09/07/2015
Le retour du PIF
Et non, ce n'est pas la nostalgie suscitée par la reparution, le 24 juin dernier, d'un numéro spécial de PIF, au demeurant assez décevant, qui motive ce titre. C'est la persistance de certains OPCA à considérer que leur fonction première est de suspecter tout demandeur d'en vouloir à son argent et de faire de la formalité paperassière la quintessence de la qualité de son action (car si les OPCA doivent évaluer la qualité des prestations des organismes de formation, qui doit évaluer la qualité des services rendus par les OPCA ?). Voici encore des OPCA exigeant que des organismes, en vertu de la "circulaire du 20 août 2014" (sic : ne cherchez pas elle n'existe pas, ah oui il y a eu un décret ce jour là, disons que c'est pareil...) et de la loi du 5 mai 2014 que les organismes qui font des formations à distance complètent un PIF de trois pages précisant les temps de connexion, les horaires de formation, les regroupements en présentiel, etc.
Soit très précisément tout ce que la loi et le décret suppriment de manière officielle : aucune prise en compte de la notion de durée forfaitaire, aucune trace de l'assiduité, confusion entre l'exigence d'un accompagnement pédagogique et l'intervention d'un formateur, etc. Bref, un galimatia sans cohérence ni rigueur mais dont le résultat est, au nom de la loi, d'exiger l'exact contraire de ce qu'elle prévoit. Y a pas à dire, on fonce à pleins tubes vers la modernité et l'innovation.
Du coup, dans l'interview réalisée pour le Digital Learning Day, qui s'est également tenu le 24 juin, je parais un tantinet optimiste, mais vous savez que c'est ma nature : https://vimeo.com/131064301
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
En effet. Le temps de connexion est une mesure peu pertinente au niveau du distanciel.
Dans beaucoup de cas, l'apprenant ouvre son compte et le laisse ouvert, tout en faisant autre chose. Lorsque la plateforme prévoit une déconnexion après un certain temps d'inactivité, il suffit, en connaissant le minutage, de cliquer de temps en temps et le tour est joué. Autre astuce: certains formateurs qui font du "blended distanciel" (skype ou téléphone) demandent à l'apprenant d'ouvrir son module e-learning pendant le cours - le temps est donc compté deux fois. On termine avec des temps de connexion sans rapport avec la réalité du travail effectué.
Il y a des plateformes d'e-learning en revanche qui attribuent un forfait en temps à chaque exercice (en ne comptabilisant ce temps qu'une fois). Cela me paraît bien plus pertinent et davantage dans l'esprit du décret. Si par ailleurs on a un scoring des exercices réalisés, des tests de progression réguliers et les dates et horaires de connexion, on dispose là de mesures relativement fiables et facilement traçables du travail accompli, en tout cas pour la partie non tutorée du programme.
Mais le problème principal il me semble est que tout contrôle extérieur d'un parcours de formation, en particulier lorsqu'il est blended ou multimodal, exige des moyens qu'aujourd'hui, les OPCA n'ont pas ou plus, depuis la fin du 0,9%. Qui aura le temps de lire les programmes, les bilans de fin de stage, ces formulaires à trois pages pour le FOAD, les questionnaire d'évaluation? Alors pourquoi exiger encore plus de documents à remplir?
On est en train de créer en France une industrie de formation championne du monde de la production de paperasse - des tonnes de documents remplis pour la forme destinés à grossir des archives jamais consultés qui finiront leur vie, après quelques années à ramasser de la poussière, directement dans la poubelle. Et des métiers administratifs dénués d'intérêt. sans valeur ajouté pour l'apprenant, l'organisme ou le financeur. Le tout à un coût exorbitant qui comprime les marges des organismes au point qu'ils n'ont guère les moyens de faire ce qui, après tout, est leur seule raison d'être : de fournir une formation de qualité à leurs apprenants.
Écrit par : Andrew Wickham | 09/07/2015
les pouvoirs publics ont réussi à transformer la formation professionnelle d'un pays de 65 millions d'habitants en une gigantesque pétaudière (le mot a été utilisé jadis par F Mitterrand).
Plus personne n'y retrouve plus aucun petit, c'est la chienlit (le mot était de De Gaulle), la sinistrose et la déprime collective.
Si la réforme actuelle n'est pas abandonnée durant l'été, la formation ne pourra se remettre en ordre de marche avant des années.
