Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/03/2014

Tout ça me fait bien rigoler

Faute de talent et d'humour, le cynisme prend vite la forme d'une ringarde rengaine traduisant le défaut d'imagination et le peu de capacité à se projeter dans des environnements évolutifs (pléonasme). Ainsi, il a fallu subir les quelques instants de triomphe de ceux qui s'étaient précipités à annoncer l'échec du DIF avant même qu'il ne se diffuse. Sa disparition ne pouvait que conforter le diagnostic qui se reporte aussitôt sur le Compte Personnel de Formation, dont on nous annonce déjà qu'il ne constituera qu'une éphémère comète (pléonasme) comme le droit de la formation en a déjà connu. Et ceux qui fondent quelques espoirs dans le nouveau dispositif étant les mêmes que ceux qui ont crû au DIF, cela prête à un rire quelque peu mordeur. 

PER_8727-53.jpg

Great Joy - Yue Minjun - 1993

A tous ceux qui font profession de ne croire qu'à l'échec annoncé de toute tentative de création, on fera simplement remarquer deux choses. Qu'en matière sociale, le retour arrière est rarement d'actualité, quels que soient les discours et les effets d'annonce. Cela fait tout de même 14 ans que l'on nous déclame sur tous les tons qu'il faut revenir sur les 35 heures sans qu'un véritable projet en ce sens n'ait vu le jour, même si de multiples contournements ont été tentés. Et concernant le DIF, il ne faut pas s'y tromper : il n'a disparu que pour être remplacé par un Compte Personnel de Formation qui en prend le contrepied sur bien des points (droit opposable, financement dédié, droit à l'absence sur le temps de travail pour certaines formations, etc.) pour au final constituer un droit bien plus consistant. Alors prenons les paris, si l'on devait dans quelques années supprimer le CPF, ce serait pour créer les congés payés formation. Comme quoi, ce ne sont pas les cyniques qui ont le plus de raison de rire. Ni aujourd'hui, ni demain. 

Commentaires

Le CPF est à la fois un compteur formation et un (pseudo) dispositif de formation. Je suis persuadé qu'il va entraîner non seulement la disparition du DIF (c'était sa mission ) mais aussi la disparition du CIF (a lire demain dans miroir social) et même sans doute au final l'affaiblissement du plan de formation que certaines entreprises vont carrément délaisser.

Si les salariés n'ont guère utilisé le DIF c'est qu'ils avaient souvent du mal à trouver 3 jours pour se former (ne parlons pas de se former hors temps de travail). Par la grâce du CPF les salariés pourraient désormais trouver de 10 jours (75 heures) à 2 mois ( 250 heures de formation) pour se former hors temps de travail et sans le règlement de la moindre allocation formation. C'est une vue de l'esprit.

Le CPF est taillé pour les seuls chômeurs : des formations pas chers et une rémunération assurée par pôle emploi. Les salariés par contre vont perdre leur droit à la formation (heureusement pas avant 2021) et en échange on leur offrira de la monnaie de singe, un Compteur dont personne ne peut affirmer qu'il fonctionnera dans quelques mois pour 20 millions d'actifs.

Écrit par : cozin | 10/03/2014

Bonjour,

et bravo pour ce commentaire qui me semble davantage correspondre à la réalité de ce que sera le CPF.

Je pense depuis le début que ce truc ne vise qu'à récupérer davantage de financement pour la formation des demandeurs d'emplois. Le MEDEF y a vu une occasion de faire sauter l'obligation fiscale du 0,9%. Mais les dindons de la farce risquent bien d'être les salariés qui se verront proposer un dispositif que la plupart seront bien incapables d'actionner.

La majeure partie des salariés n'imagine pas investir du temps pour se former en dehors du temps de travail. Les plus motivés passaient déjà par le CIF et le CPF ne leur apportera rien de plus.

L'obligation fiscale d'investissement minimum n'était pas si absurde car elle obligeait les entreprises à dépenser un minimum pour la formation de leurs collaborateurs. Ce qui était absurde, c'étaient les règles que l'administration avait fixées pour déterminer ce qui devait être comptabilisé comme formation imputable et ce qui ne devait pas l'être.
Dans le contexte économique actuel, je parie que beaucoup d'entreprises vont faire le choix de réduire leur investissement formation (d'autant plus que les subventions PPRO vont être fortement réduites).

Reste le plus marrant : le rôle des régions dans le conseil en orientation professionnelle. Avec quels moyens et quelles équipes ? Les caisses sont vides !

Cordialement,

Brestois

Écrit par : Brestois | 11/03/2014

Personnellement je faisais partie de ceux qui ont cru au DIF envers et contre tous (8 ans d'efforts) mais désormais de ceux qui ne croient pas (du tout) au CPF.

Le DIF était l'avenir de la formation parce qu'il reposait sur l'appropriation (trop lente il est vrai) par les entreprises comme par les salariés de la formation tout au long de la vie (on se forme très régulièrement et on apprend tout au long de la vie).

Le CPF ne fait même plus mention de la formation tout au long de la vie, c'est un dispositif bâtard entre le CIF et le DIF mais surtout il ne remet aucunement en question les dizaines de milliards d'euros que l'Etat gère en matière éducative (éducation nationale, formation des fonctionnaires, lycées professionnels et formation des chômeurs) pour ne ré-allouer à la marge que 1 milliard d'euros (sur 32 milliards prétendument mal dépensés).
Quant à l'obligation de former chaque salarié sur une durée de 6 ans c'est une vue de l'esprit. De nombreux salariés ne veulent pas entendre parler de la formation et pénaliser les employeurs parce qu'un salarié ne veut pas se former c'est pousser encore plus les travailleurs modestes vers Pôle emploi (ou les y laisser toute la vie).
La patronat (avec l'aide de la CFDT dans ce cas) a torpillé un DIF qui pouvait lui coûter fort cher pour abandonner à l'Etat un dispositif infernal.

Écrit par : cozin | 12/03/2014

Bonjour,

Sans compter qu'avec l'obligation d'assurer au moins une formation aux salariés sur une période de 6 ans, nous allons assister au retour des règles et décisions unilatérales de l'administration définissant ce qui doit être comptabilisé comme une formation et ce qui ne doit pas l'être.

Je vous parie que d'ici peu, on nous redemandera de constituer des dossiers avec convention, programme, émargement par 1/2 journée (!), facture... pour qu'une formation puisse être comptabilisée comme telle.

Et que l'allègement promis des contraintes administratives n'aura duré que quelques mois...

Cordialement,

Brestois

Écrit par : Brestois | 12/03/2014

Les commentaires sont fermés.