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25/11/2010

Mythes et pratiques

Il n'aura pas fallu très longtemps pour que le mythe soit confronté aux pratiques qui le renvoient à sa condition de chimère. Et ce n'est pas une surprise. Qui peut, sans mauvaise foi, être surpris par la décision de Renault de proposer à des salariés un départ anticipé à 58 ans ? cela fait près de 40 ans que les départs anticipés tiennent lieu de politique de l'emploi et font l'objet d'un consensus total des employeurs, des organisations syndicales et de l'Etat. Initiée dans les charbonnages, cette politique s'épanouira dans la sidérurgie avant de gagner progressivement tous les secteurs d'activité, avec les encouragements de l'Etat qui financera longtemps avec le FNE les préretraites totales ou partielles. On se souvient d'IBM organisant des retraites à 52 ans à la fin des années 90, du Giat industrie plaçant la barre à 55 ans et plus récemment, alors qu'officiellement l'Etat ne soutenait plus les préretraites, de Nicolas Sarkozy Ministre de l'Economie et des Finances intervenir en 2004 en tant que médiateur auprès du Groupe Nestlé pour valider le plan de préretraites à 55 ans de l'établissement de Vergèze (source Perrier). Derrière le mythe du travailler plus, se profile l'ombre séductrice du départ anticipé : qui résisterait à une cessation d'activité avec maintien de 80 % du salaire en moyenne ?

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Toyen - Le mythe de la lumière

Ces pratiques généralisées ont ancrées deux idées durablement : la première est que 60 ans est un horizon maximum, à rebours de tous les discours, et la seconde qu'il est normal de se séparer des quinqas. Même lorsque les financements de l'Etat seront supprimées, les pratiques ne changeront guère. Les grandes entreprises s'autofinancent et les petites bricolent à coup de rupture négociée, faux licenciement, inaptitude négociée avec le médecin du travail...tout ceci aboutissant à une préretraite financée en partie par l'UNEDIC, qui n'est pas dupe mais prend en charge dans un large consensus des partenaires sociaux.

Le mythe en l'occurence est de penser que l'on peut changer quarante ans de pratiques par la loi. C'est évidemment impossible et c'est cela qui exigeait pour la loi sur les retraites une concertation longue et impliquant tous les acteurs. A recourir à la marche forcée et à la contrainte, on n'obtient des résultats formels et du contournement, comme on peut le voir en matière d'emploi des seniors. Après Vilvorde et le fameux "l'Etat ne peut pas tout" de Jospin, voici les préretraites et la surprise de l'Etat et du MEDEF. Surprise, vraiment ?

17/02/2010

Schizophrénie

La schizophrénie ne date pas d'hier. Je ne parle pas de la maladie, quoi que, mais de cette propension à faire des choix individuels qui peuvent s'avérer pertinents à ce niveau mais sont désastreux au plan collectif. L'affaire a débuté au cours des années 70 avec la sidérurgie, le charbonnage ou encore le textile et le recours massif aux préretraites pour régler des problèmes d'emploi. Plutôt que la reconversion, le paiement des salariés les plus âgés pour qu'ils quittent le marché du travail devient un mode de gestion banalisé. Et c'est ainsi qu'est accréditée lentement mais surement l'idée qu'à partir de 55 ans on est juste bon à s'arrêter de travailler. Le Gouvernement encouragera pendant longtemps les préretraites avant de tenter d'y mettre le holà. Pour autant, la schizophrénie perdure.

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Marie-Jo Chapatte - Peintre schizophrène
Janvier au sourire d'hiver - 1986

Elle perdure par exemple quand Sanofi-Aventis annonce à la fois 8 milliards de bénéfice en 2009 (vive la crise ,la grippe H1N1, les experts de l'OMS et les déficits publics !) et un plan de départs volontaires avec des préretraites maison à 55 ans. Le tout au moment où l'on annonce une réforme des retraites et que le MEDEF réclame une révision à la hausse de l'âge de la retraite. Et de nouveau, le petit air lancinant du "Faites ce que je dis, pas ce que je fais" déroule sa musique entêtante. Dans ce contexte, il est vain de penser que le financement des retraites pourra être assuré par une cotisation sur les salaires comme actuellement. Soit les pratiques de gestion des ressources humaines changent rapidement (Darcos la menace veut y contribuer en interdisant les PSE avec mesures d'âge : on attend de voir), soit il faudra financer les retraites en taxant la valeur ajoutée et non la masse salariale. Après tout, on pourrait peut être faire les deux.