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19/03/2015

La réforme m'a tuer (volutes partent en fumée)

Journée de travail avec les adhérents de la Fédération de la formation professionnelle et des nouvelles du front   qui ne sentent pas l'armistice : l'activité est quasiment à l'arrêt en ce début d'année, la perspective de rattrapage est inexistante, l'année 2015 est d'ores et déjà une mauvaise année, l'objectif est de limiter la casse, de souhaiter que le redémarrage n'intervienne pas trop tard et de se mettre en situation de reprise dans un contexte nouveau. En attendant, les CDD ne sont pas renouvelés, les congés (maternité, parental...) bienvenus et les licenciements amorcés. 

Dans le même temps, en Rhônes-Alpes, les salariés de Constructys sont en grève. 

photo[1].jpg

On se souvient d'une parole syndicale pendant la négociation de l'ANI du 14 décembre 2013 : "On ne sait pas ce que ça va donner, mais il faut donner un coup de pied dans la fourmilière". 

Les fourmis, à cet instant, ont une pensée pour vous. Et vous ? 

Commentaires

l'objectif, implicite, des pouvoirs publics avec la "réforme" de la formation était quadruple :
- faire disparaître du paysage les formateurs indépendants (qui auraient vocation à faire du soutien scolaire)
- liquider les 3/4 des OF privés pour n'en garder que quelques un, de façon à les contrôler plus aisément
- récupérer ds fonds pour nourrir les OF publics de type Greta; AFPA ou facs qui crient famine à force de mauvaise gestion
- occuper les chômeurs dans des stages (parking) qui leur feront passer le temps

Il s'agit au final d'une ré-étatisation de la formation qui ne dit pas son nom.
Bruxelles ne pourra rien dire puisque le marché sera préservé superficiellement mais contrôlé, enrégimenté et réduit à sa plus simple expression.
cela va avec la vision de la société de ces gens là, un peu de liberté dans une bonne grosse société où tout est contrôlé et validé par l'Etat.

Les résultats seront évidemment catastrophiques (aucune liberté pédagogiques, des programmes certifiés sans intéret pour les travailleurs, une impossibilité de lancer son propre OF sans des fonds très importants) mais les petits barons de l'Etat auront la conscience tranquille, ils auront tout tenté pour ressusciter le XIXème siècle de Jules Ferry.

Écrit par : cozin | 19/03/2015

C'est ce que l'on appelle "flinguer" la journée...

Sarkozy aurait fait la même chose.

Écrit par : bcallens | 19/03/2015

Au passage, je signale qu'à part quelques uns, personne n'a vraiment bougé lorsqu'il en était encore temps...

Écrit par : bcallens | 19/03/2015

Bonjour,
En réponse à bcallens. En 2003, lors de la refonte du contrat qualif en contrat pro, la branche de la formation s'était énormément mobilisée : manifestations, conférences de presse, rencontres avec les décideurs de tous poils (politiques, syndicalistes,...). J'ai participé activement à ce mouvement à l'époque et je peux vous assurer qu'on vous écoute d'une oreille attentive, vous recevez de beaux courriers à en tête de l'Assemblée mais on ne vous ENTEND pas.
Un lobbying intense est fait en amont par certains intérêts privés qui eux ont l'oreille des décideurs, et j'ai la nette impression qu'il en est de même cette fois.
Un certain nombre d'avancées dans ce dossier des contrats pro se sont déroulées en off, loin de tout débat parlementaire.

Écrit par : sylvain | 19/03/2015

Les socialistes au pouvoir, plus que du désaccord ou de la colère commencent à susciter une véritable haine... S'en rendent-ils compte ?

Écrit par : bcallens | 19/03/2015

Les partenaires sociaux ont été instrumentalisés dès 2013 : le Medef qui voulait la peau du DIF du fait du risque financier qu'il faisait porter aux grandes entreprises et la CFDT trop fière de jouer dans les allées du pouvoir et d'être consultée pour une réforme qui a fait voler en éclat le sujet, jadis consensuel, de la formation (pas de signature de l'ANI de décembre 2013 de la CG-PME ni de la CGT).

Écrit par : cozin | 19/03/2015

Bonjour
je ne suis pas sure qu'il y ait eu une véritable intention de tuer les OF dans la nouvelle loi, par contre ce dont je suis sure, c'est que le partenaires sociaux se sont fait balader... emmener par le but du nez là où le Medef voulait les amener : suppression de la "taxe" formation... et la FFP était la première à acquiescer. Aujourd'hui ce ne sont pas ses adhérents qui sont en première ligne : le ticket d'entrée est suffisamment élevé pour qu'ils passent la période... ce sont des centaines d'autres petits qui ne peuvent pas se convertir au "cépéfable".

