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31/03/2015

Avis de tempête sur le CPF

Le compte personnel de formation est enlisé. Dans une chronique réalisée pour l’AEF, retour sur les raisons de ce blocage et les décisions qui permettraient d’en sortir. Car il est temps pour le CPF de sortir du terrain vague et de prendre le large !

DEBLOQUER LE CPF.pdf

TERRAIN VAGUE.JPG

Terrain Vague

Commentaires

Les pouvoirs publics avec la "réforme" de 2014 ont fait preuve tout à la fois de suffisance, d'arrogance et d'incompétence.
- Suffisance : "personne n'a pu réformer la formation depuis les années 2000, nous avons tout compris et allons changer le système en quelques mois (et pour les 40 prochaines années)"
- Arrogance : "le CPF sera simple pour le salarié et simple pour l'employeur"
- Incompétence : prendre pour argent comptant la comédie sociale des ANI successifs et coller à un texte de décembre 2013 qui dès le départ installait la pétaudière dans laquelle nous sommes de plain pied désormais.

On pourra toujours graver en 2017 ces mots de Bossuet au fronton du 101 rue de Grenelle :

" Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes"

Écrit par : cozin | 31/03/2015

Bonjour,

Je ne ferais le coup du "on vous l'avait bien dit !" (quoique la tentation...

Je ne sais pas si vous vous souvenez mais j'avais dit que le principe des listes était...une très mauvaise idée et un point de blocage majeur. Au fond, ce n'était qu'une des manifestations d'un système technocratique délirant où l'on voulait tout contrôler et ce, en raison de considérations qui, parfois, relèvent du fantasme.

Maintenant, je vois poindre à l'horizon un nouvel écueil...Et là, on risque le blocage total.

En ce domaine comme dans d'autres, on a besoin de stabilité.

Si on commence par réformer de fond en comble tous les cinq ans et poser des rustines de manière récurrente sur le dispositif en cours, on n'en sortira jamais d'autant qu'il faut toujours un certain pour qu'une réforme devienne opérationnelle ne serait-ce que parce que souvent une rafale d'accords de branche est nécessaire, ce qui prend du temps (en plus c'est organiser l'inégalité entre les salariés)...

Écrit par : bcallens | 31/03/2015

Ce n'est pas la réforme qu'il faut sauver mais bien la formation tout court désormais.
Parvenu à un tel niveau de complexité, de cafouillage et de brouillage il ne reste (comme dans le domaine de la formation des professionnels de Santé avec le DPC) que la solution d'un abandon pure et simple de la législation actuelle pour restaurer un minimum de confiance (indispensable pour former et se former).
Si le gouvernement actuel ne le comprend pas il portera en 2016 et en 2017 le CPF comme une croix.

Écrit par : cozin | 31/03/2015

Il eût mieux valu introduire de la souplesse ...Au lieu de cela, on est en présence d'un système qui se soviétise de plus en plus.

On aurait pu améliorer le DIF et en faisant la promotion de manière plus active...Cela n'a jamais été fait et cela doit expliquer son échec qui n'était pas inéluctable.

Écrit par : bcallens | 31/03/2015

Sans vouloir me citer, en relisant les archives de votre blog sur janvier 2014, j'écrivais ceci

....."

Par contre, j'ai beau être d'un naturel optimiste et bienveillant je ne pense pas du tout que le CPF sera prêt et fonctionnel en 2015, ni même en 2016 et sans doute pas avant de très nombreuses années. Le chantier est titanesque, j'ai relevé une centaine de points bloquant que la loi ne résoudra pas. Dans son étude d'impact publié sur le site de l'AN on découvre qu'il faudra encore publier 9 décrets pour le mettre en oeuvre.

Mon idée est qu'au ministère du travail on ne se fait pas d'illusion sur le CPF mais comme en haut lieu au château on a besoin de se remonter le moral la réforme aura lieu coûte que coûte. On pourra toujours accuser la Caisse des dépôts de ne pas avoir faire son travail dans 5 ans (on se demande pourquoi l'Etat n'a pas lancé un appel d'offre pour ce travail titanesque d'ailleurs, sans doute parce personne n'a pu même rédiger un cahier des charges suffisamment explicite du bébé !

En 2003 la Caisse des dépôts a été chargée (toujours elle) de mettre en place un Espace Numérique de Travail (ENT) pour tous les élèves de France. 10 ans plus tard un rapport nous apprend qu'à peine 35 % des établissements et des élèves en bénéficient. Le prix du bébé n'est pas indiqué par ailleurs.

Si le CPF fonctionne le 1 er janvier 2015 je paie une tournée à tous ceux qui me liront."

Écrit par : cozin | 30/01/2014

Le 1 er janvier 2015 le CPF ne fonctionnait évidemment pas et au 31 mars il permet au mieux à 1 salarié sur 1 000 d'espérer pouvoir se former. Le fiasco (prévisible) est total et personne ne peut plus rattraper le coup sans dépenser des centaines de millions et y passer des mois ou des années.

