09/10/2015
CPF LEAKS
C'est l'automne. Les CPF se ramassent-ils à la pelle ou alimentent-ils les regrets et les souvenirs ? chacun en jugera au vu du bilan établi fin septembre. Si le nombre de bénéficiaires augmente pour s'établir à 60 756 en nombre de dossiers validés, la croissance concerne essentiellement les demandeurs d'emploi (75 % des bénéficiaires) et beaucoup moins les salariés (25 %).
Pour ce qui concerne les certifications, en se centrant sur celles demandées par les 16 000 salariés concernés, on constate une nouvelle fois que les langues représentent les deux tiers des demandes et qu'ensuite, s'il y a toujours un lot de VAE, on voit apparaître la bureautique (PCIE et TOSA, cette dernière certification étant accessible pour quelques branches) et les CACES. Il va quand même falloir que les partenaires sociaux constatent que les listes interminables de diplômes sont totalement dépourvues d'effet et que c'est exclusivement à partir de certifications de l'inventaire que l'on développe l'accès à la formation. Il serait peut être temps de prendre en compte le terrain pour recentrer le CPF et ouvrir le champ.
Si l'on tourne le regard vers les OPCA, la machine métallurgique s'est mise en marche, avec la même efficacité qu'une presse à piston. On est jamais très longs à comprendre comment utiliser tous les dispositifs, quels qu'ils soient, dans ce secteur. Pour le reste, les interpros se sont réveillés, même si la performance de l'AGEFOS reste en deçà de ses possibilités, surtout si l'on tient compte de la capacité à élaborer sa propre liste de certifications. On remarquera également que pour quelques OPCA, c'est comme si le CPF n'existait pas, ou presque. Un premier critère pour apprécier la performance des OPCA ?
Enfin, constatons que pour plus de 10 % des salariés, le CPF est en fait un moyen d'autofinancer une partie du CIF. Après tout, tant mieux, cela augmentera le nombre de bénéficiaires de ce dispositif qui concentre d'ailleurs les quelques formations diplomantes à mettre à l'actif du CPF.
Sur ces bases, nous devrions être à la fin de l'année entre 120 et 150 000 bénéficiaires, avec un nombre de salarié inférieur à 30 000. Soit une division par 20 (minimum) du nombre de salariés formés par rapport au DIF. Souhaitons que l'on cesse de mettre cela sur le temps de déploiement pour s'intéresser aux véritables causes à partir d'une analyse du terrain et non d'idées préconçues.
22:55 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Merci jpw. Ces chiffres tombent à pic - on commence à mieux voir les contours de la réforme : une Tour de Babel où ses bâtisseurs ne se comprennent pas, mais qui assurera à la France les chômeurs les plus bilingues d'Europe.
Écrit par : andrew wickham | 10/10/2015
Merci JP pour ces données et commentaires sur les vrais chiffres du CPF.
Nous constatons depuis le début de cette année 2015
- que les salariés ont perdu leur Droit à la formation pour un invraisemblable CPF destiné à enterrer le DIF et orienter un peu de formation vers les chômeurs (mais un chômeur n'a pas besoin de CPF, juste d'un espoir de travail qui pourra au besoin être lié à une formation... dont on se fiche qu'elle corresponde ou non aux critères d'éligibilité du CPF)
- que l'effort formation de beaucoup de grandes entreprises chutent dramatiquement (il chute d'autant plus que l'entreprise est en difficulté et devrait justement former ses salariés pour qu'ils développent leurs compétences)
- que les PME et TPE de moins de 50 salariés ne se sentent en rien concernées par la réforme (pas de sanction=pas de formation)
- que les travailleurs précaires sont totalement oubliés, niés et perdus dans un compte formation auquel ils ne peuvent même pas accéder
- que le Conseil en Evolution Professionnelle est un mensonge, une trouvaille du Medef sans aucune application sur le terrain (on invente des facilitateurs pour expliquer la complexité qu'on a soi même créée avec le CPF)
- que le ministère du travail peut toujours faire du nombre avec des VAE ou des CQP ou des CIF qui auraient de toute façon été organisés avec ou sans CPF (sur 20 millions de bénéficiaires quelques dizaines de milliers vont quand même réussir à se former malgré la mélasse ambiante).
