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10/07/2015

CPF Leaks

A la fin du mois de juin, 5785 demandes de CPF ont été validées. Le nombre de dossiers a donc doublé en un mois. Les communicants seront ravis : 100 % de progression. Le chiffre brut ramène à la réalité : en 6 mois, 10 fois moins de CPF qu'il y avait de DIF en un mois (soit au total 60 fois moins de personnes en formation). 

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Et surtout, si les organisations syndicales voulaient bien faire une analyse de terrain avant de prendre des positions, elles s'apercevraient que la majorité des demandes des salariés se portent sur les seules deux certifications de l'inventaire inscrites au RNCP : le TOEIC et le BULATS. Les formations conduisant à des titres et diplômes sont largement minoritaires (mettons à part la VAE qui ne relève pas des listes). 

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Et si l'on exclut les demandes associées à un CIF, qui ne constituent jamais que le coup de pouce pour un dispositif en manque de financements mais ne témoignent pas du fonctionnement du CPF en tant que tel, on se retrouve avec une très faible proportion de certifications figurant sur les listes d'éligibilité. 

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Une statistique permet de constater le volume de travail inutile généré par le CPF : l'ensemble des certifications figurant sur les listes représente plus de 27 000 certifications. Si l'on considère que le RNCP recense 8 000 titres et que les CQP sont au nombre de 1 000 (avec quelques centaines de certifications inscrites à l'inventaire), on se rend compte que les mêmes certifications sont reprises à de multiples reprises par les listes nationales, régionales, de branche. Et surtout, 27 000 inscriptions pour au final une consommation centrée sur deux certifications, sans laquelle le CPF serait encore enlisé dans des balbutiements de démarrage. 

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Je n'ai jamais vraiment aimé opposer un soi-disant pays "réel" et les dirigeants qui seraient déconnectés. Mais il faut avouer que parfois, il faut vraiment se retenir. 

Commentaires

Bonjour,

Vous qui êtes du Nord, vous devez avoir quelques notions de Ch'ti...

Alors, moi je dirais que 5785 demandes en juin, "ch'est pas gramint".

(Pour ceux du Sud, cela veut dire : "C'est pas beaucoup").

Écrit par : bcallens | 10/07/2015

La rencontre avec un OF hier qui a 400 dossiers de CPF bloqués du fait de l'abandon en interprofessionnel des tests TOSA le prouve à l'envie : le CPF ne marchera jamais. Pour que le salarié soit aux commandes la seule solution était de le doter d'un chèque formation (équivalent au chèque vacance ou au titre restaurant). Ce n'est pas le cas et quasiment aucun salarié en poste ne voudra contractualiser (et payer au besoin l'abondement complémentaire) avec un organisme de formation (en lieu et place de son employeur du temps du DIF)

Le CPF est condamné pour 3 raisons de fond

- les listes limitatives qui laissent la place à tout l'arbitraire, la complexité et les erreurs possibles dans la chaîne de commande de la formation
- la commande en direct du salarié de sa formation qui est hautement improbable (et d'autant plus exceptionnelle que le salarié sera peu ou non qualifié)
- le processus de capitalisation des heures de CPF qui entraîne les salariés à garder des heures sans rien en faire (ce qui se produisait déjà avec le DIF capitalisable sur 6 ans).

La formation est en charpie, le CPF est une partie du problème car désormais c'est tout le système de formation des travailleurs qui est durablement perturbé (y compris les CFA).

Ce n'est pas d'une nouvelle réforme dont le pays a besoin (tout le monde aura été dégouté par celle-là) mais d'un Etat qui cesse de faire semblant de tout contrôler, qui laisse les entreprises former (en gardant le principe de pénalisation en cas de non-formation) et qui redevient modeste et bienveillant.

On est loin du compte (formation) en cette mi-2015

Écrit par : cozin | 10/07/2015

En fait le CPF remet en selle le DIF en y ajoutant juste une certification, des coûts supplémentaires et un développement 10 à 20 fois moindre.

Tout ça pour ça !
2 ans d'efforts vains pour aboutir à ce néant organisationnel, notre pays a fait fort.

On pourra toujours en 2016 visiter le site moncompteformation.gouv.fr comme on visite aujourd'hui la ligne Maginot, une "bonne" idée franco-française qui aura servi de leurre et contribué à affaiblir le pays et ses entreprises.