Écrit par : cozin | 31/03/2015

@cozin : En même temps, la CDC n'est pas pour grand chose dans le fait que le CPF ne fonctionne pas. Elle a fait ce qu'on lui a demandé dans les délais.
@cozin et @bcallens : vous constaterez que ma chronique ne se limite pas à pointer ce qui ne marche pas, elle identifie ce qui pourrait permettre au CPF de véritablement démarrer. Il ne faut pas oublier que le million de salariés qui ont fait la démarche de saisir leurs heures témoignent tout de même d'un appétit important pour la formation. Pas la peine de jeter l'eau du CPF avec le bébé de la formation.

jpw

Écrit par : jpw | 31/03/2015

Le Compte Personnel de Formation n'est pas un dispositif de formation (le DIF en était un) c'est un simple compteur (réceptacle) qui aurait dû servir à simplement conserver les heures de DIF d'un employeur à l'autre.
A l'origine il ne s'agissait que de ne pas perdre ses heures de DIF, mais le Medef a préféré noyer le poisson en inventant un nouveau et prétendument généreux nouveau dispositif.
LE résultat est très simple : les employeurs se désintéressent totalement de la formation des moins qualifiés, partout on nous dit : "nous payons 0,2% de cotisations, c'est aux pouvoirs publics de se débrouiller maintenant" .
Comme l'obligation de formation après 6 ans est suffisamment ambigüe pour que les employeurs estiment qu'une seule journée de formation du plan + une augmentation annuelle de salaire leur permettront de ne pas être pénalisés de 3 000 euros en 2020 (c'est à dire dans très longtemps) tout le monde se lave les mains du devenir social et professionnel des 6 à 8 millions de travailleurs peu ou non qualifiés.
Le socle des compétences, la seule bonne idée de la loi du 5 mars a été très vite malmené par les commissions qui l'ont transformé en un virtuel et impossible droit à la compétence.

Le ministère du travail pourra toujours prétexter en 2016 qu'il faut attendre la fin de l'année pour juger du résultat (catastrophique) du CPF et aucun rapport ou chiffres ne seront publiés avant les présidentielles de 2017.

Il ne faut pas s'étonner que les travailleurs pauvres votent pour n'importe quel démagogue alors qu'on les prive de toute capacité de travailler.

Écrit par : cozin | 01/04/2015

on fait des paris sur la date de révision? :-D

Écrit par : kristine | 02/04/2015

Je tiens le pari pour une révision de la loi durant l'été 2015 (par ordonnances). Personne n'en voudra à Valls et à Rebsamen de ré-écrire une règlementation qui était imbécile (et dont ils ne sont pas à l'origine). Si tel n'est pas le cas ils devront assumer un bilan formation désastreux en 2017.

Écrit par : cozin | 02/04/2015

Bravo pour cet article très pertinent et aussi un peu impertinent...

Quand en plus, un des OPCA les plus innovants et ingénieux, avec une vraie vision d'intérêt général de sa DG, qui disposait de compétences et services B to C pour informer et gérer les dossiers CPF individuels (expérience 4000 dossiers/an DIF portable en gestion web) est torpillé et sommé de ne plus innover, dépenser et penser individus ...

Il y a à croire qu'il y a un intérêt collectif à ce que cela ne marche pas ou alors c'est une stratégie des partenaires sociaux que je n'ai pas saisie.

De toute façon, l'argent du CPF finira au FPSPP qui sous contrôle de la COPANEF, servira à financer des projets CPF DE (ex CSP) selon des listes définies par les COPAREF après avis des CREFOP et selon les critères des CPNEFP des OPCA... et aussi bien sur avec l'aval des Pole Emploi et moyennant un CEP préalable réalisé par un Fongecif ou OPP...

Au final, on va perdre 2 ans pour les OF, salariés et DE et la réforme FPC de 2017 repensera tout ceci définitivement sauf si on repart sur un ANI transformé en nouvelle Loi ...

Faut-il croire encore en l'efficacité et exception du paritarisme à la française pendant que le monde pense Cooc, Google Learning et surtout Digital Learning...

@georgelinyves

Écrit par : Georgelin | 02/04/2015

Salut Yves,
La réforme pose assez directement la question de l'avenir du paritarisme de gestion. On sent bien que côté patronal, il ne manque pas de troupes pour prôner la liquidation, ce que renforce un certain jusqu'au boutisme syndical qui s'exprime dans plusieurs secteurs. Avec le tour que prend la situation, il sera facile en 2018 de mettre l'argent des droits individuels à la CDC, de laisser les entreprises se débrouiller sur le plan, de garder un service public d'orientation et des portails d'accès au droit. Cela marquerai la fin d'une époque...à nous de l'anticiper.

jpw

Écrit par : jpw | 02/04/2015

Petite tranche (authentique) de CPF :

Vous êtes demandeur d'emploi, disposez de 104 heures de CPF(ex DIF). vous habitez Paris et vous cherchez une formation bureautique (ça peut servir) via vos anciennes heures de DIF.
Sur le site moncompteformation.gouv.fr on vous propose 2 choix de formation :
1- Le DDEUST droit, économie, gestion spécialité bureautique et communication multimédia ; 2 années d’études niveau Bac + 2, réalisables uniquement (selon le site ONISEP) dans 2 établissements : Boulogne sur mer et Calais !
2- Le BP bureautique : réalisable en 2 années toujours, mais dans un seul établissement en France : à St Denis...de la Réunion.

