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21/06/2013

Souvenirs, souvenirs

Rien de plus propice à l'écoute attentive que les longs trajets la nuit, sur des routes où, contrairement à David Vincent, on ne croise âme qui vive, même les plus hasardeuses. L'heure nocturne est propice aux rediffusions mais, comme c'est étrange, ce qui est dit à 17h lorsque l'atmosphère est aux agitations multiples, n'a plus la même tonalité lorsqu'au coeur de la nuit la voix semble ralentie, plus posée, plus pleine, plus invitante à la suivre sur des chemins buissonniers qui ne peuvent s'ouvrir à chaque instant devant nous, mais seulement dans ces instants de latence où la liberté se fait plus présente. Cette nuit là donc, Cyrulnik parle de ses souvenirs.

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Clovis Trouille - Souvenir sans suite

Il parle de cette belle femme blonde et mourante sous laquelle il sa cacha pour échapper à la Gestapo et qu'il retrouva bien des années plus tard pour constater qu'elle n'était pas morte, très brune et sans doute un peu moins belle que dans le souvenir. Ce récit rappelle l'expérience réalisée par des psychologues sur des militaires américains de retour d'Afghanistan. Lors d'entretiens de debreifing, ils ont demandé systématiquement aux soldats s'ils étaient présents lors de l'attaque d'une caserne, qu'ils ont décrite, mais qui n'a jamais eu lieu. Six mois plus tard, un quart des militaires interrogés parlait spontanément de cet évènement imaginaire en affirmant avoir été présent. Du souvenir réinventé au souvenir implanté, voilà décidément de quoi perturber la crédibilité de la mémoire. Lorsque l'on sait qu'en matière pénale le témoignage et l'aveu ont toujours été privilégiés pour décider des condamnations, on ne peut que recommander au juge de se souvenir qu'au souvenir on ne peut  se fier.