Six expositions consacrées à l'art baroque à Naples. Quel meilleur lieu pour présenter la chair incarnée, les débordements de la vie, le bouillonnement humain, la magnificence de la création et l'exubérance tragique de la condition humaine. On explique parfois le baroque comme une réaction aux formidables avancées des sciences et de la raison qui ont marquées le XVIIème siècle. Par le retour au réel, à l'homme de chair du Caravage, s'opère une réappropriation du monde.
Le Caravage - La flagellation - 1607
Les concepteurs de l'exposition Barock qui se tient au Musée d'art contemporain Dona Régina, le MADRE (!), affirment cette même volonté de réancrage dans le réel. Devant la profusion de connaissances, d'informations et de rationalité, l'art contemporain peut constituer un retour au réel qui permet à l'individu de ne pas être dépossédé de lui-même. Parmi les artistes présentés, c'est sans doute Orlan qui illustre le mieux le projet. Ayant promu le corps oeuvre d'art dans une chirurgicale réappropriation, elle figure au moment de la Pâques et de la passion chrétienne, l'affirmation de l'existence personnelle inaliénable, sinon inaltérable.
Orlan - Opération réussie - 1994
Et, mieux que Malraux, elle nous permet de comprendre pourquoi le XXIème siècle sera religieux, comme le baroque avait accompagné la Révolution Catholique.
Orlan en Sainte Thérèse
La question du retour au réel s'impose également aux organisations. Est-ce par hasard si le suicide peut apparaître comme une réappropriation de soi dans une organisation à la froide rationalité déshumanisante ? Paraphrasons Rabelais pour affirmer que performance sans conscience n'est que ruine de l'âme, et des corps aussi. Plutôt la vie.
Les commentaires sont fermés.