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06/12/2010

Du rythme !

Au début du XXème siècle, Blaise Cendrars donnait du rythme à la poésie : en lui faisant prendre le transsibérien et en créant, avec la complicité de Sonia Delaunay, le premier livre simultané, autrement dit le premier livre artistique par sa typographie et son iconographie. Et ce n'est pas tout : relié d'un seul tenant, le livre se déplie et se déploie, se mettant lui-même en mouvement. La prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France rompt avec la poésie romantique et classique des décennies précédentes. Elle propulse dans la modernité, à coup de chevaux vapeurs et de sifflets de locomotives, une manière nouvelle de faire de la poésie. En rythme.

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Blaise Cendrars - Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France

Livre simultané illustré par Sonia Delaunay

Les acteurs sociaux feraient bien, au choix, de lire Blaise Cendrars ou de prendre le transsibérien pour retrouver du rythme. Que l'on en juge :

- La préparation opérationnelle à l'emploi (POE) est une des grandes innovations de la loi du 24 novembre 2009. Elle prévoit une utilisation massive des ressources du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) pour les formations de demandeurs d'emploi liées à des embauches. Le texte n'appelle aucun décret d'application. Juste une convention entre le FPSPP et Pole Emploi pour une mise en oeuvre opérationnelle. Plus d'un an après l'entrée en vigueur de la loi, la convention n'est toujours pas conclue et la POE ne fonctionne pas. Pas grave, les chômeurs ne râlent pas.

- La même loi prévoyait, conformément à l'ANI du 7 janvier 2009, qu'une négociation fixerait les conditions de mise en oeuvre du bilan d'étape professionnelle. Près de deux ans après la signature de l'ANI, aucun calendrier n'est fixé pour négocier la mise en oeuvre du bilan d'étape professionnel. Pas grave, personne n'a compris à quoi il servait entre l'entretien professionnel et le bilan de compétences.

- Les partenaires sociaux ont ouvert plusieurs chantiers dont deux qui portent sur leurs relations mêmes : le financement du paritarisme et la réforme des institutions représentatives du personnel. Ces deux thèmes n'apparaissent pas, à ce jour, dans les sujets qui pourraient être inscrits à l'agenda social 2011. Pas grave, l'Etat trouvera là un argument supplémentaire pour reprendre la main sur les terrains désertés par les partenaires sociaux qui protesteront, mais un peu tard.

Tout se passe comme si d'urgence il n'y avait point, comme si le rythme était celui de la vie des petites boutiques et des petites affaires. Le rythme de ceux qui décident n'est décidément pas celui de ceux qui auraient besoin qu'ils agissent vite et bien, c'est à dire deux fois bien.

Commentaires

Cet immobilisme que vous déplorez nous le constatons à tous les niveaux dans le corps social (et cela ne date pas d'hier)

- les entreprises qui ne bougent pas, ne changent rien, sont incapables de mettre en oeuvre autre chose que leur plan de formation (le DIF est un vœu pieux mais pourrait leur coûter cher)
- les partenaires sociaux qui font semblant de négocier ou de décider (on promet sur le papier et on passe à autre chose en espérant que tout le monde aura oublié les belles promesses)
- l'Etat définitivement incapable de prendre la mesure de la crise que nous traversons (ou qui garde la foi du charbonnier) et qui achète à crédit un semblant de paix sociale et économique
- les partis politiques (et notamment l'opposition) qui pensent que l'histoire leur repassera les plats et que les française peuvent espérer revivre les 30 glorieuses
- les salariés enfin qui ne bougent pas (assez), ne souhaitent pas se reconvertir ou attendent tout de leur employeur ou de l'Etat.


Bref notre pays me semble très mal équipé pour démarrer ce XXI ème exigeant et très concurrentiel (La région de Shanghai est désormais en tête du classement établi par PISA, l'éducation nationale s'écroule tous les ans un peu plus).

Sans de très très importants efforts et l'oubli de nos réflexes et habitudes du XX ème siècle nous aurons les plus grandes difficultés à tracer notre voie économique dans les années qui viennent.

Écrit par : cozin | 07/12/2010

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