Écrit par : cozin | 09/07/2015
Belle cravate mon Jumeau... elle aussi est optimiste !!!
Écrit par : Shreck | 09/07/2015
Salut mon jumeau : ce n'est pas à toi que je vais apprendre ça, les jours où tu as la tête un peu en biais, tu mets une belle cravate. Ces temps derniers, c'était assez fréquent (ce qui permet de rigoler un peu lorsqu'on te dit : vous êtes courageux de mettre une cravate par cette chaleur). Mais ne t'inquiète pas : dans 15 jours j'enlève tout !
Un abrazo
Écrit par : Jpw | 10/07/2015
@jpw
Une question, si vous voulez bien :
Tous les OPCA demandent-ils ces formulaires à trois volets pour la formation à distance? Et font-ils partie du bilan de fin de formation?
Autre interrogation, ici aussi pour Marc et Olivier : si je mets en place un parcours multimodal avec du présentiel, du téléphone et du e-learning, une seule certification est-elle suffisante?
Par exemple:
20 heures de face à face en groupe
10 heures de parcours téléphonique
Une licence de 3 mois de gymglish (15 heures).
La certification proposée est celle de gymglish.
Ca passe avec l'OPCA? Ou vais-je devoir prévoir un TOEIC/BULATS/BRIGHT/DCL/BEST en plus?
Écrit par : Andrew Wickham | 13/07/2015
Bonjour Andrew
Il n'y a aucune utilité / obligation à empiler frénétiquement les certifications ! A partir du moment où la parcours vise une certification éligible pour le titulaire, le dossier peut avancer sereinement.
Cordialement
Écrit par : Olivier | 14/07/2015
Qui peut croire qu'un OPCA suivra de près une telle formation mêlant présentiel, téléphone, distanciel ou autre. Cela me semble impossible (parfois on nous a refusé le règlement de la totalité d'une facture portant sur plusieurs mois pour une seule signature stagiaire légèrement différente d'une semaine à l'autre).
De deux choses l'une, soit tout sera accepté dans les prochains mois à partir du moment où une certification sera planifiée en fin de formation soit le système va encore plus se raidir et de très rares personnes pourront se former à l'avenir.
Écrit par : cozin | 14/07/2015
Merci Olivier - il faut bien être pragmatique, même si pédagogiquement, ce n'est pas l'idéal. Mes clients ont besoin de réponses claires et simples. B'espère en tout cas que toutes les OPCA adopteront cette approche - le manque de règles communes et l'esprit tatlon de certains désoriente tout le monde.
Écrit par : Andrew Wickham | 14/07/2015
L'esprit "tatlon" est-il un de ces mots valises chers aux Grands-Bretons pour désigner l'esprit TATilLON de ceux qui doivent avancer à TATON en risquant des coups de TALON ?
Écrit par : Olivier PHELIP | 14/07/2015
@Olivier PHELIP
Touché! Trois fôtes dans un texte de 5 lignes, c'est inexcusable. J'accuse mon smartphone, of course.
Olivier (je présume que celui qui signe Olivier sans PHELIP ici c'est un autre Olivier?), quelles preuves de la réalité des formations en ligne demandez-vous à Uniformation? J'imagine que vous ne demandez pas de remplir un formulaire de trois pages avec les temps de connexion, l'assiduité, etc.. (tels que décrits par jpw ici)?
Le sujet du FOAD et la manière dont les OPCA le gèrent est capital pour les OF linguistiques, car il y a de moins en moins de formations qui n'intègrent pas une partie en ligne. Dommage encore une fois qu'il n'y ait pas de procédure commune.
@didier
Je pense que malgré les lourdeurs évidentes du système mis en place, les choses commencent à bouger, grâce notamment aux efforts méritoires des OPCA Uniformation, Afdas, Opcalia, Défi, Opcaim, Opca Transports et Fafiec. Opcalia vient de valider, au 10 juillet, son millième CPF. Si les autres OPCA s'y mettent, peut-être évitera-t-on une hécatombe parmi les OF cette année.
Nous sommes aujourd'hui à 174 défaillances parmi les organismes ayant le code 8559A et B (enseignements divers) ayant un CA de plus de 100 k€ en 2015, comparé à 100 pour la même période en 2014.
Écrit par : Andrew Wickham | 14/07/2015
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