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17/05/2013

De la main

De tradition et par nature, l'Etat en France, a rarement la main amie, au sens où l'amitié établit de fait une égalité entre ceux qui se l'accordent  mutuellement. L'Etat, autrement dit ceux qui agissent en son nom, a toujours conservé, nonobstant la République, une main royale qui peut à l'occasion être une main bienveillante, mais qui n'est jamais une main amie car elle se refuse à connaître l'égalité. L'Etat, comme le Roi, se pense et se veut d'une nature unique et primordiale.

Il ne fait pas de doute que la Conférence sociale qui se tiendra les 20 et 21 juin est une main tendue aux partenaires sociaux. Certains esprits critiques croient y reconnaître la main du noyé sous le poids du chômage qui guette la corde que voudront bien lui tendre les acteurs sociaux. Fausse impression, comme toujours l'Etat organise un dialogue au cours duquel sa main indiquera bien plus le chemin à suivre qu'elle ne s'ouvrira amicalement pour une invitation  où tout peut se dire et tout est envisageable, faute de quoi il n'est point d'amitié.

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Main de Blaise Cendrars

Dans le domaine de la formation professionnelle, en effet, les dés sont apparemment jetés. Comme l'a encore répété  Hollande lors de sa conférence de presse, après que Sapin ait annoncé la couleur, il s'agira de réorienter les fonds de la formation vers ceux qui sont considérés comme prioritaires : les salariés les moins qualifiés et les demandeurs d'emploi. Pour ce faire, il suffit de rappeler aux partenaires sociaux que l'obligation légale de financement de la formation est une taxe fiscale et qu'il revient donc à l'Etat de décider de son affectation de principe, les modalités de mise en oeuvre pouvant être déléguées. Car l'Etat aime bien la délégation qui voit le délégataire faire ce qu'on lui dit, voire dicte. Dans ces conditions, l'enjeu de la Conférence sociale se réduira à choisir entre  embrasser la main à laquelle on va obéir ou bien refuser de le faire et se préparer à la gifle qui en résultera.

Blaise Cendrars, dont les oeuvres autobiographiques viennent de paraître en Pléiade accompagnées d'un très bel Album, écrivait beaucoup. Il inscrivait parfois en bas de ses lettres "avec ma main amie", la seule qui lui restait et qu'il offrait sans partage, car il avait lui, le sens de l'égalité.

Commentaires

Tout cela est de la poudre aux yeux. Ce n'est pas d'argent dont les candidats ont besoin pour se former c'est d'un pôle emploi qui parvienne à s'échapper du système d'appels d'offres pour envoyer librement et rapidement en formation les chômeurs.
J'ai une petite nièce à Paris qui a signé un CRP jadis, elle a attendu 8 mois pour une formation d'anglais (à raison de 2 h par mois, mais l'important est qu'elle n'est plus officiellement chômeuse mais stagiaire de la formation).
Nous avons bâti un système d'appel d'offres qui entraînent toutes les institutions publiques (mairies, hô
pitaux...) dans la médiocrité, l'enfermement ou la paralysie. Un grand hôpital parisien avec 6 500 agents au total a attribué récemment un marché public sur 4 ans pour de l'anglais médical à un formateur anglais qui habite..... à 300 km de la Capitale, n'a jamais déposé ses comptes et a créé sa structure avec un capital de 1 €.
Il proposait évidemment les prix les plus bas. Mais l'hôpital s'en fout, il organisera des stages pour 20 ou 30 personnes tout au plus tous les ans (pour 6 500 agents !) : on ne pourra pas lui reprocher de ne pas former en anglais !

Écrit par : cozin | 17/05/2013

Bonjour,

La circonstance qu'il ne dépose pas ses comptes ne peut être que faux puisqu'il faut de toute façon déposer la liasse fiscale même si ce n'est plus vraiment gratuit - un beau racket d'ailleurs - ).

Quant au dépôt au greffe du tribunal, il paraîtrait que cela de toute façon disparaître pour les sociétés en dessous d'un certain chiffre d'affaires...- une économie d'une petite cinquantaine d'euros) , n'a au fond aucune importance. Ou plus exactement, c'est une autre question.

Car le formateur peut-être excellent et cela au fond seul compte.

Je crois d'ailleurs que les formateurs indépendants ont des arguments sérieux à faire valoir : le client sait au moins à qui il a affaire et en plus il lui est plus facile de faire du "sur-mesure" ce qui est d'ailleurs le cas en l'occurrence me semble-t-il (l'anglais médical ce n'est pas l'anglais du quidam londonien). Et si en plus il peut faire des prix...

Écrit par : bcallens | 18/05/2013

Non, le problème du dépôt des comptes est anecdotique et le formateur est peut être très bon. Sauf qu'on se demande pourquoi cet hôpital parisien forme si peu en anglais (alors que les besoins sont gigantesques) et pourquoi au final il n'a pas embauché ce formateur d'anglais plutôt que monter des appels d'offres (qui prennent beaucoup de temps et d'argent).

Autre question comment valider la qualité d'une formation si on n'a pu travailler avant avec le formateur ou l'organisme de formation ? En fait le gré à gré que même de grandes entreprises pratiquent est la seule logique valable en matière de services comme la formation et la fonction publique se tire des balles dans le pied avec ses appels d'offres (pour un chantier ou un achat de matériel c'est plus justifié par contre)

Écrit par : cozin | 18/05/2013

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