Écrit par : cozin | 10/07/2015

SociaLeaks ?

Écrit par : cozin | 10/07/2015

Bonjour,

Merci pour ce CPFLeak :-)
Partageriez vous vos sources ? Comment avez eu accès à ces chiffres ?

Bien à vous,

Écrit par : Olivier | 10/07/2015

@bcallens : dans le Sud "pas beaucoup" se dit "pastrop" Et malgré mon nom, je suis plus à l'aise avec le patois occitan qu'avec le parlé Ch'ti.
@cozin : je vous ai épargné le fait qu'on lance un audit sur l'ergonomie du site moncompteformation.gouv.fr...(trop tard, je l'ai dit)
@Olivier : je ne parlerai qu'en présence de mon avocat.

jpw

Écrit par : jpw | 10/07/2015

Précision : prononcer "passtrope"

Écrit par : jpw | 10/07/2015

Bonjour à tous,
Question pratique : à part les hiboux, avez-vous connaissance d'actions entreprises auprès d'organisations syndicales, politiques...?
Je nous (la profession) trouve bien trop attentistes, pour ne pas dire gentils (euphémisme pour "mous" !) voire égoïstes (je finis le premier semestre avec +10 % de CA et de marge, alors pourquoi s'en faire ?)
En 2004, le COMBAT pour la modification du contrat pro avait mobilisé tous les acteurs de l'alternance et amené les députés à revoir leur copie (avant promulgation de la loi, certes !)
+67 % de défaillance d'of sur un semestre !!! silence on tue !
Nous fréquentons toutes et tous des partenaires sociaux, députés, élus, des journalistes : faisons en sorte que cet OF icide (joli mot, non ?) s'arrête vite. Pour cela, il faut être unis et conduire des actions d'envergure nationale coordonnées.
Je crois JPW qu'il est grand temps d'en relever une, sinon à force de reculer ,on va finir sur le parking ! Il y des bouquets de phalanges qui se perdent !Aux armes ! Et bon week end.

Écrit par : SYLVAIN | 10/07/2015

Merci à nouveau jpw.
Ces informations sont précieuses. Il paraît que la DGEFP réfléchit à la possibilité, à la fin de la trève estivale, de communiquer davantage sur les chiffres, leurs intentions, les objectifs, etc.
Je ne peux que dire...WOW!

Écrit par : Andrew Wickham | 10/07/2015

Le summum de la remise en cause chez un politique, c'est de dire qu'il n'a pas suffisamment, les plus audacieux concèdent même le "mal", communiqué !

Et comme chez les partenaires sociaux le "qui s'excuse s'accuse" est également assez répandu, cela donne des systèmes qui vont dans le mur en accélérant !

Du coup, moi qui suis plutôt adepte des modèles constructivistes, il faut bien que je reconnaisse que dans de telles conditions cela ne peut pas fonctionner.

Bon week-end

jpw

Écrit par : jpw | 10/07/2015

Ce terme de "dossiers CPF initiés" révèle bien l'ampleur du désastre, ce ne sont pas des formations démarrées (ou même terminées) auxquelles nous avons affaire mais de simples dossiers plus ou moins bouclés.
La moitié démarrera sans doute avant la fin de l'année, la moitié encore n'ira pas plus loin (quand le salarié découvre qu'il doit abonder si l'OPCA ne paie pas tout, qu'il est contraint de passer une certification ou que ses heures de formation seront réalisées hors temps de travail, il a de fortes chances de renoncer).

La pente du CPF est simple à prédire:

- 2015 : moins de 10 000 personnes formées (le DIF c'était 600 000) sur des formations semblables au DIF (mais plus complexes à organiser et plus coûteuses à financer)
- 2016 : 10 ou 15 000 CPF au mieux
- 2017 : tout le monde jette l'éponge, la formation professionnelle implose en France.


Il n'y a aucune alternative au report à 2017 ou 2020 de la réforme de la formation, en l'état le CPF n'est pas amendable, cette lamentable construction n'est bonne qu'à être rasée.

Écrit par : cozin | 10/07/2015

Nous avons posé hier une question pratique à un OPCA (la conseillère n'avait évidemment pas de réponse) concernant les heures de CPF :

Les heures de CPF/DIF ne sont pas comptabilisées par le site moncompteformation.gouv.fr, elles seront donc juste reportées manuellement par le salarié (que se passe-t-il s'il ne les reporte pas mais veut se former ?

