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04/05/2009

Emulation

Au Palais des lumières d'Evian sont exposées 250 œuvres produites par des artistes ayant été hébergés à la Ruche, lieu mythique de Montparnasse créé par Alfred Boucher, peintre et sculpteur, en 1912. La Ruche n’est pas une école au sens de mouvement, il n’y a pas un style caractéristique de la Ruche et chaque artiste a pu suivre son chemin personnel. Toutefois, la collaboration, l’amitié, la fréquentation, mais aussi l’inimitié, la confrontation voire l’affrontement ont leur part dans les productions individuelles, puisque rares furent les productions collectives. Modigliani, Léger, Soutine, Archipenko...sont passés par la Ruche dans laquelle Ernest Pignon-Ernest a un atelier.

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Ossip Zadkine - Un couple

 Dans cet univers de vie et de travail, les influences réciproques ne sont jamais automatiques ou hasardeuses, elles ne sont pas certaines mais elles existent. Dans quelle mesure l'oeuvre d'autrui a-t-elle influencé mon travail ? quelle est la part d'Ingres dans Picasso ? la part de David ou Raphael dans Ingres ? la réponse est impossible, comme il est peu probable de déterminer la part exacte des lectures d'un écrivain dans la production de ses livres.

L'expérience de la Ruche, comme celle des mouvements artistiques du XXème siècle, nous montre que la compétition, et a fortiori la concurrence qui n 'en est qu'une modalité fruste, n'est qu'une des formes possibles de l'émulation. Alors que des entreprises développent le concept de "concurrence interne compétitive", il pourrait être judicieux de réfléchir aux autres manières possibles de susciter de l'émulation et de la coopération. Pour ceux qui verraient en ce souhait une douce utopie, dont par ailleurs nous manquons cruellement, cette phrase de Modigliani figurant au regard des tableaux exposés à Evian : "Ton devoir réel est de sauver ton rêve".