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21/05/2014

Le droit est arrivéééééé.....

On réclamait Mickey, et voici Zorro. Toujours disponible lorsque l'on a besoin de lui, le juge choisit dans une décision du 7 mai 2014 de venir au secours des responsables formation qui, hier, appelaient le droit à la rescousse. Après avoir sanctionné l'absence de toute formation pendant 16 ans, puis 15 ans, puis 12 ans puis 10 ans, la barre est désormais fixée à 7 ans. On se rapproche de la toise positionnée par la loi du 5 mars 2014 à 6 ans, puisque toute entreprise doit désormais justifier d'un taux d'accès à la formation de 100 % sur 6 ans. Selon les juges, l'absence de formation établit le manquement à l'obligation de maintien de l'employabilité. Et à l'entreprise qui demandait à la salariée d'indiquer en quoi son employabilité s'était dégradée en 7 ans, la Cour de cassation répond que l'absence de formation constitue en elle-même le manquement. Voilà qui a le mérite d'être clair. Zorro est arrivé. 

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Maurizio Cattelan - Sans titre - 1996

Certes, la décision souffre de deux limites. La première est que la salariée a obtenu une indemnité de 6 000 euros pour le préjudice, soit une prime de 1000 euros par an, ou presque, pour l'absence de formation (ne posons surtout pas la question aux salariés de savoir s'ils préfèrent être formés régulièrement ou percevoir une indemnité compensatrice). Ce qui reste dans la fourchette des indemnisation accordées jusque-là à ce titre (entre 3 000 et 7 000 euros). Mais surtout, et c'est peut être ce qui risque d'être le plus contreproductif, à l'heure où l'on essaie de mettre l'accent sur le résultat plus que sur le moyen, sur l'employabilité plus que sur la formation, le juge persiste à considérer la formation comme l'unique moyen de l'employabilité. Mais il faut bien qu'il assume jusqu'au bout son rôle de Zorro. On dit merci qui les responsables formation ?

Commentaires

Si on attend que chaque employeur n'ayant pas formé ses salariés soit sanctionné par les prud'hommes on n'est pas sorti de l'auberge. Dans une grande entreprise les DAF n'auront aucun mal à calculer le (faible) coût et les (petits) risques à ne pas former et comme en plus les salariés sonten général très peu demandeurs de formation on ne s'en sortira sans doute pas comme cela.
Une culture formation se bati dans le temps et dans la plupart des entreprises françaises on préfère (très largement) gagner plus que se former (même un petit peu).

On se demande en 2021 combien de CPF qualifiant de 150 ou 200 heures auront été menés dans les entreprises, on peut parier que dans l'état actuel des choses et avec la crise qui s'aggrave un peu partout, on devra comptabiliser les CPF sur mille (et non plus en pourcentage comme le DIF et ses 6 %)

Le plus amusant est que la presse reprend le texte de loi sans se demander si ce qui est écrit a la moindre chance d'être mis en oeuvre (avec un budget de quelques dizaines d'euros par an).

Écrit par : cozin | 22/05/2014

@cozin : effectivement, la peur du gendarme est un faible élément de motivation. Par contre, cela n'empêchera pas d'avoir du volume sur le CPF : pas forcément sur des formations de 150 ou 200 heures, certainement sur des plus courtes...et il ne faut pas oublier qu'il y aura 700 millions d'euros dans la cagnotte.

Écrit par : jpw | 23/05/2014

Bonjour,

Qu'entendez-vous par "plus courtes" ? Des formations de deux, trois jours ? (soit entre 14 et 21 heures ) ?

Écrit par : bcallens | 23/05/2014

En fait on a cru chasser le DIF par la porte et il pourrait revenir par la fenêtre, subrepticement puisqu'il faut bien laisser croire qu'on fait du neuf.
Nous allons donc avoir des modules de formation de 14 ou 21 heures censés préparer des formations certifiantes ou qualifiantes de 150 ou 200 heures; mais à raison de 14 h par an il faudra donc 10 ans pour préparer une certification ! qui assurera le suivi des actions sur une telle durée, l'organisme de formation n'existera peut être même plus au passage de la certification.

Mon idée est que le CPF ce sera juste un milliard d'euros pour payer les rémunérations des chômeurs (même pas leur formation, juste leur salaire) via le FPSPP.

On aimerait savoir ce qu'il sera possible de réaliser à partir de janvier 2015 comme formation certifiante sans disposer encore d'heures de CPF (ni donc de financement via les OPCA) ! tout cela sent l'improvisation et si le sort professionnel de 15 millions de salariés du privé n'était pas en jeu on pourrait sourire devant tant d'amateurisme et de bons sentiments éducatifs.

Écrit par : cozin | 23/05/2014

Bonjour,

Cet arrêt (que je n'ai pas trouvé d'ailleurs) ne fait que rappeler une jurisprudence constante depuis l'arrêt "Union des Opticiens" qui commence à dater.

Le problème est que, curieusement, certains ont énormément de mal à regarder le maintien (voire l'amélioration) de l'employabilité comme relevant (aussi) de la responsabilité de l'employeur...Il suffit de jeter un coup d’œil sur les manuels de droit du travail pour s'en convaincre.

Écrit par : bcallens | 29/05/2014

Nombre de sociétés jouent en ce moment leur survie, le droit du Travail, les charges sociales ou la jurisprudence ne jouent plus quand il s'agit de sauver sa peau .
On l'a vu récemment lors d'un PSE discuté à l'Assemblée Nationale quand un ministre du Travail (parti vers d'autres horizons depuis) a dit que le montage qui consistait à ne reprendre que des personnels choisis par le repreneur était contraire au droit du Travail mais qu'il pensait que des juristes "talentueux" trouveraient sans doute une parade pour passer outre le droit du Travail.
En gros notre droit du Travail fait chuter le pays mais on ne peut pas le changer pour des raisons politiques, débrouillez vous donc pour faire sans lui, mais sans vous faire prendre.

La responsabilité sociale des entreprises c'est pareil. On ne peut pas avoir le plus haut niveau de prélèvements sociaux au monde (ou presque) et exiger que les entreprises assument en plus un rôle social conséquent (y compris en matière de formation). Soit l'Etat se réforme (par exemple son Education nationale) et assume ses responsabilités sociales soit il baisse drastiquement les charges des entreprises.
On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre dans une société ouverte et concurrentielle.

Écrit par : cozin | 29/05/2014

Les commentaires sont fermés.