Admettons donc que notre salarié dispose cette année de 120 h d'ancien DIF.

- Notre salarié se forme durant 30 heures en 2015 via son CPF (il fait partie des rares élus de l'année)
- il lui reste donc 90 h d'ex DIF

- qui va lui décompter les 30 heures prises ? :

- pas son employeur (il n'a plus de compteur)
- pas la caisse des dépôts (elle ne compte que les futures heures de CPF et aurait dû mettre en place un double compteur pour les anciennes heures de DIF)
- pas le salarié dont on ne peut attendre qu'il comptabilise seul ses heures de CPF/DIF

Ne reste donc plus que l'OPCA pour comptabiliser les heures de DIF/CPF

Mais deux problèmes se posent alors : que se passera-t-il si l'OPCA ne comptabilise pas les heures de DIF/CPF de son côté ?

Et seconde question, liée à la première, que va-t-il se passer si ce même salarié perd son travail, change de branche professionnelle et donc d'employeur et d'OPCA ou se retrouve chez Pôle emploi?

A-t-on prévu un mécanisme de transfert des heures de DIF/CPF jusqu'en 2021 d'un OPCA à l'autre ?

Sans doute pas.

Conclusion : un salarié s'il change régulièrement de branche professionnelle et d'OPCA tous les ans peut en théorie se former 120 heures par an en présentant tous les ans le même certificat d'heures de DIF qui lui a été communiqué en janvier 2015.

Évidemment ce n'est qu'est un cas d'école (on n'imagine pas qu'il y ait des salariés assez masochistes pour demander tous les ans 120 heures de cet invraisemblables et usant CPF) mais si au final la comptabilisation des heures de CPF n'est pas si importante que cela on se demande pourquoi les services de l'Etat (et de la caisse des dépôts) sont sollicités depuis plus d'un an pour mettre en place le CPF, nun compteur d'heures inutiles (d'autant plus inutiles qu'il est censé disparaître en 2017, pour être noyé dans le nouveau compte CPA - Compte Personnel d'Activité)

le CPF, c'est le socialeaks.

Écrit par : cozin | 11/07/2015

@cozin : les heures utilisées au titre du DIF sont enregistrées par l'OPCA qui finance sur le site du CPF.
Et les compteurs ouverts sont pour l'instant des compteurs de DIF/CPF.

L'an prochain la CDC ouvrira un compte CPF distinct du compte DIF/CPF. Il y aura donc bien deux compteurs, le solde DIF étant décomptés en premier.

C'est assez surprenant que l'OPCA ne soit pas au courant de ce process qui a été fixé assez tôt et qui ne pose pas de pb particulier. C'est d'ailleurs la comptabilisation sur le site qui permet, contrairement au DIF, de garantir une transférabilité totale d'une entreprise à l'autre et d'une branche à l'autre.

jpw

Écrit par : jpw | 11/07/2015

Fort bien je suis content qu'on se soit rendu compte qu'il y aurait plusieurs compteurs, en mars 2014 j'estimais qu'il faudrait non pas un, ni même 2, mais plutôt 3 compteurs CPF
http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-93841-le-compte-personnel-de-formation-3-compteurs-sinon-rien-1003142.php

A) Un premier compteur comptabilisant les heures de CPF à raison de 24 h par an durant les 5 premières années....

B) Un second Compteur comptabilisant les heures complémentaires au CPF sur un compte distinct (selon la loi elles ne compteront pas pour le plafond de 150 heures)

C) Et provisoirement, un troisième compteur comptabilisant les heures de DIF cumulées par les salariés depuis 2004 et qui pourront être utilisées année après année jusqu’en 2021.


En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-93841-le-compte-personnel-de-formation-3-compteurs-sinon-rien-1003142.php?pKtR0CXW4vi40V4Y.99

Tous ces compteurs non seulement ne serviront pas pour l'immense majorité des salariés (bien moins de bénéficiaires que du temps du DIF) mais surtout ils renforceront le seul et vrai défaut du DIF qui consistait à capitaliser des heures de formation sans rien en faire.

De la bonne idée du DIF on en a isolé ce compteur inutile et imbécile faisant du CPF un gadget totalement vain.

