22/09/2014
Apprend-on de l'expérience ?
Parfois, mais en tous les cas pas de manière automatique, comme l'actualité nous le confirme. L'expérience est, au même titre que la formation, une modalité potentielle d'apprentissage. Mais de la même manière que l'on peut traverser une formation de manière totalement transparente, on peut ne tirer aucun profit de l'expérience. Car au final, c'est moins l'expérience qui est déterminante que la manière dont nous l'appréhendons, l'analysons et au final en tirons profit ou pas. Comme dirait Alain Juppé, on ne change vraiment jamais, mais on peut s'améliorer ou se dégrader selon les cas.
A-t-on appris de l'échec du DIF ? a-t-on tiré les leçons du fait que de restreindre à priori le champ du DIF (c'est le droit exclusif du salarié, pas de DIF sur les formations d'adaptation, pas de hors-temps de travail pendant les congés payés, etc.) n'a permis ni son appropriation ni son développement ? a-t-on, plus fondamentalement, appris que lorsque l'on construit un dispositif en le verrouillant par crainte des détournements on créé dès le départ les conditions de son échec ? la réponse à ces questions est non si l'on se fie à ce qui se trame sur les processus de gestion du Compte personnel de formation. Imposer au salarié de saisir sa demande sur le portail du CPF pour vérifier que l'initiative vient de lui, interdire aux entreprises de servir de boîte aux lettres avec l'OPCA pour les demandes de leurs salariés, reporter la charge sur l'utilisateur, tout cela par crainte de la "récupération" du CPF par les employeurs, c'est tout simplement instaurer la défiance en mode de fonctionnement généralisé et créer les conditions de l'échec. On attend le salarié illettré qui fera sa demande en ligne pour suivre une formation du socle de compétences. Mais vu de loin, de très loin, il pourra bénéficier du conseil en évolution professionnelle. Car dans le monde de ceux qui imaginent tout cela, le fait que les salariés illettrés se rendent spontanément à POLE EMPLOI pour être accompagnés pour remplir une demande de formation sur internet, et bien c'est possible. Restons optimiste, il est encore temps de faire autrement. Mais pour cela, il faudrait avoir l'humilité d'apprendre de ses expériences.
22:17 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Bonjour,
Le DIF n'a guère fait l'objet d'actions de communication, il faut bien le dire...
Sans parler du problème qui me paraît plutôt lié aux mentalités. On imagine mal à quel point le français est rétif à la formation. Trop souvent, la formation est perçue au pire comme une déchéance, au mieux comme l'indice d'une perte de confiance de la part de l'employeur et donc le signe avant-coureur d'une menace de licenciement...Et je ne parle pas de ceux qui considèrent que la formation sert d'abord l'intérêt des employeurs.
Écrit par : bcallens | 23/09/2014
Bonjour,
Je ne suis pas vraiment d'accord sur l'analyse que vient de faire bcallens... La perception de la formation n'est pas si pernicieuse chez les salariés, et les velléités de "l'immonde" employeur qui veut, encore une fois, abuser du système pour brimer ses salariés sont quand même bien encadrées par le Comité d'Entreprise, qui a un rôle important dans l'établissement du Plan de Formation...
Par contre, je ne peux malheureusement que constater un manque chronique d’intérêt de la part des salariés pour la Formation, dont ils ne voient souvent pas l’intérêt (et je ne pense pas que la nouvelle Loi va changer cet état de fait). Je suis toujours étonné de constater à quel point nombre de nos congénères se satisfont de ce qu'ils ont, sans chercher à progresser...
Je travaille dans le milieu de la Santé, et je dois littéralement pousser les salariés (jeunes) qui pourraient passer des concours pour devenir Aide-Soignants voire Infirmiers, mais qui n'en ont nulle envie... Quant à ceux qui ont cette démarche, ils ne le font que dans des conditions optimales, avec salaire garanti et congés "obligatoires".
Cette analyse n'est certes guère plus optimiste que celle de mon collègue, mais elle est réaliste... d'autant plus que, encore une fois, je travaille dans un milieu "privilégié" dans ce domaine.
Cela étant dit, je sais pertinemment que Jean-Pierre, Humaniste devant l'éternel, va pester !!!
Écrit par : Shreck | 23/09/2014
Les partenaires sociaux ont demandé à l'Etat de s'occuper de la formation avec le CPF, il n'y avait rien à attendre d'autre que ce que l'Etat sait faire : pondre de nouvelles lois, des règlementations lourdes et complexes qui invariablement ratent leur cible.
La formation c'est de la persévérance, du travail et de la responsabilisation.
Écrit par : cozin | 23/09/2014
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