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23/12/2015

Les gendarmes en vadrouille

On le craignait, tout en se disant par optimisme volontariste, qu'il n'en serait pas ainsi et que l'on aurait sans doute de bonnes surprises. Manifestement cela n'en prend pas le chemin et le lecteur ironique pourra me reprocher, une fois de plus, de croire au Père Noël. Ce blog avait salué la défiscalisation des plans de formation, la débureaucratisation de l'activité de formation, la possibilité pour les OPCA de financer bien plus que des actions de formation, le focus mis non plus sur le moyen mais sur la finalité. Et cette mission nouvelle pour les OPCA : mettre en place une politique de qualité de l'offre. Un petit doute subsistait, et si sous couvert de qualité on nous resservait la même soupe tiède du contrôle bureaucratique ? le pire n'est jamais sur...mais le meilleur non plus. On avait déjà un indice peu favorable : malgré les changements de règlementation, on ne constatait pas un véritable changement de pratique des OPCA visant à favoriser le développement des formations à distance. Il est manifestement difficile de quitter ses habits de gendarme. 

le-gendarme-et-les-extraterrestres_27889_1.jpg

L'OPCAIM vient de publier sa charte qualité à destination des organismes de formation. Ou plutôt sa charte du contrôle et de la qualité. Ou plutôt sa charte du contrôle. Car dans les 5 pages du document on cherche en vain une action ou mesure qui aurait pour finalité de promouvoir la qualité et pourrait constituer une politique digne de ce nom. De la procédure, des documents à produire, de la bureaucratie, du contrôle, de la sanction, des déclarations, mais rien concernant le soutien à l'investissement, l'inscription dans des relations de long terme, l'encouragement à l'innovation, l'allègement du non-productif pour se concentrer sur la valeur ajoutée, les engagements en matière de délai de paiement, la possibilité d'avances pour soutenir la trésorerie, le financement des fonctions d'ingénierie et de recherche, la mise en place d'une politique tarifaire tenant compte de la qualité, etc. Le paradoxe de la réforme serait qu'elle justifie un renforcement  des pratiques antérieures, qu'elle se proposait justement de modifier. Mais in fine, la question posée est plus large et porteuse d'enjeux plus profonds : en quoi et comment le paritarisme peut-il être un véritable moteur de performance en matière de formation professionnelle ? au risque de paraître grandiloquent, c'est rien moins que la question de la capacité de la démocratie sociale à constituer un contrepoint à la démocratie politique qui est posée. 

Charte Qualité OPCAIM.pdf

Commentaires

Il n'y avait pas une chance sur 100 pour que cette réforme débouche sur quoi que ce soit de positif.
Nous y sommes désormais :
- la défiance est partout dans le secteur
- les OF privés sont à l'agonie pour nombre d'entre eux
- les OF publics font semblant de former (0 socle des compétences ou guère plus depuis 6 mois)
- les OPCA se cherchent
- le pouvoir politique entretient son rideau de fumée sur le CPF
- l'emploi marchand est en train de s'effacer en France

En octobre 2014 Jacques Attali avait bien résumé la situation : ne compter plus que sur vous (y compris pour vous former).

Pas besoin de nouvelles réformes en 2018, la France n'a plus de formation désormais, juste des queues de programmes qui s'éteindront en 2016.

Écrit par : cozin | 23/12/2015

En quoi et comment le paritarisme peut-il être un véritable moteur de performance en matière :
de formation professionnelle ?
de lutte contre le chomage (Pole Emploi) ?
de gestion de la santé (Sécurité Sociale) ?
de la famille (CAF) ?
de retraite ?
Les questions du baccalauréat 2016 !!!
Pour paraphraser De Gaulle ces "machins" font la preuve depuis longtemps de leur incompétence, n'ont aucune vision prospective et encore moins de lien avec la réalité du terrain. Dès
qu'un gouvernement commande, ils s'exécutent sans rechigner, mais à quoi bon, puisque de toute manière les gouvernants imposent leur "négociation sociale".

Écrit par : SYLVAIN | 23/12/2015

Il y a bien plus d'arbitres et de commentateurs que de "joueurs" en formation.

En France on passe plus de temps et d'énergie à dénoncer les scandales (avérés ou inventés) qu'à développer l'activité ou à prendre des risques économiques pour développer le pays.

Plus on élève de barrières moins on forme en France. La réforme et maintenant certains OPCA qui font du zèle vont entraîner tout l'univers de la formation dans l'inactivité et le marasme éducatif.

Ce que personne ne veut (ou ne peut) comprendre c'est que former un salarié c'est travailler avec des humains en proie parfois au doute, plus ou moins sérieux ou capable d'apprendre (et d'être assidu en formation), à des organisations plus ou moins apprenantes, à un code du travail qui piège les entreprises (que se passera-t-il si le bénéficiaire d'un CPF ne participe pas à sa formation ? Peut-il être sanctionné ? comment lui faire payer des pénalités en cas d'absence ?)...
La formation n'est pas indépendante du travail et elle formait un écosystème fragile. Cet écosystème est en train de s'effondrer sous les coups de butoirs des pouvoirs publics (qui ont décrété que les OF privés seraient inefficaces, dispendieux ou carrément malhonnêtes).