Écrit par : cozin | 11/07/2015

Bonjour,

@ Cozin "Tous ces compteurs non seulement ne serviront pas pour l'immense majorité des salariés (bien moins de bénéficiaires que du temps du DIF) mais surtout ils renforceront le seul et vrai défaut du DIF qui consistait à capitaliser des heures de formation sans rien en faire".

Ici, j'avoue ne pas vraiment suivre...Car le problème du DIF, dans la conception du mécanisme, n'était pas la capitalisation mais résidait plutôt dans le mécanisme de la portabilité, ainsi que l'obstacle que pouvait représenter l'employeur. Sur ce point, rien n'a vraiment changé parce que maintenant, l'obstacle sera l'OPCA...

Il ne faut jamais perdre de vue que le DIF était prévu pour des formations courtes, reposait sur l'idée que les heures devaient être consommées régulièrement. C'est bien pour cela qu'un plafond a été conçu, règle qui a été reprise pour le DIF dans les trois fonctions publiques. Dans cet esprit, la capitalisation se comprend parfaitement et est particulièrement adaptée.

Le problème est que personne n'a joué le jeu. Personne n'a jamais fait la promotion du DIF et quand je dis promotion, c'était de mettre en avant l'esprit du dispositif. Et peu de salariés l'ont utilisé par manque d'information et par manque d'appétence pour le formation aussi, disons-le.

Et pourtant, non seulement le salarié bénéficiait d'une formation gratuite, mais en plus il était payé pour se former. Peut-être eût-il été opportun de le dire plus souvent...

Avec le CPF, cela ne risque pas de s'arranger puisque désormais le choix des formations possibles est limité de façon drastique (sur la base de considérations que je trouve personnellement surréalistes...) avec une prédilection pour des formations plus ou moins longues.

C'est un énorme entonnoir qui a été mis en place. Sans compter que la mise en œuvre du CPF est un véritable parcours du combattant. Il faudra être motivé ! (et on sait que le salarié moyen ne l'est guère...).

Si avait voulu tuer dans l’œuf le CPF, c'était précisément ce qu'il fallait faire...(c'est peut-être le but d'ailleurs...). Tout n'est qu'obstacle !

Maintenant, on peut concevoir le meilleur dispositif qui soit sur le papier avec un financement adapté, cela ne sert strictement à rien si personne ou trop peu de personnes ne veut l'utiliser. Ici, tout est fait pour dégoûté le candidat.

Maintenant, on se trouve face à un gouvernement et des organisations syndicales complètement autistes, que ne comprennent rien, ne veulent pas comprendre et ne semblent pas voir toutes les conséquences de ce qu'ils font actuellement. Pire encore, ils se permettent d'être insultants si on leur résiste.

Mis à part les hiboux, personne ne veut vraiment "gueuler" et se montrer encore plus agressif. Et avec les vacances cela ne va pas s'arranger. C'est à en pleurer de rage...

Écrit par : bcallens | 12/07/2015

@Callens

Vous indiquez:
"Sur ce point, rien n'a vraiment changé parce que maintenant, l'obstacle sera l'OPCA..."

Pourriez-vous nous préciser en quoi un OPCA serait un obstacle pour le salarié voulant réaliser une formation en mobilisant son CPF ?

Écrit par : Olivier PHELIP | 12/07/2015

Petite faute d'orthographe : "Pour dégoûter...9ème §"...

Écrit par : bcallens | 12/07/2015

@callens : ce que je veux dire c'est que le système de comptabilisation des heures de formation ou même de transfert n'a plus guère de sens aujourd'hui (ou en tout cas une portée secondaire)

Compter les heures et transférer ces mêmes heures n'a pas de sens dans la mesure où la formation ne consiste pas à cumuler des heures pour se former une fois tous les X années (6 ans en général).

Si cela était réellement mis en oeuvre , le CIF serait totalement percuter puisqu'un salarié en CIF peut disposer de 800 ou même 1000 heures de formation après seulement deux ans de travail (et 1 an d'ancienneté dans le poste).

