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05/08/2012

Welcome in Vienna (1)

Qu'est-ce qui vous a marqué dans votre vie ? quelles rencontres ? quelles personnes ? quel voyage ? quels livres ? quels tableaux ? quels évènements ? quelles phrases ? quelles situations ? quels films ? si l'on faisait totalement confiance à la mémoire et ne se préoccupait pas trop de l'inconscient, on pourrait dessiner un portrait chinois à partir de l'identification de ce qui a véritablement compté dans notre vie. Welcome in Vienna fait partie des rares films à la persistante présente tant il est impossible de se détacher de ces images en noir et blanc. Le film, en 3 parties, est reprojeté au Reflet Médicis. Aujourd'hui, première partie : "Dieu ne croit plus en nous". Devant vous ce n'est pas une histoire que vous raconte le film mais l'Histoire à travers des histoires. Celles de tous ceux qui furent jetés brutalement en pâture à la violence et à la folie nazie mais surtout à leur cortège de lâchetés, de collaborations et de compromissions qui au final les rendirent possibles.

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Si lel film est en noir et blanc, le propos ne l'est guère. Dans les nombreux personnages qui traversent cette fuite depuis l'Autriche à travers l'Europe pour l'obtention d'un improbable visa qui permettra de partir aux Etats-Unis, en Amérique du Sud ou plus loin encore, les portraits sont contrastés, moins ambigües que chargés de toutes les ambivalences qui font l'humanité. Et tout au long des deux heures de film, à travers les situations les plus banales qui sont également les plus dramatiques, l'on sent la peur permanente du traqué qui ne se soigne guère mais s'oublie par l'action, par l'humour désenchanté des juifs de la mittleuropa, par le chacun pour soi et parfois par la solidarité.

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A ceux qui ont trouvé à redire aux discours de Chirac et Hollande sur le Vel d'Hiv on conseillera de consacrer un peu de leur précieux temps à la vision du film, et de se souvenir que l'armée et la police française ont préféré livrer aux allemands non seulement des juifs mais également des allemands antinazis ou des républicains espagnols, soit une immense majorité d'hommes et de femmes qui ne souhaitaient que prendre les armes contre ceux auxquels ont les remis. On leur conseillera d'ailleurs tout particulièrement le passage ou des policiers français raflent des juifs parce qu'ils doivent atteindre leur quota mensuel.

La force du film se trouve partout : l'esthétique des images, le jeu extraordinaire des acteurs, le montage, le contenu minutieux de chaque scène, les dialogues écrits par Georg Stefan Troller dont la vie inspira largement le scénario du film. Elle se trouve également dans l'absence de toute grandiloquence ou de surcroît d'émotion qui serait mobilisée pour défendre une cause. Le plus terrible est qu'Axel Corti ne fait que montrer dans le détail et sans pathos ce que Hannah Arendt nommait la banalité du mal. Deuxième partie demain.