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12/11/2012

Une tarte bien crémeuse

Stanley Kubrick n'a finalement pas intégré à son film Dr Folamour, la gigantesque bataille de tartes à la crème entre les russes et les américains comme scène finale. Il a préféré substituer au comique des images de véritables essais nucléaires, comme pour rappeler qu'il ne venait pas simplement de tourner le dernier film burlesque depuis Buster Keaton.

Peut être aurait-il fallu, à l'inverse, quelques dernières pages burlesques au rapport Gallois pour finir de persuader le lecteur que tout ceci n'est pas très sérieux. On se contentera de reprendre ici les propositions qui touchent à la formation professionnelle.

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La première propose de rapprocher le système éducatif et l'entreprise en faisant entrer des chefs d'entreprises dans les établissements car, nous dit le rapport, l'offre de l'Education Nationale n'est pas adaptée aux souhaits des entreprises qui ne trouvent pas le personnel dont elles ont besoin. Cette première tarte à la crème nous présente l'Education nationale exclusivement comme un fournisseur de main d'oeuvre clé en main à l'économie. Rappelons que la mission de l'Education nationale, comme son nom l'indique, est de former des citoyens avant de former des agents productifs ou des consommateurs, et qu'ensuite il appartient peut être aux entreprises de former elles mêmes à leurs métiers et de veiller à la qualification de la main d'oeuvre. Et puis si l'on veut rapprocher l'école et l'entreprise, il ne faut pas uniquement mettre des chefs d'entreprises dans les établissements, il faut aussi mettre des enseignants dans les conseils d'administration.

La deuxième proposition consiste à doubler le nombre d'alternants en cinq ans (soit passer de 400 000 apprentis et 100 000 jeunes en contrat de professionnalisation à 1 million au total). Parfait, l'alternance est une excellente filière. Mais qui paie la différence ? on augmente la taxe d'apprentissage ? la taxe formation continue ? les impôts locaux pour que les régions puissent financer les CFA ? on chercherait en vain un début de solution opérationnelle dans le rapport qui par ailleurs s'élève contre les taux de charges.

La troisième proposition vise à la mise en place d'un compte individuel de formation, sujet d'actualité. La seule proposition concrète pour aller en ce sens est de fusionner le DIF (crédit d'heures bénéficiant à 17 millions de salariés) et le CIF (disponibilités financières bénéficiant à 40 000 salariés). Nul doute que si l'on affectait les 800 millions d'euros du CIF à 17 millions de salariés, chacun en aurait pour son argent avec 47 euros en poche pour se former.

Trois propositions tartes à la crème version Dr Folamour, sur la formation, j'espère que pour les autres propositions, sur lesquelles je décline toute compétence, Gallois lui l'était, compétent.

Rapport-Gallois-PACTE-POUR-LA-COMPETITIVITE-DE-L’INDUSTRI...

06/11/2012

Des experts

En peinture, il y a l'expert par la culture. Il a vu tous les tableaux, il connaît tous les styles, il a étudié tous les détails, il a lu les peintres, il s'est penché pendant des heures sur les traces laissées par les pinceaux. Par cette masse phénomènale d'observation, de réflexion, de travail, il est capable de produire une expertise. En peinture il y a aussi l'expert scientifique. Il scanne, il lasérise, il radiographie, il nettoie, il soulève les poussières et retrouve la lumière originale, il traque les repentis, il analyse les pigments, il fait parler les toiles et les chassis. La science est son arme de détection massive de l'histoire du tableau et de sa facture. Par sa technique, il est capable de produire une expertise. En peinture il y a également l'expert par goût. Il n'est pas inculte, la technique l'intéresse, mais ce n'est pas ce qui lui permet d'aller directement au coeur de la toile pour en percer infailliblement les mystères. L'expert de goût est celui dont le savoir est le moins explicite et le plus sûr.

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Expert de goût s'essayant à la technique

Lorsque le comité d'entreprise rémunère un expert avec son budget de fonctionnement, il peut librement désigner cet expert. Tout le monde peut ainsi être expert. Lorsque le Gouvernement désigne un expert, il le choisit également librement. Et voici que se multiplient les experts. Louis Gallois était donc expert pour traiter de la compétitivité des entreprises. Au final, il rend un rapport qu'aurait pu écrire le FMI, mais il est vrai que l'institution ne comprend que des experts. On peut aussi constater qu'un homme qui a dirigé de grandes entreprises à fait un rapport sur l'entreprise et que les dirigeants d'entreprise ont exprimé leur satisfaction sur ce rapport. Tous experts !

Rapport-Gallois-PACTE-POUR-LA-COMPETITIVITE-DE-L’INDUSTRI...