25/09/2016
OPCA, attention à la vague !
L'exemple pourrait surprendre tant il est anecdotique au regard de ce que devrait être un programme présidentiel. Il figure pourtant en bonne place et suffit presque à lui seul à justifier la suppression des OPCA présentés comme des monstres bureaucratiques, opaques, dans lesquels règne l'arbitraire et qui constituent des freins à la formation. Tout ceci condensé en une phrase : "Certains OPCA exigent la signature de feuilles de présence pour des formations en e-learning". Voilà l'exemple qui montre qu'on a été voir sur le terrain. Au-delà de l'effet de manche, le mal est profond. Car le constat n'est pas faux. Combien de temps passé à batailler, pour les entreprises et plus encore les organismes de formation, face à des interlocuteurs le nez rivé sur le règlement ou pire, leur interprétation toute personnelle et arbitraire, mélange de suspicion a priori, plaisir de l'exercice d'un pouvoir ou professionnalisme zélé, malheureusement à côté de la plaque.
Ceci dit, pour justifié qu'il soit, l'exemple n'en est pas moins très lacunaire et passe sous silence toute la valeur ajoutée apportée par les OPCA, dont l'action ne peut se résumer à de l'empêchement bureaucratique pour qui se donne la peine d'un diagnostic sans a priori. Mais si de tels jugements peuvent être portés, c'est aussi parce que les OPCA, et plus globalement d'ailleurs la gouvernance paritaire de la formation, sait mal évaluer son action, ses résultats et communiquer sur son action sans jargonner et en parlant des résultats plutôt que des moyens engagés. Tant que les OPCA ne seront pas capables de s'évaluer eux-mêmes avec rigueur, il ne faudra pas qu'ils s'étonnent d'être évalués par d'autres, y compris de manière partiale. Et sur le fond, il serait temps également qu'ils n'aient pas besoin de un à deux ans pour intégrer et mettre en oeuvre des innovations dont ils devraient être porteurs. Et franchement, cela commence à urger.
00:36 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : opca, présidentielle, réforme, programme, formation, emploi
Commentaires
Il y a des OPCA très proactifs avec cette réforme - certains responsables de formation de grandes entreprises et organismes me l'ont répété lors de nos enquêtes récentes. Mais d'autres semblent trouver un malin plaisir à scier la branche (sic) sur laquelle ils sont assis.
Je crois que le problème principal est la décision du gouvernement de laisser chaque OPCA fixer ses propres règles, créer ses outils, ses formulaires, etc.
Cette décision a crée une confusion extrême, un "système" hétéroclite, dont la qualité et la fonctionnalité dépendent entièrement de la compétence, de la motivation et des préoccupations changeantes de centaines d'interlocuteurs ayant des profils allant de l'administratif lambda à l'expert en formation, chacun travaillant dans son coin. En tant qu'ancien gérant d'organisme, je peux imaginer ce que ça donne lorsque vous devez travailler avec plusieurs OPCA.
Le gouvernement a en main tout ce qu'il faut pour remédier à cette situation: fixer clairement les règles et les outils, en se fondant sur les meilleures pratiques en cours: obliger tout le monde à chanter avec le même hymnal. Sans doute chaque OPCA a ses particularités, ses priorités de branche etc.. mais la cohérence du système me semble plus important.
Au fait JPW, avez-vous les derniers chiffres du CPF? Rien de publié depuis fin juin, en tout cas en détail. A croire qu'ils ne sont pas montrables....
Écrit par : andrew | 25/09/2016
Réponse a ANDREW : Il est vrai que dès que le Gouvernement donne la liberté aux acteurs de fixer leurs règles, cela devient un problème...
Écrit par : tilly | 26/10/2016
ClapClapCLap
Écrit par : Arnaud | 25/09/2016
le marasme actuel en formation (car la formation ne redémarre qu'à très petite vitesse après l'arrêt presque complet de 2015) trouve sa source non pas du côté des OPCA (qui font ce qu'ils peuvent avec une baisse des cotisations et une complexité galopante), ni des employeurs (à qui on a vendu la réforme comme une baisse des cotisations formation) ni des OF (qui tentent encore en 2016 de survivre malgré une baisse conséquente de l'activité) mais des pouvoirs publics et en premier lieu du stagiaire de l'Elysée après qu'il eut tenté de réformer à coup de hache (ou de Kärcher) la formation en 2014.
Comme seconds couteaux on peut désigner le Medef (trop content de liquider le DIF et de baisser les cotisations formation du plan), la CFDT (trop heureuse de parader auprès du pouvoir politique), le ministère du travail (qui ne sait même plus rédiger des décrets de loi) et enfin le Parlement (qui a voté en procédure d'Urgence un texte inabouti, surréaliste et qui n'avait aucune chance d'améliorer en quoi que ce soit le niveau de formation et d'éducation des travailleurs.)
Le plus cocasse c'est de les voir 2 ans plus tard tenter de rattraper leurs conneries en refinançant les les bilans de compétences (via un CPF qui n'a pas le sou), se lamentant sur les piètres résultats du Conseil en Evolution Professionnel (ça ne marche pas) et du Socle des compétences (transformé par le Copanef en un parcours du combattant pour les salariés).
Écrit par : cozin | 25/09/2016
Boudiiiii ! voilà le costard ! les OPCA, les OPCA mais c'est qui les OPCA? ce ne serait pas par hasard un peu les partenaires sociaux, de branches et interpro qui gèrent les OPCA ? les mêmes qui, au passage, exigent des listes d'éligibilité pour utiliser le compte personnel formation (C Pas eFficace) et qui s’emmêlent les pieds dans le tapis de certifications : celle pour les plombiers mais que les demandeurs d'emplois ne peuvent pas acquérir avec leur CPF parce que les partenaires sociaux de leur région ne veulent pas, ou ne se sont pas encore réunis ou n'ont pas compris ce qu'on leur demande... Sans revenir sur le blocage du système, on est tous d'accord là dessus... Donc les OPCA qui fixent leurs propres règles, c'est un peu lapidaire, car les règlements des OPCA se sont les partenaires sociaux qui les font... comme ils font le CPF et autres cotisations et règles de mutualisation. Et les partenaires sociaux ils sont pas dans le même camp (sauf pour leur financement) et leur camp ce n'est ni la facilité d’accès à l'emploi ou à la formation professionnelle continue.
Et si on reparlait qualité... qui c'est qui en ce moment dit aux OF d'aller se certifier, que ce sera obligatoire au 1er janvier 2017? Qui c'est qui oublie que l'obligation porte sur les financeurs publics et non les organismes de formation?
Écrit par : Christine | 11/10/2016
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