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26/09/2014

Enfumés

Pour l'hebdomadaire, cela devient un marronnier, comme le salaire des cadres, les prix de l'immobilier ou les francs-maçons. Avec les mêmes techniques : on ressort les articles de l'année précédente, on relooke un peu, on ajoute trois infos et surtout, surtout, on soigne la titraille. Et c'est la que la ligne jaune est franchie. Parce que des articles approximatifs, écrits à la va vite, sans enquête sérieuse, sans vérification, en reprenant de vieilles informations, c'est hélas classique. Mais un titre délibérément mensonger et aussi grotesque, cela s'appelle du racolage sur la voie publique et ce n'est pas à l'honneur de ses auteurs. Je ne sais pas si la déontologie est enseignée dans les écoles de journalisme, mais comme Le Point n'aime guère la formation, les journalistes ont du passer à côté de celle-là aussi. Parce que c'est tout de même la vingt six millième fois que l'on explique que les 32 milliards de la formation cela ne veut rien dire parce que ce chiffre amalgame des cotisations, des coûts directs, des salaires, la formation des salariés, des jeunes, des fonctionnaires, des demandeurs d'emploi, etc. Et que 32 milliards en fumée cela laisse penser que l'ensemble de ces sommes ferait l'objet de détournements ou d'escroquerie. Le véritable scandale, il est plus dans les pratiques journalistiques que dans la formation. Et au final, c'est le lecteur qui est enfumé. 

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Pour qui voudrait savoir ce qu'est le journalisme de caniveau, la lecture de l'hebdomadaire serait une bonne formation, si le fait de payer 3,80 le numéro ne frisait pas l'escroquerie. Car on apprend qu'il est scandaleux d'organiser des formations  à la retraite ou aux langues régionales (l'alsacien en l'occurrence). Et le pire c'est que l'auteur s'esclaffe car la formation n'exige pas que l'on habite l'Alsace ! à ce compte, pourquoi former aux langues étrangères des français habitant en France ? même ironie pour les formations aux gestes et postures censées éviter le mal de dos. Pour l'auteur une formation loufoque. On lui conseille de travailler un peu et de regarder le coût pour la sécu des mauvaises postures. Et plus fondamentalement, Béatrice Parrino, auteure de l'article, décrète que le système est inefficace et qu'il devrait bénéficier en premier lieu aux chômeurs. Et bien non, le système de formation continue bénéficie en premier lieu à ceux qui travaillent parce que ce sont eux qui en ont le plus besoin pour effectuer leur travail et que la formation ne créé pas l'emploi : elle l'accompagne. Quant à l'inefficacité, on attend que l'on nous explique en quoi les millions de formation réalisées chaque année sont inefficaces mais tous ceux qui crient au loup sont bien incapables de fournir une seule évaluation sérieuse qui ne relève pas du préjugé. Bref, il y a de quoi s'énerver, car la formation a besoin, comme tout système, d'évoluer, de se réformer et de gagner en efficacité, mais ce n'est pas avec des cochonneries de ce genre que l'on fera avancer le moindre schmilblick. Au fait, c'est qui déjà le directeur du Point ? Franz Olivier Giesbert, dit FOG et l'on comprend mieux, avec Mr Brouillard, qui est l'enfumeur. 

Commentaires

le gouvernement est aussi responsable de ce type d'approximations et d"enfumage avec les fameux 32 milliards qui nous ont été assenés pendant des mois http://www.cpformation.com/tag/michel-sapin/

Le plus cocasse c'est qu'après avoir lancé ce chiffre dans tous les médias avant la discussion de la réforme les pouvoirs publics ont décidé de ne réorienter (au mieux) qu'1 milliard d'euros par an vers le "phare" de la réforme (soit 3 % des sommes prétendument mal dépensées).

Non seulement la formation marche mal en France mais elle n'est pas prête d'être au service du travail avec de telles approximations et improvisations.

Écrit par : cozin | 26/09/2014

Bonjour,

J'ai le sentiment que tout vient d'Attali...

http://www.ladepeche.fr/article/2014/08/19/1936432-jacques-attali-hollande-plus-mois-reformer.html

Écrit par : bcallens | 27/09/2014

Merci pour le lien, c'est vraiment du grand n'importe quoi. Il est vrai qu'à côté des omniprésidents on a les omniconseillers qui savent tout sur tout. Attali est un bon exemple, et on a dans le même style Alain Minc. Le type qui conseille tous les dirigeants mais qui, lorsqu'il s'est trouvé en situation de prendre des décisions de gestion, n'a connu que des résultats catastrophiques, je veux parler de sa gestion du fonds Cerus qui avait conduit De Benedetti à dire "Faire d'Alain Minc un dirigeant ou PDG, c'est comme confier une charcuterie à un sociologue". Cela vaut pour pas mal d'économistes, et pour presque tous ceux qui parlent de formation professionnelle.

NB : il y a ce week-end à Lille un salon du polar, ne manquez pas si vous avez l'occasion, Jérôme Leroy et l'Ange Gardien.

Cordialement

jpw

Écrit par : jpw | 27/09/2014

Après lecture attentive du numéro du magazine Le Point et même si l'on peut regretter le côté sensationnel de la couverture du journal sur les 32 milliards ou la dénonciation stupide des formations macramé (l'équivalent de la course en sac du magazine de France2 "Cash Investigation") force est d'avouer que l'enquête consacrée à la formation est tout de même passionnante et surtout qu'elle remue au niveau syndical et politique des bas fonds qui méritaient de l'être.
On comprend mieux pourquoi la formation est in-réformable en France : elle est tellement liée au fonctionnement politique et syndicale, elle permet à tellement d'institutions obsolètes de continuer à tirer des subsides du système que nul n'osera jamais remettre à plat ce système (avec par exemple les sommes considérables consacrées à la formation des fonctionnaires sans résultats avérés sur le terrain).
Nous avons tous eu la naïveté de croire que la formation était mal partie mais pouvait changer, en fait elle n'est sans doute que le reflet de la société française avec ses travers, ses détournements et ses petits arrangements.

Écrit par : cozin | 28/09/2014

Bonjour,

Sauf que dans le papier, pas un mot sur le fait que le financement du paritarisme n'est plus assuré par la formation à partir du 1er janvier prochain ni, et surtout, que dans une démocratie sociale le fait que l'on finance les organisations professionnelles (de même que l'on finance les partis politiques) n'a rien de scandaleux en soi, c'est même prévu par la loi. Que dans tout système on trouve des petits profiteurs, des escroqueries et des pratiques anormales c'est banal, la malhonnêteté consiste à généraliser trois constats (toujours les mêmes d'ailleurs) et à reprendre, par exemple, la sempiternelle antienne de la dérive sectaire sans jamais avoir aucune illustration.
Et au final, quelle est la conclusion de tout ceci : qu'il faut encore et toujours davantage règlementer. FOG qui plaide pour un libéralisme accru devrait s'interroger sur la cohérence de son journal.

jpw

Écrit par : jpw | 28/09/2014

Les commentaires sont fermés.