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13/04/2015

Tout...ou rien (todo o nada)

Depuis plusieurs années, le plus souvent avec Jean-Marie Luttringer, j'ai soutenu l'idée qu'il fallait débarrasser la formation de son encadrement fiscal et faire une place plus grande à la négociation collective. En 2004, on aurait pu penser que le cap allait être franchi : raté, l'accord entre les organisations n'était pas suffisant et le gouvernement laissa tomber l'affaire. En 2013, la courte majorité de l'ANI du 14 décembre 2013 permit la loi du 5 mars 2014, la défiscalisation du plan et l'ouverture d'un espace inédit pour la négociation collective. Au rugby on sait que créer des espaces c'est bien, mais que cela ne sert à rien s'il n'y a pas l'essai au bout. Alors, un an après, essai ou pas ? 

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Un premier constat au vu des accords signés : dans l'industrie (métallurgie, chimie, pharmacie...) et les services financiers (banques, assurance,) pas d'appel des grands espaces. Pas plus de conventionnel que que de ballons envoyés à l'aile par le Béziers des années 70. Et les autres ? c'est ici que la ligne d'essai s'éloigne et que le french flair en prend un coup. Dans le bâtiment, l'accord propose la mise en place d'une contribution conventionnelle de 0,2 %. Pas assez estiment les syndicats majoritaires qui s'opposent à l'accord. Dans le sanitaire et social, l'accord prévoit 0,35 % de mutualisation obligatoire et 0,65 % d'obligation d'investissement. Soit un doublement de l'obligation légale. Pas assez estiment les syndicats, unanimes, qui ne signent pas l'accord. Face à ce tout ou rien, le pari de la démocratie sociale et du développement d'un régime conventionnel de financement de la formation est mal engagé, pour ne pas dire déjà perdu. Il porte en germe la liquidation de la gestion paritaire et trace pour les OPCA un destin d'opérateur des politiques publiques. On aimerait se tromper et penser que la créativité de certains secteurs, comme l'intérim, pourrait servir d'exemple. Mais force est de constater que plus on avance, plus la ligne d'essai recule. 

Commentaires

La destruction de la formation en France ce sont d'abord les partenaires sociaux qui en sont responsables : le MEDEF en tête qui a lancé cette "brillante" idée du CPF puis la CFDT qui lui a emboité le pas.
Désormais le roi est nu et personne n'ose encore admettre que la réforme est morte, qu'elle aura fait perdre de 2 à 4 ans au pays (selon qu'on arrête tout de suite les frais ou qu'on fait encore patienter les travailleurs jusqu'à 2017).

Écrit par : cozin | 13/04/2015

L'exemple du grand Béziers est intéressant, mais on est plus proche du catenaccio cher à nos amis footeux transalpins.

Une question sérieuse toutefois : avez-vous connaissance d'actions prévues/en cours de mobilisation des OF ? parce qu'au rythme où (ne) vont (pas) les choses, il risque d'y avoir de moins en moins de manifestants potentiels !

Bonne journée.
Sylvain

Écrit par : sylvain | 14/04/2015

merci JP et bonne journée.

Écrit par : sylvain | 14/04/2015

La FFP a fait une lettre ouverte à Rebsamein, puisqu'il n'y a que le buzz mediatique qui semble produire des effets...

jpw

Écrit par : jpw | 14/04/2015

La propagande gouvernementale a fait croire au simple citoyen que les organismes de formation privés (des "officines" selon la ministre de l'EN) gachaient 32 milliards d'euros par an. Le citoyen de base se fiche donc de la mort des 3/4 des OF en France (des pompes à fric selon certaines consciences peu éclairées).
Par contre c'est au niveau des syndicats non signataires de cette farce qu'est le CPF (CGT et CGPME n'ont pas signé) et des salariés eux -mêmes qu'on devrait pouvoir jouer. Expliquer sans relache que le gouvernement a voulu tuer la formation en France pour des raisons idéologiques (non acceptation du marché de la formation et de la concurrence privé-public). Cela pourrait avoir plus d'impact selon moi.
Une pétition pour abolir le CPF pourrait aussi être envisagée.

Écrit par : cozin | 14/04/2015

Abolir peut-être pas...Par contre, il y a des choses qu'il est urgent de supprimer comme l'éligibilité des formations liées à des certifications...

Écrit par : bcallens | 14/04/2015

Quant à la propagande gouvernementale...Je pense plutôt à des fantasmes de journaleux...