On aurait donc d'une part un dispositif qui permettrait (en théorie) de se former hors du travail durant 6 à 9 mois tout en étant payé de 90 à 100 % par le Fongecif et en face un CPF qui cumulera tous les handicaps :

- pas plus de 150 h de formation par an
- aucun accompagnement du salarié sauf par un improbable et inutile CEP
- une formation hors temps de travail (sauf dans le cas hautement improbable ou rarissime d'un employeur qui offrirait 3 ou 6 mois de salaire à un salarié voulant faire son CPF)
- aucune allocation formation
- un incapacité de trouver des centaines d'heures hors temps de travail (et même si elles existaient, comment adapter les plannings compatibles avec le travail pour des formations de plusieurs centaines d'heures ?)
- une liste limitative, instable et souvent déconnectée des besoins de formations des entreprises (la formation de garçon-Vacher par exemple)
- un financement ni garanti ni sécurisé (l'abondement volontaire est la seconde plaisanterie du CPF, personne ne paiera volontairement, ni le salarié, ni l'employeur, ni la région ni les Fongecifs)
- aucune prise en charge du salaire
-....


Sur le transfert des heures tout au long de la vie professionnel.

C'est encore un faux problème, très très peu de salariés ont été confrontés à une demande de DIF transférable dans la mesure où les salariés convaincus par la formation utilisaient leur DIF tous les ans et ceux qui n'étaient pas convaincus ne l'auraient de toute façon pas utilisé chez un nouvel employeur.

Je suis convaincu désormais que cette possibilité de garder ses heures de formation sera l'obstacle numéro 1 à l'utilisation de ces mêmes heures.

Les travailleurs français dans un classique réflex de thésaurisation vont donc garder des dizaines et centaines d'heures de CPF sans les utiliser plus qu'ils ne l'ont fait du DIF (ce sera même beaucoup moins qu'avec le DIF car on a complexifié à outrance les process de départ en formation)

Bref, le CPF est totalement inutile et vain, pas du tout un progrès par rapport au DIF mais bien une régression de la formation et des possibilités éducatives des adultes en France.

Si même par extraordinaire on parvenait (dans 10 ans au moins) à retrouver le chiffre des 600 000 DIF par an que nous avions atteint, ces formations seraient pour la plupart inutiles, inadaptées et sans effets sur le niveau réel de compétences des salariés (le problème de la formation en France c'est aussi de la formidable césure entre une éducation nationale qui lévite loin des besoins des entreprises, qui travaille en grande partie pour elle et ses personnels).

Les problèmes de la formation en France sont de nature systémique et ne peuvent être traités à part si on laisse l'éducation nationale dériver et le travail se détériorer.

Le CPF aborde la formation pour le plus petit bout de la lorgnette et propose de mauvaises solutions (technocratique, centralisée et inadaptées au travail) à un faux problème (compter et garder ses heures).

Écrit par : cozin | 12/07/2015

@COZIN

Votre commentaire est si desservi par de nombreuses approximations qu'il en devient incommentable...

Un seul exemple: "aucune prise en charge du salaire" alors que le R. 6323-5.-IV prévoit que, sous réserve de l'accord exprès de son CA, un OPCA peut prendre en charge la rémunération des salariés en formation pendant le temps de travail au titre du CPF, dans la limite de 50 % du montant total pris en charge pour le financement de la formation des heures inscrites sur le compte.

Écrit par : Olivier PHELIP | 12/07/2015

@ Olivier PHILIP

Je comprends que ma phrase était un peu abrupte et qu'elle a pû heurter. Elle était trop ambigue. C'est toujours un risque lorsqu'on écrit à la volée sans possibilité de se corriger ultérieurement.

Ce que je voulais dire est qu'au temps du DIF, le salarié n'avait en face de lui qu'un seul interlocuteur : son employeur qui pouvait refuser sa demande.Le reste ne le concernait pas. C'était le seul obstacle qu'il pouvait percevoir.

Avec le CPF, il va devoir se montrer beaucoup plus proactif car il aura désormais en face de lui de multiples intervenants (CDC, OPCA...) qui se comporteront comme de véritables administrations au sens large du terme (après tout, les OPCA sont, d'après la jurisprudence, regardés comme assurant une mission de service public fussent-elles des personnes morales de droit privé). La moindre erreur se traduira au pire par un rejet au mieux par des retards et ce sera inévitable en raison de la complexité du dispositif. Difficile de ne pas y voir un obstacle.

Écrit par : bcallens | 12/07/2015

La complexité du dispositif ne peut en effet être niée pas plus que l'investissement à réaliser par les actifs.

