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06/10/2016

La formation au forfait !

On a eu les forfaits remontées mécaniques, les forfaits téléphoniques, les forfaits jours et sans doute quelques autres. Voici désormais les forfaits formation. La loi Travail a en effet levé le dernier verrou règlementaire à la possibilité pour les OPCA de financer de la formation forfaitairement. Pour le plan de formation, le congé individuel de formation ou même le compte personnel de formation, aucune disposition légale n'impose que les financements de l'OPCA soit accordés sur la base de l'heure stagiaire. Tel n'était pas le cas pour la professionnalisation, la loi prévoyant qu'il appartenait aux branches de fixer les taux horaires de financement des contrats de professionnalisation. C'est désormais terminé, les accords de branche peuvent librement définir les modalités de financement de ces contrats, y compris dans le cadre de forfaits. 

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Le ménage règlementaire ayant été effectué, le terrain étant déblayé donc, reste à l'occuper. Il n'appartient plus désormais qu'aux Conseils d'administration des OPCA, et aux branches professionnelles pour la professionnalisation, de faire preuve d'innovation, de pragmatisme, de créativité et de mieux appréhender la dimension économique de la formation, pour mettre en place des modalités de financement qui ne se résument pas à des taux horaires dont on sait depuis longtemps qu'ils sont déconnectés de toute réalité économique, d'une part, et générateurs d'une bureaucratisation infernale autour des heures de présence; Les évolutions constatées en matière de financement des formations ouvertes et à distance pourraient d'ailleurs utilement être transposées à toutes les formations, le passage de la notion d'action de formation à celle de parcours de formation, qui résulte également de la loi Travail, constituant une autre incitation à aller dans ce sens. A l'heure où les OPCA sont sur la sellette, introduire des pratiques nouvelles et efficientes ne serait sans doute pas un luxe. 

Commentaires

Pour brouiller les pistes on n'avait pas trouvé mieux (depuis la fin de la déclaration 2483) et cette formation new wave au forfait promet de belles trouvailles commerciales.

Si on supprime le programme (forcément lacunaire), la durée de formation (forcément approximative), les modalités de formation (forcément inconnues puisque le besoin émergera au fur et à mesure de l'apprentissage) on retire toute référence et donc toute comparaison possible entre les prestataires (à moins qu'il ne subsiste qu'un seul prestataire en France, au hasard.... public).

Ainsi pour une groupe de salariés illettrés à former il faudra convenir d'un forfait mais ce forfait imposera-t-il une obligation de résultats à l'organisme de formation. (et aussi au salarié pendant qu'on y est) ?

Si notre pays est devenu tant amoureux des forfaits et de l' "à peu près isme" pourquoi ne pas adopter le forfait dans la fonction publique au lieu de cette ringarde notion de temps de travail et d'apprentissage ?

A l'éducation nationale pour tant d'élèves sur l'année qui auront appris à lire le prof serait payé au forfait (s'ils ne savent pas lire il ne sera pas payé du tout évidemment).

Pour les médecin ce sera pareil on paiera au forfait (c'est le cas en GB), un bon (ou expéditif) médecin pourra traiter 2000 patients au forfait, un débutant 200 malades dans l'année.

Et pendant qu'on y est je propose que tout le pays passe au forfait (notamment les hommes politiques, en cas de résultats non avérés ils n'auraient plus le droit de faire de la politique avant un délai de prescription de 20 ou 30 années).

Pour les salariés plus besoin de s'étriper sur la loi travail comme cet été :

- plus de contrat de travail,
- plus de temps de travail,
- plus de congés payés
- plus de salaire mais une rémunération au forfait (à la mission) pour tous les travailleurs de France (y compris les fonctionnaires).

On sent bien que ça cogite dur en ce moment rue de Grenelle (avant de faire les cartons dans quelques mois).

Écrit par : cozin | 06/10/2016

Suite

J'oubliais un point de détail : Le Pilier de la réforme de 2014, ce CPF que le monde entier nous envie, à qui sert-il donc si on se forme avec son CPF au forfait ?

