En haut de l'escalier on dit bonjour au policeman. Il ne répond guère mais ses yeux ne vous quittent pas. Dans la grande salle une femme nue allongée sur un divan est très loin de vous. Ses pensées l'ont emportée. Dans l'autre salle, deux hommes eux vous regardent, vous fixent, vous traversent et vous devenez translucide. Pour cela, ils vous dérangent un peu. Déjà, au rez-de-chaussée, des chinois pétris dans la glaise grise, saisis dans une attitude de stupéfaction comme abasourdis par leur vie vous avait remué les tripes.
Sculpture réaliste - Exposition "A love story" - Evora 2010
Il est troublant de constater que les sculptures réalistes touchent souvent plus que les corps de chair. Leur présence est plus intense, elle vous parle plus directement. C'est que les sculptures ne sont là que pour vous, pas pour leur existence propre. Et elles vous questionnent. D'où cette absence de distance que l'on peut avoir avec un individu qui a son univers personnel. Ici, l'absence d'histoire de vie créé un contact d'une nature nouvelle qui renvoie chacun à sa propre humanité.
Jamie Salmon - The Director
Feriez-vous confiance à cet homme ? réponse selon ce que vous projetez sur lui. Elle vous apprend davantage sur vous que sur la figure de cire. L'art moderne pose plus de questions qu'il ne propose de réponses. C'est pour cela qu'il déroute souvent, c'est pour cela également qu'il peut largement accueillir superficialité ou supercherie (toute question n'est pas pertinente et l'argument selon lequel la question importe moins que la réponse n'est pas recevable pour se défausser du jugement sur l'oeuvre). L'exposition d'Evora n'est pas exempte de productions sans intérêt. Mais peu importe dès lors que par quelques oeuvres sont ouvertes des voies nouvelles. Pour qui souhaite tenter l'expérience et passe par Paris cet été, les sculptures de Duane Hanson vous attendent jusqu'au 15 août au Parc de la Villette.