Pour autant, le salarié n'est pas laissé seul dans l'appropriation du CPF: il peut s'appuyer sur son employeur (lui-même épaulé par son OPCA) et/ou sur un Conseiller en évolution professionnelle (CEP). Et en cas d'erreur, l'OPCA doit veiller à être facilitateur et pédagogue pour inviter le demandeur à rectifier -quand cela sera possible- son dossier. Je concède que cela est aujourd'hui faisable du fait de la volumétrie modeste des demandes et que cela sera plus compliqué lorsque que leur nombre augmentera (mais alors les réseaux CEP auront été pleinement déployés et pourront prendre le relais).

PS: la CDC n'est pas à proprement parler un interlocuteur pour le montage d'un dossier de formation. Sauf cas très particulier, une éventuelle interlocution n'a lieu entre la CDC et un titulaire qu'en cas de difficulté lors de l'activation de son compte par le titulaire.

Écrit par : Olivier PHELIP | 13/07/2015

@ Olivier PHILIP : vous êtes très optimiste avec le CEP. Celui-ci succède au fiasco évident du SPO (Service public de l'Orientation) mis en place par la loi de 2009
On ne voit pas par quel miracle le CEP rendrait plus de services que le SPO.

Au mieux on aura des conseillers qui aideront les salariés à se débrouiller dans le maquis et le b. que l'Etat a lui même créé avec la nouvelle règlementation.

Ca devient une habitude désormais : on crée du chaos et de l'incompréhension avec des règlements mal fichus et ensuite on (re)crée des emplois publics (ou assimilés) pour tenter de mettre de l'ordre dans les dossiers inassimilables par le commun des mortels.

Dans 2 ans tout le monde devra remplir sa déclaration d'impôts sur Internet et l'Etat devra embaucher des emplois jeunes pour accompagner les 20 ou 30 % de contribuables qui n'y arriveront pas (à commencer par les Seniors).

Écrit par : cozin | 13/07/2015

Bonjour,

Et ce n'est pas tout...Il faudra compter avec les exigences propres aux formations concernées. Mis à part les formalités administratives qui devront être menées par le salarié , certaines supposent une sélection à l'entrée, des cours s'étalant sur une période plus ou moins longue, avec des horaires pas nécessairement adaptés, avec un examen final pour couronner le tout.

La plupart des salariés ont une famille et ils ne sont probablement pas disposés à sacrifier des parts de temps libre (pendant le temps de travail, cela risque d'être difficile...). Et à supposer même qu'une part significative d'entre eux prennent leur courage à deux mains, on va vers des échecs massifs, il ne faut pas se leurrer ce qui représente une perte d'argent et de temps considérable. C'est une folie...

Écrit par : bcallens | 14/07/2015

Bonjour,

Et sur les statistiques, rappelons un chiffre en soi ne veut rien dire. Un taux d’augmentation non plus…

Pour avoir une idée plus réaliste de la situation faut faire une comparaison entre le nombre d’heures consommées sur une période donnée et le nombre d’heures disponibles...

Écrit par : bcallens | 15/07/2015

La formation est totalement atteinte par les improvisations de Michel Sapin et la peur de son successeur de toucher à quoi que ce soit et l'incompétence des syndicats qui ont signé et approuvé le CPF.
Le CPF n'est pas un progrès, garder des heures inutiles ne permet en rien de se former.
Le process CPF ne tient pas la route et il ne la tiendra jamais (ou alors il faut restaurer le DIF en laissant un CPF, simple compteur).

Ceux qui se demandaient si l'Etat avait vraiment la capacité de réformer la formation sont servis, ils ont une réponse en grandeur nature; 15 millions de salariés du privé et 5 millions de chômeurs empêchés de se former !

Écrit par : cozin | 15/07/2015

Bonjour,

La capitalisation des heures n'est pas en cause. Le problème est que les salariés ne les utilisent pas. Et ce qui valait pour le DIF vaut encore pour le CPF puisque le principe de base est le même, abondements mis à part.

Par contre, il y a eu, pour le DIF un défaut de communication : on n'a jamais insisté sur le plafonnement et sur la circonstance qu'en consommant ses heures, le salarié bénéficiait non seulement d'une formation gratuite mais qu'en plus il était payé pour se former.

