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06/01/2011

Intensité

La scène est une des plus belles du cinéma. Plus mythologique encore que mythique : la femme qui fait croquer la pomme, l’envol des oiseaux, le bruissement du vent dans les arbres, le burlesque qui devient tragédie, le rire, l’amour, la mort. En deux minutes de cinéma, la tragédie grecque, l’amour romanesque et le polar hitchcockien vous sont livrés pour votre plus grande stupéfaction. Arthur Penn ou l’art de la synthèse, qui est un art de la beauté et de la vitesse. Allez y voir vous-même si vous ne me croyez pas.
 



Juste avant que le rideau ne soit tiré, l’échange de regards entre Bonnie and Clyde. Difficile de donner plus d’intensité et plus de vie qu’à ces regards. Regardez mieux, Faye Dunaway sourit. Il faut se méfier des généralités mais souvent en amour le tragique n’est pas du côté de la femme comme on voudrait le faire croire.

Est-il possible d’avoir cette intensité en d’autres occasions ? est-il possible d’éprouver aussi fortement la vie qu’au moment de la perdre ? le quotidien, la banalité des jours et des nuits ne sont ils pas d’insurmontables obstacles ? l'intensité peut-elle avoir raison du temps ? la réponse est aussi dans la scène, et doublement. Il n’est d’intensité sans une certaine clandestinité. La complicité avec soi, et avec l’autre, garantit la complicité dans le monde. Et puis la pomme. Croquer  tous les matins une pomme en riant, et mieux encore la partager ouvre, contrairement à la légende, les portes du paradis.

 Quel rapport avec la formation ou  le travail ? à votre avis…

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05/01/2011

De l'ennui

Il y a un bel ennui. Celui qui vous emporte vers le rivage des rêves, qui sollicite en douceur votre imagination et débride votre créativité. Cet ennui lent et plaisant du "rien faire" qui est un paravent bien mince puisque vous vous construisez vous-même et parfois les projets les plus audacieux. Proche de l'état hypnotique, cet ennui-là peut en avoir les vertus. Il est l'ennui de l'enfance, celui dont le petit d'homme a besoin pour devenir un être conscient de lui-même, des autres et du monde. Cet ennui là, il faut le préserver des sollicitations permanentes, du zapping, de l'activisme, du bruit aussi et laisser cette zone grise étendre ses horizons entre le sommeil inactif et le réveil actif.

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Et puis il y a un ennui ravageur. Celui qui est empli de temps perdu, d'occasions manquées, de temps passé qui ne passe pas vraiment, de temps consacré à des activités laborieuses en tous les sens du terme. Cet ennui qui est la première cause d'insatisfaction des élèves en France. A l'occasion des 40 ans de la loi sur la formation de 1971, Jacques Delors, interrogé par Liaisons Sociales exprime un regret majeur : "J'espérais, notamment, que l'Education nationale allait s'inspirer de l'esprit de la formation continue, fondée sur le face-à-face, l'individualisation des parcours et l'accompagnement. L'espoir a été déçu". Qui connaît ou a pratiqué les méthodes de formation continue, sait que l'on peut aller très vite dans des apprentissages divers. Au regard de ces rythmes et méthodes,  s'inscrit le souvenir des années passées à "faire le programme" et à travailler de manière exclusivement mémorielle sur des connaissances formelles dont il reste quoi aujourd'hui ? que retenez vous des millers d'heures passées sur les bancs du collège et du lycée ? le plaisir d'apprendre ? l'excitation des activités que vous avez eu l'occasion d'exercer ? les découvertes vers lesquelles on vous a guidé ? ou bien un certain uniforme ennui qui fait que toutes ces journées ne semblent au final faire qu'une ?

Et voilà comment faute d'avoir transformé la formation initiale, la formation continue est condamnée à être une longue recherche du temps perdu. Sans désespoir toutefois puisque Proust nous garantit que vient le moment du temps retrouvé.

