18/03/2015
Florilège
Une entreprise demande à un OPCA un financement au titre du CPF pour une formation en langues assortie d'un TOEIC. Réponse :
"Désolé mais c'est le test TOEIC qui est éligible sur le site du CPF. Nous ne pouvons financer que le test, pas la formation."
Autre, entreprise, autre OPCA et même demande : une formation plus un TOEIC. Réponse :
"Un OPCA ne peut financer que de la formation. D'ailleurs les textes disent bien que ce sont les formations conduisant à la certification qui sont éligibles. Nous finançons donc la formation mais pas le test".
Autre entreprise, et encore autre OPCA. Demande de financement d'une formation en langues dans le cadre des périodes de professionnalisation, suite à l'inscription des certifications en langues à l'inventaire. Réponse :
"Désolé, l'inventaire n'existe pas encore, c'est ce qui est indiqué sur le site de la CNCP, donc nous ne pouvons pas financer."
Ce florilège pourrait n'avoir valeur que d'exemple. Il témoigne pourtant, outre le fait que la formation des équipes sur le dispositif n'a manifestement pas été une priorité, d'une réalité plus profonde. Celle d'organismes dont la schizophrénie va se trouver renforcée par la réforme. D'une part, pris dans la psychose d'un marché de la formation qui ne penserait qu'à faire de l'argent avec celui de la formation (j'encourage ceux qui pensent que la formation c'est de l'argent facile garanti à créer sans tarder une activité dans ce domaine), une culture du contrôle qui perd le sens de l'action et se débat dans l'impasse du contrôle formel de l'activité, jusqu'à l'absurde, et d'autre part une culture du service qui voudrait que l'OPCA soit un facilitateur pour les projets des entreprises et des individus. A tirer en même temps sur les deux bouts de la corde, le risque d'immobilisme est grand, comme on peut aujourd'hui le constater.
00:22 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : formation, réforme, opca, activité, travail, sens, fleurs, argent
Commentaires
Si l'URSS avait permis un développement harmonieux de la société cela se serait su en 70 années de Goulag et de médiocrité mêlés.
Cela n'a pas été le cas et cette construction idéologique a implosé à la fin des années 80.
La réforme de la formation procède malheureusement de la même logique :
1- Centraliser
2- Planifier
3- Contrôler
4- Menacer
5- Sanctionner
Le résultat était couru d'avance : le blocage de toute la formation en France alors que le pays égrène année après année ses chômeurs supplémentaires (le rythme est toujours de 300 000 chômeurs de plus par an).
Depuis le début de la crise ce sont les travailleurs modestes qui petit à petit sont éliminés du travail, le CPF ne permettra même pas à 10 % des nouveaux chômeurs de se former.
Soit le gouvernement arrête les frais dès cet été et admet qu'il s'est lourdement trompé (les communicants trouveront les bons mots) soit le chaos se produira dans le monde du travail pour 2016.
Écrit par : cozin | 18/03/2015
Bonjour,
Des problèmes de cette nature, on le sentait venir....
On l'a toujours dit et même écrit. On marche sur la tête. On était dans une logique technocratique particulièrement inopportune.
Remarquez : dire que ce sont les formations qui sont concernées et non les certifications et les procédures d'évaluation qui lui sont associées, c'est parfaitement conforme au texte si au moins on le lit littéralement...C'est toute la différence entre préparer un concours administratif par exemple et le passer...
Écrit par : bcallens | 18/03/2015
Bonjour,
Ma contribution d'acteur de terrain, au florilège (si on ouvrait une page Facebook sur le sujet) !
Entendu cette semaine :
1 - une jeune femme licenciée éco depuis 2 semaines questionne Paul Amploix sur ses droits à la formation. Réponse du préposé : "vous en avez ! mais on ne sait pas combien d'heures, ni par qui, ni comment, ni quand ce sera financée "
2 - question d'une entreprise à son OPCA (en pleine collecte, fada !!!) pour la prise en charge d'une action CPF : "On est pas prêt, revenez en juin"
Bonne fin de journée.
Sylvain
PS : si on ajoute toutes ces perles sur un fil de discussion : il faudra un câble en acier.
Écrit par : sylvain | 18/03/2015
Les résultats du CPF sont et seront à l'avenir tout aussi lamentables car nous avons à faire à des idéologues qui ont décrété que seul le secteur public avait vocation à enseigner et à former..
Vendre des formations et gagner sa vie dans ce secteur à l'avenir sera très difficile.
Écrit par : cozin | 18/03/2015
Si ce n'était dramatique pour certains on pourrait sourire lorsque l'on voit la tête de ceux à qui l'on explique que la réforme va conduire à faire disparaître les organismes fragiles économiquement (par exemple ceux qui ont investi sur la qualité et ont peu de marges) alors que les faiseurs d'argent qui ont des OF à géométrie variable sans structure fixe pourront passer l'année chaotique avec plus de facilités pour ramasser la mise ensuite. Belle politique qualité !
jpw
Écrit par : jpw | 19/03/2015
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