Écrit par : bcallens | 14/04/2015

Pendant toute la discussion parlementaire le ministre du travail a lancé ce chiffre de 32 milliards. C'était aussi le fil rouge de l'émission, sans doute télécommandée, "cash investigation" qui en 2013 arriva au bon moment juste avant la "réforme".
Les journalistes n'ont fait que leur (mauvais) travail de reprendre la prose et les chiffres des pouvoirs publics.
Le plus énorme était qu'on prétendait que 32 milliards étaient gâchés mais que seuls 800 millions serviraient pour financer, le CPF, soi disant pilier de la réforme.
Ce que personne ne veut entendre c'est que sur les 32 milliards au moins 20 milliards sont eux très mal utilisés par les pouvoirs publics pour leurs fonctionnaires ou le secteur pro à l'EN.
Si l'on regardait un jour comment "marche" la formation dans certains regroupements hospitaliers on aurait des surprises, la Cour des Comptes feraient bien d'y mettre un peu son nez.

Écrit par : cozin | 14/04/2015

Je ne suis pas sur que le climat hystérique qui entoure désormais le CPF soit vraiment propice à la prise de décision pertinente...

Le chiffre de 1 salarié en CPF de la FFP est aussi farfelu que les milliers de dossiers CPF qui seraient indûment bloqués de la faute des grands vilains OPCA !

Tiens une remarque au passage: la loi de mars est restée "sans patronyme" (contrairement aux lois Duflot, Macron, Hamon, Pons....): personne pour prendre le risque d'en assumer la paternité !?!

Écrit par : Gerland | 14/04/2015

La question n'est pas de savoir si c'est 1 (qui a terminé son parcours), 5 ou 10. Dans tous les cas, c'est zéro compte tenu du potentiel du dispositif et force est de reconnaître que cela ne fonctionne pas. Et il n'est pas tout à fait farfelu d'interpeller les OPCA lorsque certains vous répondent qu'ils ne collecteront qu'en 2016 et que donc ils ne financeront pas en 2015. Ou encore le skectch déjà mentionné ici de ceux qui financent que les tests ou que la formation et pas les tests. A ce jour, à de rares exceptions près, le constat est que les OPCA n'ont pas été moteurs sur le dispositif, c'est le moins que l'on puisse dire. Le problème est que chacun étant occupé à défendre sa boutique, au petit jeu du c'est pas moi c'est l'autre on perd de vue l'intérêt général.

Sinon, comme le soulignait Cozin, Sapin revendique bien la paternité de la loi puisqu'il explique dans son bouquin que la réforme était impossible mais qu'il l'a faite. Cela vous autorise donc à parler de loi Sapin (arbre à l'ombre duquel rien ne pousse comme chacun sait).

jpw

Écrit par : jpw | 15/04/2015

Avec le CPF et la nouvelle "réforme" 2 questions se posent :

1) Est-ce que ça marche ? La réponse est connue aujourd'hui (et en 2016 si rien n'est changé ça ne marchera pas mieux)

2) Est-ce que le CPF répond à un besoin des travailleurs comme des entreprises (des diplômes et des certifications pour tous), la réponse est encore négative.

La messe est donc dite, les acteurs sociaux et les pouvoirs publics se sont épuisés sur un dispositif monstrueux (le CPF) ils ont enrayé ce qui marchait encore un peu (le Plan de Formation) et tué dans l'oeuf ce qui permet à un pays d'avancer : la confiance.

Écrit par : cozin | 15/04/2015

@jpw et @cozin
Combinant vos commentaires, j'en déduis que tout cela sent le Sapin... Pas encourageant

Écrit par : Gerland | 16/04/2015

Bonjour,

Il y a déjà eu une loi "Sapin"...Souvenez-vous c'était en 1993, la fameuse loi "relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques".

Alors oui, ce n'est guère encourageant. Mais que faire pour "secouer le cocotier" ?

Écrit par : bcallens | 16/04/2015

Comme on dit en rugby, il faut en relever une !!!!!
Bonne journée.
Sylvain

Écrit par : sylvain | 16/04/2015

Ah mais sylvain vous savez que c'est la meilleure proposition depuis le début de l'année, et que ça démange quand même beaucoup !

Le retour aux fondamentaux, il n'y a que ça de vrai...

jpw

Écrit par : jpw | 16/04/2015

Surtout qu'ils ont effectué la mise en jeu directement en touche , donc effectivement, il faut revenir aux basiques ! Les traditions se doivent d'être respectées.
Sylvain

Écrit par : sylvain | 16/04/2015

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