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12/01/2015

Tant que la source coulera...

Retour à une autre actualité, et reprise des questions-réponses sur le CPF. Aujourd'hui la question financière, puisque nombre de droits viennent se fracasser sur la limite financière de leur mise en oeuvre. Pour l'instant tel n'est pas le cas, et les paris restent ouverts : combien de temps avant que les 800 millions qui doivent servir à financer le compte personnel de formation soient épuisés ? je parierai bien sur trois ans, ce qui nous amène à 2018, l'horizon de la prochaine réforme. 

Qui finance les formations suivies dans le cadre du CPF ?

Pour les salariés, l’OPCA dont dépend l’employeur ou l’OPACIF (organisme de financement du CIF) lorsque la demande est formulée en accompagnement d’une demande de congé individuel de formation.

Quels sont les coûts pris en charge par l’OPCA ?

L’OPCA finance le coût réel de la formation dans la limite des heures dont dispose le salarié. Toutefois, le Conseil d’administration de l’OPCA peut fixer des plafonds pour certaines formations. L’OPCA peut également financer les frais de déplacement et d’hébergement ainsi que les frais de garde d’enfant ou d’ascendant en cas de formation réalisée hors-temps de travail.

Si la formation se déroule pendant le temps de travail, la rémunération est-elle également financée ?

 Elle peut l’être à condition que le Conseil d’administration de l’OPCA l’ait expressément décidé. Et dans ce cas, le financement de la formation ne peut excéder celui des autres coûts pris en charge. Ce qui signifie que si une formation a un coût de 2 000 euros, l’OPCA pourra financer le salaire chargé pendant la formation au maximum à hauteur de 2 000 euros. Le paradoxe est que plus la formation est onéreuse, plus le salaire peut être pris en charge.

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 Comment savoir si la formation sera financée ou non intégralement ?

 En interrogeant l’OPCA ou en vérifiant sur son site les coûts de prise en charge du CPF. A ce titre, impossible pour l'entreprise de mettre en place une offre CPF sans la faire valider préalablement par l'OPCA.

 Qui fait la demande de financement à l’OPCA ?

Les OPCA sont les interlocuteurs des entreprises, pas des salariés. C’est l’entreprise qui présentera les demandes de ses salariés, dès lors qu’elle est impliquée dans la formation et notamment que la formation se réalise pendant le temps de travail. 

 Et si la formation a lieu en dehors du temps de travail ?

 Le salarié peut toujours passer par son entreprise s’il le souhaite. Il peut aussi passer par un OPACIF  qui transmettra sa demande à l’OPCA sans que l’entreprise du salarié en soit informée.

Que se passe-t-il si l’entreprise fait obstacle à la transmission de la demande de financement ?

Le salarié peut toujours passer par l’OPACIF qui transmettra sa demande. Ou par le Conseil en évolution professionnelle (CEP).

Un OPCA est-il obligé de financer les demandes qui lui sont présentées ?

 Tant qu’il a des fonds disponibles et dès lors que la formation est éligible, il doit financer la formation. Il ne pourra imposer des priorités particulières que lorsqu’il aura plus de demandes que de financements.  Tel ne devrait pas être le cas en 2015 ni même en 2016. Ce qui signifie que, au moins dans un premier temps, les priorités de branche ne font pas obstacle au droit des salariés (par contre, le niveau de financement peut ne pas être le même).  

Commentaires

On peut ne pas être d'accord avec cette interprétation du CPF, notamment sur son financement.

1) il n'y aura pas de cotisations CPF encaissées par les OPCA avant fin février 2016, comment payer 800 millions en 2015 (ou alors si on table sur 0 développement de la formation il faut le dire)

2) Admettons que 800 millions d'euros soient cotisés et payés en 2016, admettons que 400 millions serviront pour les dépenses pédagogiques et admettons encore que 20 % des heures de DIF soient demandées tous les ans à partir de 2016.

Il pourrait y avoir, à partir de 2016, 200 millions d'heures de formation à réaliser chaque année avec donc 400 millions d'euros de budget. Cela met l'heure de CPF à 2 euros ! 10 fois moins qu'il faudrait

3) Vous parlez désormais d'une réforme de la formation en 2018, fort bien mais pourquoi pas après en 2022 puis en 2026 pour d'autres réformes (encore meilleures !).

A la limite on pourrait décréter que la formation changera désormais tous les 4 ans (ça donnera du travail aux députés) et qu'au final les 6 à 8 millions de travailleurs non qualifiés n'ont même pas besoin de se former (il leur suffira de savoir qu'ils ont des heures sur leur compte).

Un dernier point, si la législation ne change pas, dans 5 ans, en mars 2020, les entreprises de plus de 50 salariés devront s'acquitter de lourdes pénalités, entre 3000 et 3 900 euros par salariés non formés (sur des formations qualifiantes ou certifiantes), quel serait alors l'intérêt pour une entreprise de tabler sur un échec de la réforme et du CPF ?

Notre pays peut-il se contenter de faire semblant de former ses travailleurs et de brasser de l'air (comme nous le faisons tous depuis 2 années) ?