Bref, il y avait une carotte dont l'existence a été soigneusement dissimulée.

Écrit par : bcallens | 16/07/2015

Je voudrais faire part de ce que j'ai observé au niveau des listes, qui me donnent un sacré mal de tête en ce moment :

Le circuit de validation est assez complexe et les informations très peu ergonomiques. On trouve les listes par branche et par région en format excel avec tous les codes, en date du 22 juin, sur le site moncompteformation - liste des certifications éligibles. Mais il faut télécharger plus de 130 fichiers excel et faire le tri dans chacun à la main, car elles ne sont pas classées par type de formation.
On les retrouve également sur le site du Fonds de Sécurisation en un seul fichier téléchargeable.
Ensuite il faut aller sur le site de l’inventaire (CNCP) car pour que les certifications soient reprises dans le moteur de recherche du site moncompte ils doivent (en principe) être inscrits â l’inventaire.
La dernière liste de l'inventaire de la Commission plénière du 10/07/2015 vient d'être publiée en format PDF, avec uniquement les intitulés. Pour les langues, on découvre le TEF, le Bright, le Best, et quelque chose nommé « compètences linguistiques », sans autre précision.
Si on recherche ces certifications à l’aide de la recherche sur ce même site (inventaire) on en retrouve quelques unes, mais pas par exemple le TOEIC ou le TOEFL. Pourtant ils sont bien inscrits à l’inventaire?
Quand au Cambridge Business English Certificate (BEC), il existe dans les listes du site moncompte et du Fonds de Sécurisation, mais pas dans l’inventaire.
Lorsqu’on recherche les formations sur le site moncompteformation, rubrique recherche, on découvre que depuis peu, on ne peut faire la recherche qu’avec à la fois le mot clé (ex: anglais), la région et la branche professionnelle (qui n’est pas toujours la même que celles qui apparaissent sur les listes). Donc il faudrait faire environ 2800 recherches pour chaque langue pour recenser toutes les certifications existantes sur le site (une centaine de branches et 28 règions).

Les listes du 22 juillet (mais pas les décisions actées par la COPANEF au 7 juillet) ont bien été rentrés, mais il y a des anomalies.
On découvre par exemple que lorsqu’on choisit la région Île de France et la branche du travail temporaire, avec la clé anglais, il y a le Bulats, le Toeic, Gymglish, le Bright, le DCL. Pourtant, si on substitue ‘anglais » par BEC, le Cambridge Business English Certificate apparait bien, alors qu’il n’est pas dans l’inventaire! Si je prends la branche des Arts du Spectacle vivant, en anglais je trouve le DCL, le Bulats, gymglish, le Bright, le Toeic. Sachant que le BEST est sur la liste de branche et â l’inventaire et substituant « anglais » par Best – le Best apparaît bien!
Bref, ça ne vas pas être simple pour les utilisateurs.

J’ai tenté hier de comprendre en appelant la CNCP, mais mon interlocuteur n’a que des informations partielles et ne pouvait pas beaucoup m’aider, malgré sa bonne volonté. Il a en revanche confirmé qu'une refonte de l'outil informatique est en cours. J’ai également appelé Cambridge et Best, qui n’étaient pas au courant des ces informations, car ils n’ont reçu aucune communication.

Je pense qu’un effort de simplification, de coordination entre les différents acteurs et de communication serait bien utile…

Écrit par : andrew wickham | 16/07/2015

Si l'on supprimait ces listes absurdes , les choses seraient brusquement beaucoup plus simples...

Écrit par : bcallens | 16/07/2015

Pour prendre un peu de hauteur - s’agissant de transport aérien, voici de quoi répondre à votre interrogation sur le mystérieux "Compétences linguistiques":
http://inventaire.cncp.gouv.fr/fiches/484/

Écrit par : Olivier PHELIP | 16/07/2015

Les certifications TOEFL (Code inventaire: 99990), TOEIC (#99989) et BEC (#99991) sont bien à l'Inventaire mais, vous avez raison, elles ne ressortent pas sur le moteur de recherche de la CNCP (http://inventaire.cncp.gouv.fr/search/fiches/?flush=1).
Cela tient peut-être au fait qu'il s'agit là des premières certifications Inventaire et que, de ce fait, leur gestion n'est pas optimale sur le site...
Il semble que le moteur traite bien les certifications avec un Code court (Bright #93 - TEF #319 - BEST #535) mais a plus de mal celles avec un Code commençant par 999.

