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21/09/2009

Particulier universel

Le musée Marmottant présentait jusqu'au 20 septembre une exposition consacrée à deux photographes académiciens : Lucien Clergue et Yann Arthus-Bertrand. Si leur entrée à l'Académie les rapproche sans doute dans le besoin de reconnaissance, leurs oeuvres ne peuvent être plus dissemblables. Lucien Clergue est né à Arles, il photographie Arles, la Camargue, sa culture et ses habitants. Il photographie dans un périmètre restreint des thématiques récurrentes : le sable, la mer, les marais, la corrida, le corps féminin, les amis. Des histoires de fidélité. L'étroitesse des thématiques et des lieux n'y fait rien : jamais Clergue ne fait la même photo, jamais il ne se répète et dans ses photos il revient sans cesse à la vie, au mouvement de la vie, aux traces de la vie, à la sublimation de la mort, à l'essence de la matière et de l'être.

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Lucien Clergue - Nu de la plage - 1971

Chez Lucien Clergue, le singulier se déploie vers l'universel, l'instantané vers le permanent, l'anecdotique vers le symbolique, la surface des choses est montrée dans sa profondeur la plus extrême. C'est l'exact contraire que l'on rencontre chez Arthus-Bertrand : il a fait plusieurs fois le tour du monde pour prendre des photos qui sont toujours les mêmes. Mêmes types de cadrages, mêmes effets géométriques, mêmes effets de couleurs, même recherche de la sensation immédiate superficielle et qui ne parle guère. Les photos ne disent rien des lieux, ni de leurs habitants et encore moins de l'humain en général. Le particulier est ramené à un effet de style qui ne raconte ni son histoire ni notre histoire. Les effets de couleurs d'Arthus-Bertrand paraissent désespérément vains face à la puisance du noir et blanc de Clergue.

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Lucien Clergue - Maïs en hiver - 1960

Le débat demeure d'actualité : simplicité, sincérité, fidélité, profondeur et quête personnelle poussée jusqu'au bout qui permet de rejoindre l'universel d'un côté, recherche de l'effet, superficialité, absence de sens et au final colorisation du vide de l'autre. On ne s'étonnera pas que pour prendre ses photos l'un marche sur le sable et dans l'eau, foule l'arène ou éprouve l'amitié, et que l'autre survole le monde et ceux qui y vivent. Nouvelle illustration de l'adage selon lequel lorsque l'on veut dire des choses fortes il ne faut pas chercher à en dire d'extraordinaires.

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