Écrit par : kristine | 19/03/2015

Bonjour,

Je me souviens d'un discours (avant la réforme) où Hollande a dit très clairement qu'il y avait trop d'organismes et que ce n'était pas "raisonnable"...

Bref, qu'il fallait favoriser la production "industrielle" de la formation au détriment d'une production "artisanale"...(qui serait à n'en pas douter de meilleure qualité)

Écrit par : bcallens | 19/03/2015

Ce que je ne comprends pas trop par contre, c'est que le Sycfi ne semble pas trop s'inquiéter...En tout cas, cela n'apparaît pas sur leur (tout nouveau) site internet :

http://www.consultant-formateur-independant.org/

Écrit par : bcallens | 19/03/2015

Les formateurs indépendants étaient la chance des TPE/PME pour faire quelques formations. Désormais ils sont à la rue du fait de la nouvelle règlementation et on va parvenir à l'exact opposé de ce qu'on prétendait faire (sans y croire) : développer la formation des petites structures et des salariés les moins qualifiés.
Ces deux citations sont réactualisées avec la réforme
"Les humains sont hélas imprévisibles ! Souvent, avec les meilleures intentions du monde ils causent les pires malheurs...." ou encore
"l'enfer est pavé de bonnes intentions"

Écrit par : cozin | 19/03/2015

Je suis indépendant depuis 14 ans. J'ai stoppé la sous-traitance depuis 2012, les tarifs et conditions d'interventions s'étant détériorés.
La situation va empirer : disparition de 3/4 des OF > le 1/4 restant sera en position de force pour imposer ses conditions aux CFI souhaitant rester sur le marché.
> 1 seule solution pour ce dernier : se faire certifier ICPF, ses formations resteront alors finançables...

ou alors sortir du marché, et proposer ses prestations comme consultant...ce que m'a suggéré implicitement un membre du bureau du SYCFI...

Écrit par : chtikreol | 23/03/2015

Je ne partage pas totalement cette opposition entre les indépendants/les petits et les gros. Ce n'est d'ailleurs pas sur leur clientèle propre que les indépendants souffrent le plus mais sur leur activité de sous-traitance pour les gros qui sont en chute.

Et le CPF n'est pas inaccessible pour un indépendant : des formateurs en langues travaillent sans problème avec le TOEIC ou Bulats en fin de parcours. Il ne faut pas oublier qu'il existe des certifications "ouvertes" c'est à dire indépendantes de tout réseau de formation.

Ce que je voulais souligner ce sont les conséquences sociales concrètes de cette déconsidération, largement partagée chez les décideurs et financeurs, du secteur de la formation. Nous avions appelé ça avec Jean-Marie Luttringer une "suspicion illégitime". On voit les dégâts qu'elle provoque aujourd'hui.

jpw

Écrit par : jpw | 19/03/2015

Dans son livre "l'écume et l'océan" Michel Sapin narre le fin mot de l'histoire de sa réforme de la formation : "il ne connaissait pas ce secteur avant de se lancer dans la réforme" (pour les 40 prochaines années ! ) . Sachant que la numéro 2 du Ministère en charge de ce dossier n'était pas non plus spécialiste de ce secteur (elle venait de la Santé) on comprend mieux le pourquoi et le comment de cette réforme technocratique et ratée dès le départ.
Maintenant comme en d'autres domaines (économiques et sociaux) il va falloir réparer les pots cassés. Soit c'est entrepris dès cet été et l'année 2016 peut encore être sauvée soit c'est remis à 2017-2018 et la France aura encore pris des années de retard dans l'entrée dans l'économie du savoir et de l'information.

Pour les très rares personnes :-) qui n'auront pas lu le livre (je l'ai parcouru ce matin chez un soldeur sur un marché breton)
Le chapitre traitant de la réforme de la formation se termine ainsi :

"c'était une réforme impossible par son ampleur, par les sujets qu'elle soulevait, par le temps imparti. Et puisqu'elle était impossible, nous l'avons faite"

Sans commentaire

Écrit par : cozin | 19/03/2015

...Venant de la Santé avec l'échec du traitement informatisé du dossier du patient qui aurait pu alerter sur les grands outils techniques technocratiques qui sur le papier règlent tous les problèmes et dans les faits sont LE problème.

Sinon, par principe je ne jalouse personne mais je vous envie d'avoir l'occasion de faire les bouquinistes sur un marché breton.

jpw

Écrit par : jpw | 19/03/2015

Si la réforme de 2004 (et le DIF) était un pari (perdu) sur l'intelligence, la réforme de 2014 quant à elle est un pari sur le coup de chance, la très faible probabilité qu'un dispositif périlleux, impensé et non finançé puisse malgré tout servir à quelque chose.
Dans la vie de tous les jours cela porte un nom : un gadget !

Écrit par : cozin | 20/03/2015

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