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09/09/2008

Auto-entrepreneur

La loi de modernisation de l'économie du 23 juillet 2008 créé, à partir du régime micro social, le statut d'auto-entrepreneur. De quoi s'agit-il ? de la possibilité pour toute personne physique, quel que soit son statut par ailleurs (salarié, demandeur d'emploi, profession libérale, artisan, commerçant, retraités...) d'exercer une activité principale ou complémentaire avec des formalités très réduites et une taxation forfaitaire au titre des impôts et des cotisations sociales.

Ce régime est accessible pour les activités qui ne dépassent pas 80 000 euros par an de CA pour les activités d'achat pour revente et 32 000 euros par an pour les activités de prestation de services. L'activité peut être exercée après une simple déclaration au Centre de formalité des entreprises, le taux de taxation forfaitaire étant de 14 % pour les activités d'achat pour revente et de 24,6 % pour les activités de prestation. Ces taux s'appliquent au chiffre d'affaires. En d'autres termes, qui facture 100 euros de prestation de service, paiera 24,6 euros de cotisations. Chacun peut donc devenir à partir du 1er janvier 2009 travailleur indépendant à moindre frais.

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Rip Hopkins - Independance Stadium

L'objectif premier de la loi s'inscrit dans la logique du travailler plus : chacun peut compléter à sa guise son revenu par une activité indépendante, y compris de faible ampleur. On peut lui donner une dimension supplémentaire : diffuser l'idée que le salariat n'est pas le modèle indépassable de l'activité et que chacun peut trouver des espaces de liberté dans ce domaine. Le salarié fera toutefois l'effort de se souvenir que toute activité indépendante doit respecter le principe de loyauté vis-à-vis de son employeur mais qu'à défaut de conflit d'intérêt, l'espace de liberté est immense. Mais que vont-ils donc faire de toute cette liberté ?

02/06/2008

Le salariat c'est l'esclavage ?

Avant la Révolution de 1789, bien que Marx ne soit pas encore né, le salariat était considéré comme l'esclavage. Etait salarié celui qui ne pouvait faire autre chose. Le noble ne travaillait pas, le bourgeois était propriétaire rentier, commerçant ou patron, l'homme honorable exerçait son activité indépendante au sein de corporations, une grande partie de la population travaillait la terre, et une faible partie de la population louait ses services.

Plus de deux siècles plus tard et après bien des métamorphoses (voir, Robert Castel : "Métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat"), le travail salarié est devenu la référence indépasable de l'activité. En France, sur 27,5 millions d'actifs, on compte 18 millions de salariés du secteur privé, 5 millions de fonctionnaires, 2 millions de demandeurs d'emploi et 2,5 millions de travailleurs non salariés, soit environ 9 % de la population active.

Ecoutons sur ce sujet, Mohammad Yunus, Prix Nobel de la paix en 2006 :

"Aujourd'hui, dans les pays du Nord, chaque enfant travaille dur à l'école pour obtenir un bon travail. C'est-à-dire un bon salaire. Adulte, il travaillera pour quelqu'un, deviendra dépendant de lui. L'être humain n'est pas né pour servir un autre être humain. Un travailleur indépendant, qui tient une échoppe par exemple, travaille quand il en a besoin. Si certains jours il ne veut pas travailler, il le peut. Il a fait sa journée, il profite un peu de la vie. Il n'a personne à prévenir s'il a une heure de retard. Il ne s'inquiète pas de perdre une partie de son salaire. Quand nous étions des chasseurs-cueilleurs, nous n'étions pas des esclaves, nous dirigions nos existences. Des millions d'années plus tard, nous avons perdu cette liberté. Nous menons des vies rigides, calées sur les mêmes rythmes de travail tous les jours. Nous courons pour nous rendre au travail, nous courons pour rentrer à la maison. Cette vie robotique ne me semble pas un progrès. Avec le salariat, nous avons glissé de la liberté d'entreprendre et d'une certaine souplesse de vie vers plus de rigidité. J'ai un salaire, un patron, je dois faire mon job que cela me plaise ou non, car je suis une machine à sous. C'est là le danger global des structures économiques actuelles, de la théorie dominante. L'homme est considéré comme un seul agent économique, un employé, un salarié, une machine. C'est une vision unidimensionnelle de l'humain. Le salariat devrait rester un choix, une option parmi d'autres possibilités."

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Jacques Villeglé - Fabulous Trobadors à Agen - 1997
 
Pour dire les choses autrement, car en ce lundi matin pluvieux trop de gravité pourrait nuire, on peut citer les Fabulous Trobadors, groupe toulousain pour ceux qui n'auraient pas eu le plaisir d'écouter leur musique. Un extrait, sans le son, de"ça c'est oui" :
 
Inventer son emploi
Ah oui ça ça nous séduit
Travailler dans la joie
Ah oui ça, ça aussi
 
Inventer son emploi ?  oui bien sur dès lors qu'il ne s'agit pas  d'une contrainte par exclusion du statut de salarié mais d'un choix qui permet de développer son indépendance et son autonomie. Et pour terminer, une anecdote : un client   me dit : "J'aimerai bien travailler en free lance mais j'ai un peu peur de la précarité, cela ne vous inquiète pas vous ?". Ce qui l'a inquiété, c'est ma réponse : "J'ai environ une soixantaine de clients, vous vous avez un employeur, qui est le plus précaire ?"