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28/08/2013

A bout de souffle

Comme la cigarette qui n'a pas disparu simplement des restos et cafés mais aussi des écrans de cinéma, si tout le monde fume dans un film c'est qu'il a été tourné dans les années 70, l'enseignement magistral est à bout de souffle. Le problème c'est que sous assistance respiratoire, on peut durer encore longtemps à l'état végétatif. Peut être que les Moocs (Massive open online courses) porteront le coup fatal en débranchant la pédagogie grabataire. Il s'agit de filmer un cours et de le mettre en ligne. Tout simplement. A un coût de production quasi-nul.

Les Moocs, c'est le bonheur des étudiants : le cours disponible quand on veut, où on veut. Mieux que le polycop non actualisé ou que les notes prises entre deux rêveries sur les marches de l’amphi bondé et surchauffé parce que le  chauffage c’est du 1er octobre au 1er avril et que c’est trop compliqué de l’éteindre puis de l’allumer et que s’il fait froid en mai, on sortira les pulls. Et puis les Moocs ça laisse le temps de déambuler sur les Champs-Elysées à la recherche de Jean Seberg, et de revoir encore le film si on ne l'y a pas trouvée.

jean-seberg-a-bout-de-souffle.jpg

Avec les Moocs, la parole professorale se diffuse à grande échelle mais surtout elle est enregistrée : l'enseignant ne peut plus dire qu’il ne l’a pas dit et on peut vérifier s’il ne débite pas un truc d’il y a trois ans et si ce qu’il raconte n’a pas pris un coup de vieux, et lui avec.

C’est tellement le bonheur les Moocs que cela permet aux profs de continuer à faire leur cinéma et aux étudiants d’aller à la séance de leur choix. Reste plus qu’à inventer ce que l’on fait en cours à 200 (voire 500) avec tous ceux qui ont déjà vu le film. Ce serait tellement plus simple si le prof c'était Jean Seberg. 

24/03/2012

Leçon pas magistrale

Il n'a pas ménagé sa peine et paraît fier du résultat. Le professeur qui a orienté ses élèves vers de fausses informations qu'il a lui-même disséminées sur le net leur a fait la leçon, ce qui était bien la finalité de la chose : ainsi vous copiez sans vérifier et prenez la première information trouvée pour argent comptant ! l'intention est tout aussi louable que la morale : pensez par vous même, faites vous confiance. Mais la démonstration comporte tout de même plusieurs biais.

Le premier est bien connu des policiers : lorsque l'on rassemble soi-même les éléments du délit et que l'on incite autrui à le commettre, la procédure pénale s'en trouve altérée. Le second est méthodologique et trouve sa traduction dans la phrase de Wilson Mizner : "Copier sur un seul, c'est du plagiat, copier sur deux c'est de la recherche". Le troisième tient de l'exemple : la démonstration serait plus éclatante si nombre de thèses puis ensuite de cours ne se résumaient pas à des compilations sans faire véritablement apparaître de pensée singulière.

Ingres Calque.JPG

Ingres - Calques

Le quatrième nous est apporté par Ingres : plus de 4 000 calques sont conservés au Musée Ingres de Montauban. Ingres tricheur ? certains le lui ont reproché et notre enseignant lui aurait peut être demandé de dessiner par lui-même. Le cinquième n'étonnera pas qui a fréquenté l'institution scolaire : tous les étudiants savent, et ceux qui ne l'ont pas intégré sont rejetés du système, que les concours et diplômes mesurent davantage une docilité dans la reproduction et la capacité à fournir le format attendu que de faire preuve d'autonomie.  Lorsque l'on récompense le conformisme on est mal venu à reprocher la reproduction.

Et surtout, tant que les enseignants donneront à produire de la copie, et qu'ils consacreront un volume aussi important de leur temps à corriger de la copie, il ne faudra pas s'étonner qu'à l'absurdité de cette monolithique demande réponde une paresse intellectuelle qui est le plus droit chemin vers le succès.

Professeur, plutôt que de tendre des pièges à vos étudiants, réfléchissez à leur demander des productions qui nécessitent leur créativité et leur compétence, en un mot leur autonomie, et laissez leur la possibilité d'utiliser les ressources de leur temps, faute de vous voir assigner à celui qui fut le vôtre.