- que le pouvoir politique a déjà abandonné son CPF pour un CPA encore plus débile, illusoire et étouffant tout le paysage sur son passage
- que la France professionnelle va sortir rincée de cette réforme improvisée par des apprentis politique qui auront tout à la fois
- fait baisser l'effort formation de tout un pays
- tué un très grand nombre d'organismes de formation privés sous prétexte de renflouer un service public ni géré ni gérable (80 % de cadre de catégorie A au CNFPT ou encore 1 milliard d'euros claqués en pure perte tous les ans à l'EN pour la "formation" des enseignants)
- démantibulé l'apprentissage depuis 2013
- désorienté l'éducation nationale sans la remettre le moins du monde en marche
Désormais le capitaine du navire (François Rebsamen) a quitté son poste laissant la barre du ministère à un prête nom, la déléguée à la formation professionnelle est elle aussi partie (le 15/09) pour le privé (et on la comprend tant elle a dû avaler de couleuvres) et le pouvoir politique en est réduit à compter les mois tout en priant pour que le pays n'implose pas avant mai 2017.
Écrit par : cozin | 10/10/2015
Dossier CPF validé= autorisation administrative de se former.
En France il faut désormais demander à l'administration l'autorisation d'apprendre quand on est salarié (rien à voir avec un dossier de CIF où la demande devait être instruite par les Fongecifs au regard de la personne et de son projet professionnel)
Par ailleurs hormis les quelques dossiers de chômeurs validés pour le CPF (45 000 dossiers CPF, soit bien moins que les jeunes laissés sur le carreaux tous les ans par l'EN - 200 000 et les nouveaux chômeurs créés par une politique économique stupide depuis 2013 - 20 000 chômeurs de plus en aout par exemple), sur ces 16 000 dossiers de salariés "validés" combien de personnes se formeront-elles en fait cette année ? sans doute moins de la moitié d'entre elles (à propos un CPF validé en 2015 est-il périmé ou non en 2016 ? ) :
- l'organisme de formation aura peut-être disparu (possible quand on connaît les vrais chiffres d'affaire actuellement dans la profession)
- le stage prévu sera peut-être annulé (c'est de l'inter et donc 1 fois sur 3 on annule faut de participants)
- le prix (ou la durée ou les dates..) indiqué s par le salarié sur le site Internet ne correspondront pas à la réalité de la formation
- le salarié refusera de signer un contrat de formation où il engage sa responsabilité (financière notamment) en cas de non présentation au stage.
- le salarié refusera de signer sa demande qui implique que le reste à payer entre le financement OPCA et le prix de sa formation sera à sa charge (en y ajoutant la TVA de 20 %)
- le salarié (hors temps de travail) ne viendra que le premier jour à la formation (après tout si l'employeur n'est pas concerné le salarié ne le sera peut être pas non plus)
.....
Bref, on a voulu naïvement laisser croire que la formation professionnelle continue peut-être commandée en direct (en 3 clics de souris) par un salarié, c'est une vue de l'esprit. La Formation d'un salarié ne prend de sens (sauf rare cas de reconversion pro couvert par un bilan de compétences et un CIF) que parce que l'employeur est concerné et associé à cet effort formation (de là le DIF, cette co-responsabilité que les pauvres gens qui ont mené la réforme depuis 2013 n'ont évidemment pas compris)
Le CPF dans 1 an 1/2 on n'en parlera plus, par contre le président actuel et sa manière de planter le pays et son économie, on pourrait s'en souvenir très longtemps.
Écrit par : cozin | 10/10/2015
Ce qui serait intéressant à explorer serait la durée de ces parcours, notamment pour les langues. Un prestataire de formation linguistique en région PACA qui travaille beaucoup avec les PME et qui est bien introduit chez les OPCA, m'a expliqué que depuis les consignes de la DGEFP concernant les TPE et PME, les OPCA valident énormément de parcours à 70, voir 120 heures et que son carnet de commandes est en hausse par rapport à 2014. Or les parcours langues financés par le DIF variaient entre 15 et 35 heures. Moins de parcours, mais plus d'heures?
