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10/06/2015

Vos g... les mouettes !

Lecteur de hasard qui sur ce blog est tombé au gré de ton errance sur les chemins électroniques du grand tout planétaire, passe ton chemin ! à lire ce qui va suivre tes facultés pourraient se trouver ébranlées. Spécialiste de la formation et des ressources humaines qui fréquente assidument, ou non, ce lieu, tu connais les artifices du jargon et les constructions de papier que le vent du terrain balayent. Alors tu peux sans prendre trop de risques lire les lignes qui suivent, elles vont te conter l'histoire de l'inventaire. Oui, oui, l'inventaire des certifications et habilitations, nouveau trésor de tous ceux qui s'obstinent à vouloir faire métier de la formation. Voici l'histoire : 

- l'inventaire nait le 24 novembre 2009...dans les textes. La loi confie à la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP), le soin de construire et d'alimenter ce petit frère du Répertoire national de la certification professionnelle (RNCP). Contrairement à son aîné, l'inventaire doit recenser les certifications non diplomantes à caractère transverse, ainsi que les certifications obligatoires ;

- pendant 5 ans, l'inventaire est mort-né. La CNCP n'agit pas, personne ne la presse et l'inventaire végète dans le cimetière des textes sans suite ;

- le principe du CPF est voté en juin 2013, les partenaires sociaux négocient l'ANI du 14 décembre 2013, la loi réformant la formation qui met la certification au coeur des dispositifs est adoptée le 5 mars 2014. Mais rien n'y fait. L'inventaire demeure engourdi dans la torpeur de la CNCP. 

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Cantona : "Quand les mouettes suivent le chalutier,

c'est qu'elles espèrent qu'on va leur lancer des sardines". 

- le CPF ouvre le 1er janvier 2015, toujours pas d'inventaire ;

- saisi par les organismes de langues, notamment, de la catastrophe économique qui se profile à l'horizon des organismes de formation, le Gouvernement demande instamment aux partenaires sociaux d'inscrire les certifications en langues à l'inventaire et de les faire figurer sur la liste nationale interprofessionnelle afin de les rendre accessibles à tous les bénéficiaires. Ce qui est fait, au grand dam des organisations syndicales qui parlent, pour certaines, de "viol" à propos de l'insistance du Gouvernement (z'ont quand même pas du être violés souvent) ;

- l'inventaire ouvre officiellement ses portes, et son portail sur le site de la CNCP, le 17 mars. Trois mois plus tard, deux commissions ont entériné l'inscription à l'inventaire  de quelques centaines de certifications ;

- L'arrêté du 31 décembre 2014, qui fixe la procédure d'inscription à l'inventaire est publié. Il détermine les autorités légitimes qui ont vocation à saisir la CNCP de toute demande : organisations syndicales ou patronales de niveau confédéral, CPNEFP, association des régions de france, etc. ;

- côté ministériel, personne n'est prêt, tout le monde cherche à qui refiler la patate chaude et les parrainages se font au compte goutte ;

- côté CPNE, le temps d'appropriation des enjeux et modalités de la certification est parfois très rapide...et plus souvent un peu plus long, quant on ne retrouve pas le blocage franco-français que hors du diplôme point de salut voire même que l'inventaire n'aurait jamais du voir le jour.

Et puis la cerise sur le gâteau : la CNCP demande aux branches professionnelles, lorsqu'elles présentent leurs propres certifications, d'être parrainées par une autre branche car sinon elles seraient juge et partie. Que l'on rajoute une condition au droit des CPNEFP qui leur est règlementairement reconnu témoigne d'une assez grande légèreté vis à vis des règles par ceux là même qui sont censés les faire respecter. Et au plan opérationnel, on frise l'absurde en demandant aux branches qui maîtrisent leurs métiers et leurs certifications d'obtenir la caution de celles qui ne les connaissent pas. 

Quant aux potentiels organismes certificateurs, ils en sont réduits à se demander quelle condition non règlementaire et inconnue d'eux on opposera demain à leurs demandes. Car bien évidemment, les règles du jeu ne sont ni officielles ni publiées, favorisant ainsi tous les délits d'initiés. Comme toujours, l'excès de bureaucratie constitue le terreau de l'arbitraire. 

Résumons, après l'inaction, l'excès de zèle. Et comme les syndicalistes le savent bien, ce sont les deux moyens les plus efficaces pour paralyser l'activité. 

Et lorsque vous venez expliquer tout ceci, en termes mesurés et choisis, on ne retient que la critique et on vous répond gentiment : ta g... la mouette.