12/03/2016
CPF LEAKS
Avec 300 000 bénéficiaires, le CPF serait en phase de développement témoignant qu'il fallait seulement un peu de temps pour qu'un dispositif totalement nouveau trouve son public. Fin de l'histoire officielle. Si l'on s'approche un peu, que voit-on ? que 240 000 demandeurs d'emploi ont utilisé le CPF. On aimerait connaître la part d'initiative individuelle dans ce chiffre et la part d'administration de l'accès à la formation par POLE EMPLOI. Deuxième zoom, nous sommes donc à 60 000 salariés bénéficiaires (nous parlons ici de dossiers validés, par de formations suivies) en 14 mois, alors que le DIF c'était au minimum 600 000 par an. Soit 10 fois moins.
Pour le palmarès des OPCA, il n'y a plus photo. La machine métallurgique s'est mise en marche et va bientôt tourner à plein régime : à lui seul l'OPCAIM réalise quasiment 25 % des CPF. Pour le reste, on notera que l'implication des OPCA dans le CPF est moins proportionnel à leur taille qu'à leur stratégie en ce domaine ou à leur niveau de performance.
Les domaines de formation confirment les tendances déjà constatées : 50 % des formations sont des formations en langues, puis viennent les CACES, le socle de compétences, la VAE et la bureautique qui pointe son nez maintenant que le TOSA a été inscrit sur la Liste nationale interprofessionnelle (LNI).
Pour finir, un peu de délire bureaucratique : 195 listes, chaque salarié en ayant 3 à sa disposition, et près de 50 000 certifications sur les listes, puisque les doublons (ou triplons) sont tout à fait possibles. On rappellera qu'il existe environ 10 000 certifications (8 000 titres RNCP - 1000 CQP - 1000 certifications dans l'inventaire). Quelle créativité le CPF que d'avoir multiplié par 5 les certifications. Presque la fable des poissons et des petits pains. Et félicitations aux 60 000 salariés (un peu moins multipliés pour ce qui les concerne).
00:07 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cpf, formation, réforme, droit, éducation, leaks
Commentaires
Le plus grave est lié à la formation des chômeurs et au signal donné aux salariés face à leur droit à la formation : gardez vos heures précieusement sur votre CPF et si par malheur un jour vous perdez votre emploi vous pourrez activer votre CPF (une sorte d'épargne de précaution).
Aujourd'hui les seules entreprises où le CPF fonctionne ce sont celles qui ont décidé de prendre le dossier à bras le corps (et elles sont peu nombreuses) ou de passer une bonne partie de leur ex plan de formation sur le CPF des salariés.
Avec le CPF on a réduit un problème mineur du DIF (les heures perdues en changeant d'employeur) à une comptabilisation bureaucratique d'heures de formation.
La réforme enterre toute capacité de dialogue social sur la formation et de développement de la formation (ne parlons pas de la fin du 0,9 %) et quand le rapporteur de la loi susurre qu'on a peut être un peu perdu de vue le "bénéficiaire" au profit de la tuyauterie il comprends (un peu tard) que les partenaires sociaux et le pouvoir politique d'alors ont planté la formation pour des années.
La solution viendra donc d'une 5 ème réforme, par l'attribution par exemple d'un chèque formation (co-financé par le salarié et son employeur) le CPF quant à lui terminera dans les poubelles de l'histoire de la technocratie française.
Écrit par : cozin | 12/03/2016
Un autre point à considérer : les 15 millions de titulaires d'heures de DIF avaient cumulé environ 1 milliard d'heures de formation (ce milliard d'heures qui valait 30 ou 40 milliards d'euros et qui a incité le Medef à noyer le poisson DIF dans un CPF inutile et infaisable).
Si donc 60 000 salariés ont pu se former en moyenne 150 heures chacun cela signifie que moins de 1 million d'heures de DIF ont été utilisées juqu'à présent (900 000 exactement).
Il reste donc 99,9 % des heures de formation DIF à consommer avant 2020 soit 250 millions d'heures par an.
Dès lors que toutes ces heures seront perdues en 2020 (sans que les employeurs soient le moins du monde passés à la caisse) on peut comprendre le succès présent et à venir du CPF.
Écrit par : cozin | 12/03/2016
@cozin : les heures de DIF ne correspondent quasiment qu'aux heures consommées par les salariés. Pour les demandeurs d'emploi, il s'agit le plus souvent des 100 heures de CPF accordées automatiquement plus les abonnements de POLE EMPLOI. En réalité l'intégralité ou presque des heures de DIF demeurent virtuelles. L'objectif était effectivement avant toute autre considération de débarrasser les entreprises de ce boulet potentiel. C'est fait. Pour le reste.....
Écrit par : jpw | 12/03/2016
Bonjour, très intéressant comme toujours. Est-ce que le chiffre des 600 000 DIF intègre le DIF portable, et si oui, quelle est la proportion ?
En tout cas, que ce soit le nombre total de dossiers en chute libre ou encore les formations les plus suivies, qui sont quasiment celles qui étaient déjà suivies avec le DIF, on voit bien que c'est un fiasco complet, que nombre d'entre nous avait anticipé dès le départ au regard des décisions prises sur la construction de ce dispositif.
Écrit par : Yannick | 05/04/2016
Les commentaires sont fermés.