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08/06/2013

Dans l'histoire

 A l’heure du temps réel, autrement dit du présent et de l’instant comme horizon indépassable, ceux qui savent inscrire leurs actes dans l’histoire et dans le temps se font rares, et depuis hier se comptent un de moins avec la disparition de Pierre Mauroy. Fondateur du mouvement d’Education Populaire Léo-Lagrange, du nom du Ministre des Loisirs sous le Front Populaire, Pierre Mauroy se souvenait que l’ambition des congés payés ce n’était pas simplement le vélo, la 4 CV et tous les ouvriers parisiens sur les plages de Deauville (au Sud on se débrouillait déjà, merci), c’était aussi, comme le rappelle l’exposé des motifs de l’ordonnance promulgant les congés payés, un moyen d’accéder à la culture et à l’éducation et de se libérer du travail lorsque celui-ci prend une forme non émancipatrice mais aliénante. Pour Pierre Mauroy, le travail ne devait pas être sacralisé en lui-même, mais uniquement lorsqu’il permet d’avoir la fierté de la belle ouvrage, l’accès à l’autonomie professionnelle et la reconnaissance des compétences.

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 C’est en souvenir de Léo Lagrange et de l’éducation populaire que Pierre Mauroy décida de créer au sein du 1er Gouvernement socialiste de la Vème République, un Ministère du temps libre qui s’attira, par son intitulé, les railleries des imbéciles qui de l’histoire n’avaient rien retenu. Et sa suppression en 1983, sans que jamais une telle ambition ne réapparaisse ensuite, marque sans doute davantage la perte de la gauche que le tournant de la rigueur. Car c’est moins lorsqu’elle doit tenir compte des réalités économiques, comme on dit abusivement, que lorsqu’elle perd sa volonté d’éducation émancipatrice que la gauche cesse d’être elle-même. C’est peut être pour cela que, ces dernières années, Pierre Mauroy passait beaucoup de son temps à la Fondation Jean-Jaurès, lieu d’histoire, de temps et d’éducation.