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07/03/2012

De la formation obligatoire

Ce sont les chiffres qui tournent en boucle dans la campagne présidentielle : 10 % des chômeurs suivent une formation, ce qui serait un scandale. Pas qu'ils se forment, qu'ils soient si peu. Autre indignation : 500 000 emplois ne sont pas pourvus alors que près de 3 millions de personnes sont sans emploi. Il suffirait donc d’obliger les chômeurs à se former, puis de les obliger à prendre les jobs non pourvus, et l’affaire serait faite. Et au besoin, en appeler au peuple si tous les incompétents qui gèrent le système à leur seul profit résistent à  cette opération de bon sens.

Bon sens ? allons y voir de plus près. Remarquons au passage que même si la recette proposée était efficace, elle ne règlerait rien pour 2,5 millions de personnes. Mais elle n’est même pas efficace. Pourquoi ? parce qu’elle repose sur des agrégats macro-économiques et des abstractions qui n’ont aucune réalité. L’emploi et les individus ce ne sont pas des chiffres mais des lieux, des activités, des personnes, des vies. Bref, ce n’est ni mécanique, ni mathématique.

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Metropolis

Des lieux : moins les niveaux de ressources sont élevés, moins la mobilité géographique est possible car elle revient à  couper les personnes de leur réseau de relations familiales, amicales, sociales et à rendre le coût de leur vie beaucoup plus cher. Dans un strict raisonnement économique et pour les plus bas salaires, a moins d’augmenter celui-ci de 50 % on perd de l’argent en prenant un emploi ailleurs que sur son lieu de vie.

Des activités : parmi les emplois non pourvus, il y a à la fois les emplois temporaires (saisonniers) qui ne sont pas pourvus parce que les salaires ne permettent pas de couvrir les coûts à exposer (déplacement, hébergement…), les emplois qui nécessitent une qualification qui ne s’acquiert pas en quelques mois ni en une année, les emplois pour lesquels la balance rétribution-contribution ne s’équilibre que difficilement voire pas du tout ou encore les emplois que ceux qui pourraient y avoir accès ne souhaitent pas occuper, car le travail demeure une liberté et ne saurait devenir une obligation qu’au prix d’un changement de régime politique.

Des personnes : tout pédagogue a le choix entre le désespoir et le fou-rire lorsqu’il entend parler de formation obligatoire. Si l’on pouvait former les individus malgré eux, Freud n’aurait pas parlé de l’éducation comme d’un métier impossible. Sans engagement personnel, pas de formation et pas de résultat à la formation. Et la volonté individuelle ne se décrète pas.

Des vies : le plus triste dans l’affaire c’est, selon l’expression de la Ministre en charge de la formation professionnelle, le fait que « flécher les jeunes vers les métiers en tension » puisse être considéré comme une manière normale de parler des individus et de leur vie. Et ça, ce n’était pas obligatoire.

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