54 Publié dans DICTIONNAIRE | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : picasso, peinture, livre, dictionnaire, formation, éducation, innovation, emploi, travail
Commentaires
La centralisation est un des maux de la France et c'est justement à cela que s'emploie le CPF et le site mon compte formation. Au lieu de laisser dans chaque entreprise une politique DIF se mettre en place (ou non) on centralise la gestion (infernale) de compteurs devenus inutiles (à quoi bon compter des heures si pole emploi vous en donne 200 sans autre forme de procès ?).
Je doute que (Corée du Nord et Cuba exceptés) dans un seul pays au monde l'Etat aurait eu comme chez nous la capacité de bloquer tout le système de formation des entreprises.
Écrit par : cozin | 02/02/2016
C'est vrai, mais la technologie, contrairement à l'art, a aussi un dard dans la queue. Elle a toujours été, à la longue, une force centralisatrice, liée à l'industrialisation et la massification, et aujourd'hui, avec la mondialisation et la concentration massive des pouvoirs économiques, plus que jamais.
Dans la société de l'information, celui qui contrôle les serveurs, qui peut faire main basse sur la Big data générée par des millions de personnes qui contribuent gratuitement aux contenus de l'économie de partage, devient roi du pétrole.
Ce n'est pas un hasard si les géants de Wall Street, peu connus pour leurs élans philanthropiques, versent des milliards de dollars, à première vue à perte, dans les technologies "disruptives" comme Uber Pop ou Air'nB. Leur objectif clairement affiché est de déréguler des pans entiers de l'économie et d'établir des monopoles, sources de profits mirobolants.
De même, les Google, Apple et Microsoft tentent de phagocyter l'innovation en rachetant les start-ups les plus prometteuses, pour les agréger à leurs plateformes et contrôler toute la chaîne. Peu à peu, ils investissent tous les domaines de l'économie, devenant les conglomérats de l'ère moderne.
Les conséquences deviennent aujourd'hui de plus en plus visibles : augmentation de l'insécurité de l'emploi, inégalités qui se creusent, concentration des richesses dans les mains d'un nombre de plus en plus restreint d'individus, disparition des protections sociales et des réglementations qui protégeaient les consommateurs, entrisme de plus en plus manifeste des lobbyistes financiers et corporatistes dans les instances d'arbitrage et les institutions politiques, perte sèche des ressources de l'état en raison d'une évasion fiscale massive, encouragée par des politiques complices et in fine, l'agonie de l'état-nation au profit du capitalisme transnational corporatiste.
L'université de Princetown a même publié une thèse dont les conclusions sont que la démocratie Américaine a été remplacé par une ploutocratie où le citoyen a été dépossédé du pouvoir.
Je vous recommande un livre fort intéressant concernant ce phénomène "Who owns the Future". Il a été écrit par Jason lanier, guru de Silicon Valeey, qui a senti les dangers latents de cette nouvelle économie.
Écrit par : andrew wickham | 02/02/2016
Je suis d'accord avec Andrew sur beaucoup de points mais il n'en demeure pas moins que les géants du Net d'aujourd'hui étaient des nains il y a 10 ans et que personne n'empêchait les français d'investir massivement dans l'innovation et l'internet dans les années 2000.
Je me souviens quand google a été introduit en bourse les économistes français déconseillaient d'investir dans cette entreprise qui n'avait pas de modèle financier ! l'action aujourd'hui vaut sans doute 100 fois son prix d'introduction.
Je me souviens quand Amazon commençait à vendre des livres sur le Net et que la Fnac n'y croyait pas, attachée à ses magasins et à la vente en dur.
Je me souviens quand la bulle Internet a éclaté en 2000 comme de nombreux Français ont rigolé face à ces anglo saxons qui mettaient leur argent dans l'internet alors que la pierre ou les assurances vie étaient tellement plus sûres.
Bien évidemment les GAFA ont une situation de domination qui pose problème mais quand IBM était la seule entreprise au monde à produire des ordinateurs ou Microsoft à produire son OS nous étions aussi dans des situations inconfortables.
Ce qui manque aux Français pour s'insérer sérieusement dans l'économie globalisée et numérique aujourd'hui c'est :
- de parler anglais
- savoir prendre des risques économiques
- savoir regarder l'innovation sans préjugés et être ouvert au changement
C'est le rôle de la formation d'ouvrir ces pistes (formation qui je l'espère survivra aux socialistes)
Écrit par : cozin | 02/02/2016
Je crois que la question fondamentale est : pourquoi une très large majorité de français (désolé, JPW si je généralise) ne se forme-t-elle pas ? Je dois avouer que je peine à trouver des explications : Problème culturel ? Blocage lié à la petite enfance (EN) ? Le soleil (pour les gens du Sud) ? Toujours est-il qu'après + de 25 ans dans la FPC, on retrouve toujours les mêmes publics volontaires, et ce quel que soit le dispositif :plan, CIF, DIF, CPF...La réforme en cours démontre que nous étions sur un marché artificiel et que nous, OF, devons revoir notre modèle économique pour nous adapter à cette nouvelle donne, et encore, ce n'est pas gagné.
Écrit par : SYLVAIN | 03/02/2016
Cette question de manque d'appétence pour la formation en France nous nous la sommes posée pendant 10 ans avec le DIF.
Je vous propose quelques pistes :
- un dégout d'apprendre installé par l'école depuis des lustres: à 11 ou 12 ans un enfant normalement constitué ne supporte plus guère l'école
- la prévalence des diplômes sur la compétences et la motivation
- le système élitiste des "grandes" écoles,
- une vision archaïque de la formation (réservée aux meilleurs ou désormais aux chômeurs)
- l'habitude de se former sur le temps de travail
- l'habitude d'attendre des subventions pour former
- le blocage de la promotion sociale et professionnelle (le droit du travail fige les situations professionnelles et sociales)
- l'ancienneté et les progressions automatiques (les coups de pouce qui exonèrent de tout effort individuel)
- une société à la fois matérialiste (le grain à moudre), individualiste (on apprend avec les autres) et orientée massivement vers la consommation de loisirs et le temps libre (RTT, vacances, congés divers)
....
Les causes sont donc multiples mais les résultats sont avérés : nous devenons un des pays les moins qualifiés d'Europe.
- Les très compétents partent autour du monde (lire le dernier numéro du magazine le Point sur cette forte communauté française à Hong Kong),
- Les moyennement compétents tentent (et réussissent) les concours de la fonction publique et
- Les autres croisent les doigts pour garder leur emploi ou attendent que pôle emploi leur en retrouve un.
Écrit par : cozin | 03/02/2016
Les commentaires sont fermés.