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22/06/2015

Apparaître ou disparaître

Retour sur le projet de loi relatif au Dialogue social que le Sénat s'escrime à tailler en pièces, avant que l'Assemblée ne revienne à la version initiale. Dès sa publication vraisemblablement fin juillet ou tout début août, il en sera fini des consultations spécifiques du comité d'entreprise sur la formation. Terminées les échéances du 30 septembre et du 31 décembre, et surtout les réunions exclusivement consacrées à la formation professionnelle. Plus le temps de passer en revue les éternels camemberts des domaines de formation, des catégories de salariés, des services, de l'interne et de l'externe, et même des actions catégorisées du plan de formation, sommet des obligations dépourvues de portée pratique. 

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Le véritable enjeu, pour la formation mais aussi pour les responsables formation, c'est l'intégration des consultations sur la formation dans des ensembles plus vastes. Quand le comité d'entreprise se réunira, serait-ce une journée entière, pour entendre présenter la stratégie de l'entreprise, les conséquences sur l'activité, l'emploi, les métiers, les compétences. Quand seront débattus les scénarios du futur, quelle place prendra la formation ? et lorsque seront présentés tous les projets RH de la politique sociale, les questions liées à la rémunération, à la durée du travail, à la santé au travail, à l'égalité professionnelle, à la qualité de vie au travail, quelle sera la place des projets de formation ? Plus le temps de rentrer dans le détail des actions, de parler production, financement, conditions de réalisation. Autant de sujets que l'on pourra traiter en commission formation. Mais lors de la consultation annuelle sur les projets RH, il ne sera pas anodin de constater quel temps le DRH accordera au responsable formation. Car si lors de ce rendez-vous annuel on ne le voit pas apparaître, c'est signe qu'il pourrait bien disparaître. 

Commentaires

Ce qui se passe actuellement en Formation est consternant, sous prétexte que la loi (forcément plus nulle que la précédente mais meilleure que la prochaine) a changé, plus personne (ou presque) ne se forme dans notre pays.

Imagine-t-on un autre pays dans le monde où il faudrait des lois pour être autorisé à apprendre quand on est adulte ?

Les Français ont besoin de s'émanciper par rapport à leur entreprise (qui ne pourra faire tout le social qui lui était jusqu'à présent dévolu) mais aussi par rapport à l'Etat.

Les institutions ont-elles le pouvoir de former, de donner le coup de sifflet du départ en formation, de financer et d'organiser la formation ou cette responsabilité n'incombe-t-elle pas désormais au citoyen ou travailleur ?

Chacun d'entre nous se forme souvent seul et valablement (je n'imagine pas l'auteur de ce blog attendre qu'on le forme pour apprendre ou s'informer) et s'il faut accompagner les moins équipés dans la formation (de là l'intérêt du socle des compétences) pour les autres la formation doit redevenir un engagement individuel (en terme de temps et d'argent).


Il va falloir apprendre à apprendre mais aussi apprendre à ne plus compter que sur soi (pour apprendre déjà), c'est difficile mais bien l'objectif premier de toutes les réformes depuis les années 2000 : devenir autonome et acteur responsable de son projet professionnel (y compris en le finançant personnellement).

Les pouvoirs publics par leur insigne maladresse vont précipiter l'autonomisation des individus, c'est peut-être le seul point positif de la réforme.

Écrit par : cozin | 23/06/2015

... ce n'est pas vraiment la tendance reflétée par la dernière étude de la CEGOS !
Etes-vous prets à financer vous mêmes tout ou partie d'une formation ? Oui: 45% en 2011, 24% en 2015
Etes-vous prets à vous former HTT ? Oui: 69% en 2011, 51% en 2015

Écrit par : Gerland | 24/06/2015

Les Français, et c'est une habitude prise depuis au moins 50 ans, ne souhaitent guère payer pour les services qui leur sont rendus.
Ils acceptent de bonne grâce de payer les biens de consommation ou leurs transports (subventionnés dans le cas de la SNCF ou des transports urbains), mais dès qu'il s'agit de services immatériels (le juridique, la santé, l'éducation, la formation) ils estiment que ce n'est pas à eux de payer, que l'Etat (jadis Providence) doit pourvoir à l'essentiel des besoins des citoyens

Si l'Etat a éduqué ainsi nos concitoyens (l'Etat-ou l'entreprise- fait tout, paye et sécurise tout) il va bien falloir sortir de ce modèle (qui a pu fonctionner dans un contexte d'expansion économique mais surtout de remise à niveau du pays après guerre) car désormais les caisses des entreprises (de la plupart des entreprises) comme de l'Etat sont vides.

Toute subvention publique n'est en fait que de la dette augmentée et une addition qui deviendrait insupportable pour les prochaines années (si nous ne voulons pas perdre notre indépendance et notre souveraineté comme les grecs aujourd'hui).

A mon avis l'évolution probable de la formation va se rapprocher de celle de nombreux autres pays (notre système de formation prétendument offerte à tous par les entreprises ne peut survivre à la crise).

- les salariés (ou experts) hautement qualifiés dans les entreprises (un ingénieur dans l'aéronautique) continueront à être formés et à se former au fur et à mesure que les évolutions technologiques se développeront (et le rythme risque de s'accélérer)
Pour ces personnels (pas toujours salariés d'ailleurs) l'entreprise ne pourra pas se permettre de ne plus former (sous peine de perdre toute compétitivité)

- les 10 à 20 % de salariés et travailleurs les moins qualifiés devraient quant à eux bénéficier de formation Socle des compétences et remises à niveau bien plus massives que par le passé. Ces formations seront financées en partie par les entreprise et en partie par la solidarité nationale

- la grande majorité des autres salariés (la classe moyenne salariée) sera elle mise devant ses responsabilités :
- se former seul, hors temps de travail et sur ses propres fonds ou
- attendre en vain des aides et subvention de leur entreprise

C'est un peu comme en matière d'éducation (mieux vaut pouvoir payer des séjours linguistiques à ses enfants et des cours de soutien si on les scolarise dans le public), en matière de Santé (mieux vaut une bonne mutuelle face à une sécurité sociale de moins en moins généreuse) ou désormais en matière de formation (mieux vaut payer de sa poche une formation en langue ou en management que compter sur une règlementation hyper complexe et empêchant surtout de se former).

Le PDG de Wall Street Institut déclarait il y a peu que chez eux (ils ont changé récemment de nom), 90 % des personnes qui venaient apprendre l'anglais sur leur temps libre et en payant de leur poche allaient jusqu'au bout de leur formation (qui était aussi plus efficace) alors que le taux d'abandon des salariés envoyés par leur entreprise était de 50 %.

Les Français préfèreraient certes ne pas payer pour leur formation (et qu'elle soit réalisée sur leur temps de travail) ce sera de moins en moins possible pour des raisons économiques très compréhensibles (on ne peut offrir aux salariés Français des droits couteux que les entreprises concurrentes n'ont pas à supporter partout ailleurs).

Dans les prochaines années une certaine vérité sociale risque d'éclater (les Français n'ont pas vocation à moins travailler que les autres peuples tout en étant souvent mieux payés), on peut le regretter mais comme le disent les financiers "les arbres ne montent pas jusqu'au ciel"

Écrit par : cozin | 24/06/2015

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