Écrit par : cozin | 06/10/2016

Moi j'ai une question: selon les derniers chiffres publiés (sans détails bien entendu), par moncompteformation, les validations CPF auraient concerné ...32.000 parcours pour le mois de septembre (30.000 en aout et 27.000 en juillet, contre 80.000 en juin).
Si les proportions antérieurs sont respectées, 80% de ces validations concernent Pole Emploi (et quid du plan des 500.000 formations par ailleurs?).
Pour comparer cela au DIF, qui ne concernait à peine les demandeurs d'emploi, cela fait 6.400 validations de parcours salariés par mois, comparé à plus de 45.000 validations DIF par mois en 2014. Le CPF représenterait aujourd'hui donc 14% du DIF en rythme mensuel, plus d'un an et demie après son lancement.
Si c'est vrai, et non pas un glitch comptable, c'est un peu effrayant, non? Quelqu'un a-t-il des informations à ce sujet?
Quand on entend la Ministre annoncer la victoire sur les médias, on est pris d'un doute...

Écrit par : andrew | 08/10/2016

Vous n'extrapolez pas Andrew, c'est la stricte réalité et la raison pour laquelle le Ministère ne communique plus sur les chiffres détaillés et fait en sorte que ces chiffres ne soient pas publiés par ailleurs l(le CPF Leaks devient plus compliqué). Pour le reste, les communiqués sont strictement publicitaires et de l'ordre de la publicité mensongère d'ailleurs si l'on veut bien regarder la réalité : moins de 200 000 dossiers validés (je ne parle pas de formations effectuées) pour les salariés en 20 mois, c'est six fois moins que le DIF alors qu'on était censé construire un dispositif plus accessible où le salarié était plus autonome. Et encore, il faudrait aussi publier le chiffre selon lequel 20 % seulement des salariés sont dans un démarche autonome, soit 40 000 maximum en 20 mois, soit moins que le CIF. Un éclatant succès, comme vous pouvez le constater.

jpw

Écrit par : jpw | 09/10/2016

Merci JPW. Ce que vous dites sur les salariés autonomes ne me surprend pas. J'ai aidé quelques clients à monter ces dossiers-là et franchement, il faut être un peu masochiste.
Il serait intéressant de voir l'évolution Pole Emploi / salariés dans ces chiffres. Peut-être que Pole Emploi n'inscrit plus les demandeurs sur le CPF, car la procédure est trop compliquée et trop longue? Si c'est le cas et que le nombre des parcours salariés n'a pas trop baissé depuis juin, l'explication serait plus simple et plus rassurante. L'autre hypothèse, que Didier a avancé il y a un bout de temps, est que les chiffres de juin étaient déjà largement bidonnés. Et dans ce cas, chacun sa bonbonne et courage!

Écrit par : andrew | 09/10/2016

l'équation CPF est très simple : 10 millions de salariés avec au moins 24 h de CPF + un peu de CDD et intérimaires soit 300 millions d'heures par an
* on ajoute encore 1 milliard d'heures d'ex-DIF à consommer avant 2020, soit 300 millions d'heures de formation par an

On est donc au bas mot à 600 millions d'heures de CPF à réaliser annuellement et ceci avec 800 millions d'euros (au mieux, rémunérations comprises)
Cela met donc l'heure de CPF à 1,20 euro environ.

Le CPF non seulement est intenable au niveau administratif (comment un OPCA pourrait-il suivre des dizaines de milliers de salariés se formant individuellement ?) mais il est intenable financièrement.

Quand un dispositif n'est pas financé il a naturellement tendance à s'autolimiter et donc le CPF est condamné à n'avoir été qu'un fantasme paritaire en 2013, un concept de compteur formation qui décompte des heures dans le vide et ne sécurisera jamais personne.

Par ailleurs dans quelques mois la fonction publique va rejoindre ce joli bordel.

Écrit par : cozin | 09/10/2016

Formation au forfait, formation au rabais...

Écrit par : bcallens | 16/10/2016

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