Etant donné que le demandeur d'emploi en question habite Paris et dispose de 100 h de CPF, soit il va falloir beaucoup abonder (passer de 100h de DIF à 2 000 heures) et payer pas mal de frais annexes (transport et hébergement durant 2 ans à la Réunion) soit il va falloir arrêter la mascarade du CPF au plus tôt et se remettre au travail.

Écrit par : cozin | 04/04/2015

Ici, c'est mettre le doigt sur un problème lié au droit de la concurrence.

En effet, certaines formations ne seront possibles que dans de organismes limités en nombre et qui seront nommément désignés...

Écrit par : bcallens | 04/04/2015

Je signale que les OF préparant à la bureautique n'étaient pas précisés sur le site de la CDC mais qu'il m'a fallu ensuite chercher des infos sur Onisep.fr pour connaître la localisation, la durée...
On a l'impression que le site gouvernemental du CPF est juste un décor, un trompe l'oeil pour la presse RH et les partenaires sociaux.

Une autre anecdote : vous êtes hôtesse de caisse dans un hypermarché, vous entrez le code APE de votre entreprise et vous faites une recherche libre sur les formations accessibles :
elles sont au nombre de 1914 (sans doute une référence à la première guerre mondiale) quelque que soit la région que vous entrez (Ile de France comme Mayotte ou la Corse). Je trouve un peu "bizarre" qu'à Mayotte, une ile de 376 km2 il y ait le même nombre de formations accessibles qu'en région parisienne. De là à imaginer que le site racontre n'importe quoi il n'y a qu'un tout petit pas à franchir :-)

Écrit par : cozin | 04/04/2015

@cozin : les listes s'ajoutent c'est ce qui explique vos résultats. La LNI est proposée à tout le monde (sauf à faire des choix de domaines pour en avoir qu'une partie), la liste de branche à tous les salariés de la branche et la liste régionale vient s'ajouter aux trois précédentes. On ne prend pas le plus petit dénominateur commun. Vous aurez donc toujours accès à des formations qui n'ont pas lieu dans votre région...et heureusement d'ailleurs car cela permet éventuellement de les suivre à distance et ne vous restreint pas à votre environnement géographique.
@bcallens : les listes ne posent aucun problème de concurrence dès lors que tout organisme peut être inscrit au RNCP ou à l'inventaire sur demande et que les critères de choix pour figurer sur les listes est transparent. C'est la raison pour laquelle le COPANEF a fait le choix de publier les critères fondant ses décisions sur la LNI. A ce jour, les CPNEFP et les COPAREF n'ont pas eu, à ma connaissance, le même souci de transparence.

@tous les deux : je pense que la résurrection du DIF, même parcellaire, vous réjouira !

Écrit par : jpw | 04/04/2015

@kristine : même si les textes ont des lacunes, c'est moins le cadre juridique que le comportement des acteurs ensuite qui bloque le système du CPF. Repasser par la loi supposerait par ailleurs, sauf à ne pas respecter le premier article du code du travail, de réouvrir une négociation interprofessionnelle sur le sujet. Donc je maintiens 2018 pour ma part !

Écrit par : jpw | 04/04/2015

Comme nous l'avons tous constaté le DIF est ressuscité dans la fonction publique avec tout d'un coup 500 000 élus locaux qui en bénéficient (plus les 5,5 millions de fonctionnaires, ça fait 6 millions de bénéficiaires et si les syndicats de fonctionnaires se réveillent le CNFPT va exploser en vol).

La désintégration de la réforme de 2014 est en cours, les pouvoirs publics ont le choix soit de prendre le taureau par les cornes dès cet été en légiférant par ordonnance (la comédie des ANI a assez duré) et dans ce cas l'année 2016 en formation peut encore être sauvée .

Seconde solution : les pouvoirs publics mentent durant toute l'année 2016 sur les résultats de la réforme en transférant les 25 000 VAE et autant de CQP autoritairement sur le CPF pour afficher 50 000 personnes en formation.

Tout est possible je pense, y compris que la comédie du CPF se poursuive jusqu'aux présidentielles.

Les 15 millions de salariés du privé apprécieront alors d'avoir été privé de leur droit à la formation alors que ceux qui ne risquent pas de perdre leur emploi bénéficieront eux du DIF.

Écrit par : cozin | 04/04/2015

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