La formation c'est l'anticipation mais pas non plus de la science fiction :-)

Écrit par : cozin | 12/01/2015

1) La collecte de n -1 a toujours servi a faire la trésorerie de l'année suivante, sauf pour les OPCA qui font des appels en cours d'année et qui ont la trésorerie directement sur l'année. Donc il y a bien 800 millions disponibles pour 2015.

2) Vos projections me rappellent la Cour des comptes et ses 80 milliards de dette sur le DIF : purement fantaisiste. Attendons de voir avant de faire des simulations qui ne reposent sur rien.

3) Il ne vous a pas échappé, qu'avec le quinquennat nous avons une réforme tous les 5 ans : 2004 - 2009 - 2014 : j'aurai du dire 2019 mais je pense que l'urgence sera plus grande et que le nouveau Gouvernement ne saura pas résister à la tentation. Il n'est pas anormal par ailleurs que l'on ajuste un système tous les 5 ans, par contre on ne peut pas le rebâtir tous les 5 ans.

Et bonne année !

jpw

Écrit par : jpwj | 12/01/2015

Bonjour Jean-Pierre,

Pourriez-vous me donner votre interprétation sur l'obligation, ou non, d'un employeur à financer le solde éventuel du coût pédagogique non couvert par l'OPCA lorsque la formation a lieu pendant le temps de travail ? Dans les textes, il est indiqué que l'employeur a l'obligation de maintenir le salaire mais il n'y a rien concernant le coût pédagogique.

Écrit par : Yannick | 03/02/2015

Bonjour Yannick,

Aucune obligation bien sur. Le salarié fait une demande d'utilisation de son droit. Si l'employeur accepte que ce soit sur le temps de travail, il maintient le salaire mais cela ne l'engage en rien sur le coût pédagogique (il serait plus avantageux d'ailleurs dans ce cas de figure que l'employeur paie le coût de la formation, quitte à ne pas maintenir le salaire - congé sans solde- socialement et fiscalement, c'est plus avantageux pour les deux parties).

Cordialement

jpw

Écrit par : jpwj | 03/02/2015

Bonjour Jean Pierre!

Tout d'abord merci pour ce site qui m'empli de joie, tant dans ces explications (qui pour une fois se veulent claires et concises..) que pour votre humour!

Voilà je suis bénévole dans une association qui montent des projets urbains solidaires de co-construction, et dans cette démarche la pédagogie et la formation sont des points essentiels, si ce n'est nécessaires. Je suis en charge de faire des recherches sur comment pourrions nous proposer de la formation professionnelle reconnue pour tous les publics et notamment pour des publics très isolés de l'emploi avec qui nous travaillons actuellement (gens du voyage, roms, gitans); et comment à terme pourrions nous devenir organisme de formation.

Cet question d'agrément pour devenir organisme est réglé, néanmoins, je voudrais savoir quelles étaient nos possibles pour capter du financement des OPCA, Région, Pôle Emploi, entreprises, etc. pour ces actions de formation ?
2° Faut-il nécessairement dispenser de formation certifiante/qualifiante enregistrées au RNCP, ou à l'Inventaire? (je n'ai d'ailleurs pas bien compris la nuance entre certifiante et qualifiante..)
3° Faut-il proposer des formations éligibles au CPF pour capter du financement? (sachant que ce dispositif n'est à priori pas une réussite)
4° Un demandeur d'emploi ou un jeune en situation de déscolarisation qui n'a pas cumulé d'heure au titre du CPF peut-il en bénéficier? et comment abonder son compte vide?
5° Comment dispenser d'une action de formation répertoriées au programme régional de formation professionnelle pour les demandeurs d'emploi ?
6° Est-il tout simplement possible de dispenser de formation pour l'insertion et obtenir un financement fixe?
7° La solidarité et la formation professionnelle sont-elles compatibles?
8° Allons nous droit dans le mur par cette démarche pleine de sens?
9° Enfin, la loi du 5 mars mentionne à l'article 6313-13 que sont dorénavant considérés comme action de formation, les formations aux bénévoles. Voyez vous en cela une option possible pour nous : faire de ces publics des bénévoles de l'association pour leur délivrer une formation et au passage capter du financement des OPCA/région pour les coûts pédagogiques notamment ?

Pardonnez ce commentaire un peu hors sujet de ce post, je ne savais pas trop bien où me mettre pour poser ces multiples questions auxquelles les administrations ne daignent/savent répondre.

Bien à vous et par avance merci pour votre attention,

Victoire.

Et encore bravo pour ce site!

Écrit par : Victoire | 20/04/2015

@Victoire : bonjour et merci pour votre commentaire. Je suis un peu désolé de vous répondre cela, compte tenu du temps pris à poser vos questions, mais les échanges sur ce blog ne sont pas très adaptés à répondre à l'ensemble de vos questions. Je serai donc bref : par principe, tout démarche éducative peut être considérée comme solidaire. Pour autant, comme toute activité financée par un tiers payant davantage que par les bénéficiaires, il faut concilier la maîtrise des règles de fonctionnement du secteur sans perdre le sens et la finalité de l'action. Mais les deux n'ont rien d'incompatible.

Belle journée à vous

jpw

Écrit par : jpw | 22/04/2015

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