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31/01/2016

I comme...INDIVIDU

Je suis un homme, je suis un homme…(Michel Polnareff – 1970)

C'est la route du week-end : la rue de Rivoli, les Champs-Elysées, la Défense, la Normandie. Le petit bonhomme connaît bien et commente toujours. La Tour Eiffel qui scintille le vendredi soir, l'Obélisque de la Concorde, les statues équestres qui ouvrent les Champs, la grande avenue, l'Arc de Triomphe. Et puis ce grand pavois balayé par les courants d'air de l'arche, que l'on ressort  pour les cérémonies.

Alors je lui parle du soldat inconnu et de plus inconnu encore, sa femme. Le petit écoute. Et puis on passe à autre chose. Et lors d'un trajet suivant, tout d'un coup la question : "On va le voir  aujourd’hui le soldat inventé ?". 

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De l'autre côté du miroir

Moi qui aime les formules courtes, précises et singulières, me voilà servi. Ce soldat inventé débusque la supercherie du soldat inconnu, réduit à un symbole, désincarné, sans corps, sans histoire, sans boue, sans crasse, sans peur, sans courage, démuni de tout puisque ramené à une fonction symbolique plus facile à manipuler que les êtres de chair.

Ce soldat inventé, il surgit chaque fois que l'on convoque des mots pour remplacer des êtres, chaque fois que l'on réduit les histoires singulières à une histoire officielle, chaque fois que l'on généralise en niant les individus, chaque fois que la sensibilité particulière doit laisser la place à l'émotion collective. Chaque fois que l’on parle, insupportables expression, du « salarié lambda », de « Mme Michu », du « stagiaire de base », ou que l’on généralise à tout va « les jeunes », « la génération Y », « les seniors », « les français », etc. on déclenche une pluie de poncifs, on embrume la pensée.

Chaque fois donc que la vérité de l’individu recule derrière la fiction catégorielle, surgit le soldat inventé qui occupe toute la place du soldat inconnu. Vieille histoire en fait, puisque Diogène déjà promenait sa lanterne en criant : « Je cherche L’homme ! », qu’il ne trouva jamais ne voyant que des hommes. 

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