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16/04/2012

Miroir déformant

Le Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Emploi et les Qualifications (CEREQ) vient de publier un bilan du DIF qui a la tonalité d'un constat de décès (voir ici). Selon les auteurs de l'étude, seuls 6 % des salariés ont utilisé leur DIF en 2009 et les chiffres 2010 seraient comparables. Un fiasco donc, loin des espoirs que la mesure avait fait naître. Passons sur l'approche scientifique qui consiste à comparer des chiffres et des espoirs et venons en au fond. Tout d'abord, le chiffre de 6 % est rapporté à l'ensemble des salariés. Or, moins d'un salarié sur deux suit une formation chaque année. Ce qui pourrait permettre de présenter les résultats quantitatifs en considérant que 15 % environ des salariés qui vont en formation le font dans le cadre du DIF. Par ailleurs, en 2010 on devrait approcher des 30 % d'entreprises dans lesquelles le DIF est utilisé. L'étude minore ce résultat en estimant que le nombre d'entreprises concernées semble stagner. Les auteurs ont-ils vu le tassement de l'activité de formation des entreprises en 2009 et 2010 ? Le CEREQ pointe également une faible durée moyenne de formation, égale à 23 heures. Mais les deux tiers des actions suvies dans le cadre du plan de formation ont une durée inférieure.Bref, une vision tellement réductrice et si peu mise en perspective qu'elle agit largement comme un miroir déformant.

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Et surtout, vouloir comprendre l'impact d'un dispositif de formation en se basant sur l'exploitation des déclarations fiscales des entreprises, c'est considérer que tout chiffre est une réalité et qu'il suffit de la commenter pour formuler une vérité. En réalité, il faudrait partir du fait que plus de 600 000 salariés se sont formés dans le cadre du DIF et aller voir en quoi ces 15 % de salariés utilisant le dispositif pour accéder à la formation ont contribué, ou pas, à modifier les pratiques de formation. Il faudrait regarder les parcours mis en place par les entreprises, les catalogues, les actions innovantes et se poser quelques questions non réductibles à la statistique. Il faudrait également considérer que le DIF n'est pas forcément utile partout : dans nombre d'entreprises l'accès à la formation est suffisamment garanti pour que le DIF ne soit pas utilisé et il faudrait cesser de considérer que tout salarié a besoin de formation de même que la formation n'est pas le seul ni même le principal moyen de développer ses compétences. Bref, évitons de faire un bilan d'un dispositif en le comparant à ce qu'il n'est pas et essayons d'aller voir de plus près à quoi il ressemble.

Commentaires

Bonjour,

Les autres sont des miroirs qui nous renvoient notre propre image. Et que pensez-vous d'une enquête réalisée récemment sur un panel de 270 personnes par un célèbre organisme de formation ?

Cette question s'accompagnera d'une petite contradiction (je ne peux pas m'empêcher) : le CEREQ n'a jamais prétendu, comme vous le suggérez qu'une formation est nécessaire pour chaque salarié. En revanche, les créateurs du DIF nous ont expliqué en 2003 que l'objectif de ce dispositif est de permettre "à chaque salarié d’être acteur de son évolution professionnelle" ...Or avec 94% de salariés qui n'ont pas utilisé ce dispositif en 2009, il faut reconnaître que l'objectif n'est pas totalement atteint...Le CEREQ s'arrête là. Je n'ai pas vu plus de commentaires...

Concernant la fiabilité de ces chiffres, je ne vois pas en quoi exploiter le cadre B de la 2483 qui a été conçu uniquement à des fins statistiques, est contestable ? Peut être qu'un panel de 270 personnes est moins réducteur ?