04/01/2011

Déverouiller ? plutôt tirer le verrou

Pour se faire entendre au milieu de la neige, des trains perdus de la SNCF, des voitures un peu moins brûlées mais peut être pas et des faits divers qui constituent l’essentiel de l’actualité qui doit bien être meublée par ces temps de chômage galopant, bref si vous voulez émerger du brouhaha  médiatique, une seule recette : les 35 heures.

Gérard Longuet fut le premier à s’y essayer sous l’effet de la mauvaise conseillère qu’est la colère de n’avoir pas été nommé ministre. Frappant le premier, il n’a pas lésiné : l’euro ou les 35 heures il faut choisir. Jean-François Coppé s’est dit que sa nomination à la tête de l’UMP ne suffirait pas à faire le buzz et il a pris le relais un œil rivé sur l’audimat : avec l’air sérieux d’un futur candidat et le sourcil légèrement froncé il assure qu’il faudra bien y revenir. Et le dernier à s’y coller est Manuel Valls, qui veut déverouiller les 35 heures au nom de la compétitivité. Si l’horizon à atteindre est le coût du travail chinois, ce ne sont pas les deux à trois heures évoquées qui y suffiront. Mais sa proposition est si peu compréhensible (travailler plus au même prix pour augmenter le pouvoir d’achat : je dois avoir des lenteurs d’après réveillon, mais cela reste bien mystérieux en pratique) qu’elle masque mal que l’essentiel n’est pas là mais de faire la une des gazettes puisque jusque-là, et peut être même après, tout le monde se fichait de sa candidature à la candidature. Ne reste plus qu’à attendre la reprise du sujet par Sarkozy au prétexte stratégique que c’est clivant avec la gauche (entendez : ça fout le b…au PS).

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Fragonard - Le verrou - 1777

Tout le monde aura remarqué que ceux qui pourraient éventuellement se saisir du dossier, le Ministre du travail ou les partenaires sociaux, ont soit évité de relayer ce qui ne le mérite pas, soit répondu de manière technique, et clos le débat. En effet, les 35 heures c’est soit une question de droit du travail, et on voit mal comment la loi seule remettrait en cause les milliers d’accords collectifs conclus sur le sujet dont elle ne peut modifier de manière unilatérale une partie des dispositions sans allumer un gigantesque incendie social, soit une question d’exonérations de charges, et cela fait belle lurette que les exonérations ne sont plus liées à la réduction du temps de travail mais au niveau des salaires. Bref, beaucoup de bruit pour rien. Le problème est que nous ne sommes que le 4 janvier et que si le débat électoral de 2012, dont vous n’aurez pas la faiblesse de penser qu’il n’a pas déjà commencé, se poursuit sur ces bases, il ne restera qu’à prendre conseil auprès de Fragonard, à tirer le verrou plutôt qu’à déverouiller, et ouvrir le rideau de la vie privée pour éviter le débat public. Bonne nuit !

03/01/2011

2011, première !

2011 est un nombre premier. Le prochain sera 2017. Six ans, c’est long. Alors 2011 année des premières ?

Que ferez-vous pour la première fois en 2011 ? contrairement aux bonnes résolutions, pas nécessaire, et pas souhaitable, d’en dresser la liste a priori. Il suffit juste de se rappeler que c’est en faisant ce que l’on a jamais fait que l’on apprend et que la volonté n’est ni suffisante ni toujours nécessaire, en tous les cas moins que de rester disponible pour les heureux hasards.

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Fragonard - Les hasards heureux de l'escarpolette - 1767

 

Que l'année 2011 soit donc riche pour vous en premières fois et en heureux hasards.

Bonne année à toutes et à tous.

01/01/2011

Valse

 

Le Cabinet Willems Consultant

vous souhaite pour l'année 2011

une valse à mille temps

et d'envoyer valser tous vos emmerdements

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Renée Clavet - La valse marine

 

Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs
Où l'on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des chœurs de moustiques

Jules Laforgue

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Renée Clavet - La Valse Marine

 

Les mille clairons du désir,

les milles tam-tams du sang résonnèrent dans mes veines,

et les mille violons du plaisir attaquèrent leur valse pour nous

Françoise Sagan