Écrit par : Olivier PHELIP | 16/07/2015

Merci Olivier!
Pourtant, lorsque je recherche cet intitulé sur le moteur de recherche de la CNCP (inventaire), rien n'apparaît sur le radar. Sans doute parce que c'est une composante d'un parcours pilote de ligne.

@bruno
Je doute que l'option de supprimer les listes soit envisageable maintenant. Je n'imagine pas la tête de ceux qui ont travaillé d'arrache pied depuis des mois pour concevoir et constituer ces listes si l'autorité publique décidait de tout balancer par le hublot!
Ce qui est certain, c'est qu'il faudrait penser à nommer un pilote.

Écrit par : andrew wickham | 16/07/2015

La seule raison pour laquelle le gouvernement ne reviendra sans doute être pas sur sa réforme ratée de la formation c'est que l'absence de formation ne se voit pas toute de suite (et le peuple ne descendra pas dans la rue s'il ne peut plus se former).
la tactique des pouvoirs public est facile à imaginer : on fait le gros dos à chaque bilan catastrophique (l'exercice est plus facile qu'avec le chômage tous les mois).
De toute façon l'objectif n'est plus de démontrer qu'on a eu raison mais de tenir tête aux faits et à la réalité jusqu'à 2017.

Écrit par : cozin | 16/07/2015

Par contre, les défaillances des OF peuvent se voir, elles, tout de suite...

Écrit par : bcallens | 17/07/2015

les pouvoirs publics ne sont pas à 50 000 emplois perdus près et de toute façon de nombreux formateurs étaient indépendants, donc au pire ils émargeront au RSA (après des mois de démarches) et ne grossiront pas les rangs des demandeurs d'emplois de catégorie A.
On est capable en France de dépenser 100 millions d'euros pour tenir à bout de bras une usine symbole et de laisser mourir tout un tissu de PME parce médiatiquement les dommages sont plus faibles.

Un exemple : un OF en région Rhône alpes: 25 salariés en chômage partiel et une centaine de formateurs indépendants à la rue.
L'objectif (secondaire) de la réforme était aussi celui là (du fait d'une vision Etatique de la formation) : Tout pour le public (qui s'effondre) et le moins possible pour le secteur privé (qui n'a qu'à chercher ses marchés à l'extérieur du pays).
L'éducation nationale est leur modèle.

Écrit par : cozin | 17/07/2015

@bruno
ils peuvent se voir...statistiquement. En termes de drame humain qui accompagne chaque défaillance, on ne voit rien, on n'entend rien. En anglais on a une expression pour ça: "silent screams"
Savez-vous comment on décrit les gérants pris dans une défaillance chez les vautours du Tribunal de Commerce? Les 3D. Divorce, Dépression, Dépot de Bilan.

Écrit par : Andrew Wickham | 17/07/2015

Non. Le problème, c'est la résignation...

Écrit par : bcallens | 17/07/2015

Petite précision: le terme de vautours ne se réfère pas aux tribaunaux eux-même, mais a certains spécialistes du dépot de bilan qui hantent ses couloirs à la recherche d'affaires juteuses.

Écrit par : Andrew Wickham | 17/07/2015

Qu'est-ce qui vous permet d'insulter les vautours de la sorte ? Ils sont très utiles dans la nature ! (je parle du volatile bien sûr...)

Écrit par : bcallens | 17/07/2015

Une grande entreprise dans les transports au tél (5 000 personnes dans l'Ouest du pays) : "le CPF est un non sujet". On est à des années lumière d'un développement national.

Écrit par : cozin | 17/07/2015

Que le CPF ne les intéresse pas on le comprend...

Écrit par : bcallens | 17/07/2015

Voici le parcours d'un stagiaire souhaitant mobiliser son CPF
http://www.youtube.com/watch?v=5_00bbE9oxQ&sns=em
À bon entendeur...

Écrit par : Nbompoint | 21/07/2015

Nous sommes tous des Harry Tuttle! Bien vu Nbompoint.

Écrit par : SYLVAIN | 21/07/2015

"Voila le reçu de votre mari et voici le reçu pour mon reçu."

Écrit par : Adrien SANGIACOMO | 21/07/2015

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