03/11/2008
Faute grave pour la CNIL
La CNIL publie sur son site un guide du travail, comportant une fiche sur le recrutement, ainsi qu'un dossier de recrutement coélaboré avec le SYNTEC. Dans ces documents on peut lire que l'enquête de moralité est illégale, ce qui est exact : interroger des amis, parents ou relations privées à des fins professionnelles n'est pas justifiable au regard du droit du travail. Mais, la CNIL écrit également : « Le recueil de références auprès de l’environnement professionnel du candidat (supérieurs hiérarchiques, collègues, maîtres de stages, clients, fournisseurs…) est permis dès lors que le candidat en a été préalablement informé. » Une telle affirmation surprend au regard des dispositions des articles L. 1234-19 et D. 1234-6 du Code du travail relatifs au certificat de travail. Selon ces articles, l'employeur doit remettre à tout salarié à la fin de son contrat un certificat de travail comportant EXCLUSIVEMENT la date d'entrée et de sortie du salarié ainsi que la nature de l'emploi ou des emplois successivement ocupés et les périodes pendant lesquelles ces emplois ont été tenus. Il est ainsi interdit à l'employeur de porter une appréciation sur les qualités professionnelles du salarié qui le quitte. Si la réglementation relative au certificat de travail a pour objet d'interdire toute appréciation c'est pour que le salarié ne soit pas pénalisé par une relation de travail non satisfaisante mais qui, par définition, n'a aucun rapport avec une nouvelle situation de travail. Rappelons qu'il est assez unanimement reconnue que la compétence s'apprécie dans l'action et que le contexte y joue son rôle. En adoptant une telle position, la CNIL soumet le salarié au jugement du précédent employeur et recréé ainsi le livret ouvrier, pourtant supprimé en 1890, qui faisait dépendre de l'employeur la possibilité pour le salarié de voyager.
00:05 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cnil, recrutement, syntec, prise de références, livret ouvrier