On a donc fait régresser la formation dans de nombreuses à des niveaux très bas d'avant 2004 (les entreprises de main d'oeuvre se focalisent sur les plus qualifiés désormais et réduisent fortement leur budget formation, les services formations pourraient être démantelés en grand nombre dans les prochaines années..)

Cette réforme s'est appuyée sur un mauvais diagnostic de l'état réel des apprentissages professionnels et d' énormes partis pris idéologiques (seul le secteur public serait capable de former) nous en paierons pendant de nombreuses années les conséquences.

Écrit par : cozin | 24/12/2015

J'ai pu constater par le passé que le traitement des dossiers de formation par les OPCA était loin d'être rapide. En fait, très souvent, les dossiers sont en retard. Cette politique de contrôle et de sanctions (effectivement, il est là-dedans bien peu fait état de qualité) qui se dessine dans cette charte de l'OPCAIM, comment pourra-t-elle bien être mise en œuvre, quand on sait que les OPCA ont perdu une partie notable de leurs moyens financiers ? C'est très simple : comme dans toute bureaucratie, ce sera la voie du formulaire, de l'arbitraire et du passe-droit (pour ne pas employer de mots plus durs).

Écrit par : Vincent Rousseau | 02/01/2016

Ce témoignage confirme de ce que je viens d'écrire : http://willemsconsultants.hautetfort.com/archive/2015/12/07/un-exemple-parmi-d-autres-5727967.html

Écrit par : Vincent Rousseau | 02/01/2016

L'année 2016 en formation

- Communication des prises en charges du CPF 2016 fin mars ou début avril
- Décision fin avril ou début mai d'une communication CPF en entreprise
- Juin 2016 : communication d'une offre interne CPF
- septembre-novembre 2016 : quelques rares formations CPF pilotées par l'entreprise

Bilan 2016 (presque 3 ans après la réforme) : 0,5% de CPF dans les entreprises mais de grands espoirs de parvenir à 1 % en 2017

Année 2016 pour les DE : 500 000 formations supplémentaires financées sur les fonds des entreprises.
Donc mécaniquement 500 000 chômeurs de moins (avec un petit effort pour les maintenir en formation quelques jours par mois jusqu'aux élections de mai 2017)

Bilan de la réforme

- plus de DIF
- aucune formation nouvelles permises par le CPF
- des budgets formation réduits à leur plus simple expression un peu partout (et des services formation en sursis)

Mais rassurons nous la promesse d'une future et miraculeuse réforme de la formation en 2018 (annonce fin 2017, négociations début 2018 et loi avant l'été 2018)

Pendant ce temps là les autres peuples apprennent, s'adaptent, se forment, parlent anglais et travaillent.

Bonne année 2016 à tous

Écrit par : cozin | 02/01/2016

L'attitude des pouvoirs publics est réellement curieuse. Récemment, lors d'une formation pour formateurs indépendants concernant la réforme, une des participantes a témoigné d'une réunion organisée par la DIRECCTE avec les organismes de formation dans sa région. Elle est sortie en larmes. L'animateur a passé sont temps a menacer les organismes de formation présents, à les prévenir qu'il risquaient de lourdes sanctions. Lorsque certains se sont insurgés contre son attitude, il les a insultés.
On se demande dans quel univers ces gens-là vivent.

Écrit par : andrew wickham | 04/01/2016

Bonjour Andrew

De "lourdes sanctions" ? A quel titre ?

Écrit par : Gerland | 04/01/2016

Hi Gerland
Je n'ai pas demandé, car j'avais un programme très chargé, mais je pense qu'elle faisait référence aux cas où la responsabilité de l'organisme est engagé lorsqu'il ne respecte pas toutes les règles concernant l'action de formation.
J'espère que ce n'est pas une attitude généralisée, mais il y a d'autres sons de cloche : lorsque j'ai suivi des formations sur la réforme en 2014, certains juristes ont prévenu que la DIRECCTE aurait une attitude suspicieuse envers les organismes et considérait par défaut que l'organisme était en infraction.
Je suppose qu'en réalité, cela varie en fonction de l'inspection.

Écrit par : andrew wickham | 04/01/2016

Quand vous dites que les salariés ne sont pas concernés et qu'ils attendent de leur employeur que celui-ci les informe, c'est très juste. Au passage cette attitude attentiste des salariés explique sans doute aussi en partie pourquoi le chômage est si élevé.
J'ai quand même pu noter des initiatives pour permettre aux salariés d'être mieux informés des formations qui existent sur le marché. J'ai vu plusieurs plateformes recensant les formations professionnelles. Je pense notamment à http://evalformation.fr mais j'en ai vu d'autres. Peut-être que tout n'est pas perdu mais d'ores et déjà la mise en œuvre de cette réforme est un échec quand on voit le degré d'incertitude dans lequel les organismes de formations se retrouvent

Écrit par : Philippe | 07/01/2016

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