Écrit par : andrew wickham | 11/10/2015
Sachant que le CPF langue est hors temps de travail (sauf si l'employeur insiste pour le donner sur les heures de travail) je ne connais pas beaucoup de salariés qui vont prendre de 70 à 120 heures pour se former le soir, le Week end ou pendant leurs congés.
120 heures c'est 18 jours de formation de 7 h soit presque 4 semaines de congés payés ou encore 18 samedis passés en formation ou 1 année à raison de 2 heures par semaine.
Ces parcours longs sont soit le fait de chômeurs (pour qui le hors temps de travail n'existe pas) soit peut être aussi des combines avec des OF qui en inter-entreprise peuvent faire signer ce qu'ils veulent sans que personne n'ait aujourd'hui la capacité de vérifier la véracité de la formation (quand c'était du DIF l'employeur était co-responsable et en général il veillait à ce que le travail soit fait, aujourd'hui personne n'est plus en mesure de vérifier quoi que ce soit si c'est hors temps de travail et en inter-entreprises).
La nouvelle règlementation tout en prétendant plus encadrer et contrôler va sans doute permettre de jolies arnaques sans que personne n'ait les moyens de les empêcher (avant longtemps).
Il serait intéressant de faire un papier sur les multiples possibilités offertes par la loi pour organiser des formations bidons.
En tout cas pour notre part, avec un malheureux stagiaire en FLE, qui passe son Bulats 1 mois après sa formation, nous ne pourrons envoyer notre facture à l'OPCA que lorsque la personne aura l'attestation de son passage (le paiement de son inscription ne suffisant pas !)
De quoi simplifier la vie des OF si par extraordinaire on sortait un jour du cas par cas (mais de toute façon très peu d'OF sortiront indemnes de cette réforme destinés à en faire disparaître le plus grand nombre).
Écrit par : cozin | 11/10/2015
Merci pour ces chiffres CPF très illustratifs.
La réforme consolide un encadrement de la formation des adultes dans la sphère du "subventionné" notamment en dirigeant les budgets issus des collectes et en confirmant la gestion par les organisations paritaires (syndicales). Pourtant, malgré le défaut de Crédit d'impôt Formation aux entreprises et aux individus, la réforme laisse aussi plus de champ à la sphère du libre. Mais on ne transforme pas 40 ans d'habitude des acteurs du la formation des adultes en quelques mois (dont les habitudes d'achat de formation des entreprises).
A propos du CPF, rien d'étonnant au faible niveau de formations certifiantes : tant que les blocs de compétences ne sont pas visibles ils restent inaccessibles (et non finançables). Qui peut se former en 300 ou 600h, et surtout dans quel but ?
Écrit par : Olivier RICHAUD | 11/10/2015
La plupart des RF que nous rencontrons disent leur peu d'intérêt pour les formations proposées via le CPF.
Le certifiant n'intéresse pas grand monde et si les salariés français avaient été si friands de reconversions volontaires ce n'est pas 70 000 demandes de CIF (pour 30 000 demandes acceptées) que le pays enregistrerait tous les ans mais 700 000 ou 1 million (si tel était le cas alors le CPF aurait un avenir).
Ce que demandent les salariés et la plupart de leurs employeurs ce sont des formations courtes pour maintenir leurs compétences. Typiquement ce que permettait le DIF sans trop de démarches administratives (ni le passage d'une certification qui n'apporte pas grand chose en terme de qualité ni de pertinence de la formation).
Cela n'a rien à voir avec la formation des chômeurs qui peut être entreprise durant de long mois.
Par ailleurs la modularisation des parcours longs est une aimable plaisanterie : un salarié est censé se former sur 800 heures durant 40 années de travail pour acquérir un diplôme (qui sans doute n'existera même plus quand il partira à la retraite).
Un projet formation classique pour un salarié c'est 20 à 40 heures à réaliser sur quelques mois tout au plus.
Au delà cela s'appelle un CIF.
Écrit par : cozin | 11/10/2015
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