Cordialement,

Écrit par : F.F | 16/04/2012

Bonjour,

Votre sagacité étant grande, il ne vous aura pas échappé que l'enquête DEMOS (on peut dire les noms), réalisée depuis 6 ans porte sur les pratiques dont elle mesure l'évolution d'année en année. Il ne s'agit pas de rendre compte du DIF dans son ensemble mais de la manière dont ceux qui l'utilisent se le sont approprié. En début d'enquête vous trouverez le constat que les utilisateurs sont surreprésentés. Il en va ainsi aussi bien dans l'enquête entreprise que salarié.
Le CEREQ propose lui un bilan global du DIF en faisant comme si la statistique sur le taux d'utilisation rapporté au nombre global de salariés était un indicateur pertinent sous prétexte qu'il figure dans un document fiscal. Ce que conteste effectivement c'est la pertinence de cette approche qui ressemble trop à ces constats définitifs fait à partir de quelques chiffres qui donnent l'impression aux décideurs d'avoir appréhendé une réalité qu'ils ne connaissent pas.

Plus largement, comme pour les 35 heures dont il n'est pas possible de faire un bilan général tant il demanderait à être nuancé au regard de la multiplicité des pratiques, il ne me paraît pas possible de faire un bilan global du DIF qui se résumerait à un constat (quel qu'il soit). Etant un dispositif innovant, dans des pratiques qui le sont rarement, la meilleure manière de l'approcher est d'essayer de voir où et pourquoi il a été source d'innovation.

Cordialement

jpw

Écrit par : jpw | 16/04/2012

Une différence majeure : la mise en place des 35h (sous des formes très variées d'ailleurs) a concerné tous les salariés.

Effectivement, dans ce cas, vous avez raison : prendre en compte la multiplicité des pratiques (résultat des négociations, secteur d'activité etc.) pour mesurer l'efficacité (macro-économique) de cette mesure me paraît pertinent.

Mais malheureusement "comparaison n'est pas raison", à moins que vous avez analysé les pratiques d'un dispositif qui n'a concerné que 6% des salariés en 2009....

Cordialement,

Écrit par : F.F | 16/04/2012

...ou 15 % des salariés qui partent en formation. C'est souvent dans les pratiques minoritaires que se trouvent les innovations. C'est pour cela que les bilans généraux sur des chiffres bruts sans grande signification dont on tire des conclusions définitives du style 'ça ne marche pas" cela m'énerve un peu. C'est symptomatique de la dérive de quantification comme seule norme d'appréciation de la réalité. Juger d'après un reporting sommaire en quelque sorte. Le CEREQ doit avoir les moyens (?) d'aller un peu au-delà.

Bonne journée

jpw

Écrit par : jpw | 16/04/2012

L'exploitation des données issues des DF 2483 ne peut produire qu'une vision parcellaire de l'utilisation du DIF. Rares sont les entreprises qui renseignent précisément ce document au delà de l'obligation légale financière, quand il n'est pas rempli par le cabinet d'expertise comptable (pour les petites entreprises), lequel cabinet n'a bien souvent aucune idée de l'utilisation des dispositifs de formation, les entreprises ne leur transmettant pas.
Il serait judicieux de faire un rapprochement de ces chiffres avec le nombre de DIF et d'heures de DIF financés par les OPCA, cette source là serait plus fiable car peu d'entreprises financent le DIF en intégralité sur du plan. Le refus de financement de l'OPCA ( pas imputable, pas éligible....) constitue d'ailleurs bien souvent la cause de refus de l'employeur.

Écrit par : Eliane | 24/04/2012

Bonjour,

Rien à avoir avec le fond de la question, désolé, mais j'aimerais savoir où vous avez trouvé la photo illustrant l'article pour connaître la technique utilisée, merci.

Écrit par : Vincent | 05/09/2012

Bonjour Vincent,

C'est moi qui suis désolé car je pense que la réponse va vous décevoir. La photo a été prise à Venise, à la biennale de 2009, et l'oeuvre est de Nikola Uzunovski, elle s'intitule My Sunshine et il représentait la macédoine. Il s'agit d'un cube avec des parois en miroir déformant. J'ai simplement photographié une face. Le cube était posé sur la Riva Ca di Dio, au bord de la lagune. Si vous googlisez l'auteur et l'oeuvre vous verrez que je ne suis pas le seul à avoir saisi l'occasion. Il n'y a donc aucun procédé lié à la prise de vue ou à un travail ultérieur.

Bien à vous

jpw

Écrit par : jpw | 05/09/2012

Je vous remercie pour cette réponse précise en tout cas.

Écrit par : Vincent | 05/09/2012

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