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28/12/2014

Un autre genre

Sur une scène qu'aurait dessinée Francis Bacon, une arène éternelle habitée par des ombres de passage qui traversent la lumière sans la troubler, deux hommes s'affrontent. Pas une once de séduction, pas un gramme de pathos non plus. La sécheresse de la lutte, avec l'autre, qui n'est jamais que lutte avec soi-même, autrement dit la lutte avec l'ange. Sur la scène du Théâtre de la Ville, Akram Khan et Israël Galvan dansent. Ensemble, avec les voix, avec les instruments, pieds nus, chaussures aux pieds, chaussures en mains, ensemble encore lorsqu'ils sont seuls, ils dansent. Rarement j'aurai vu deux hommes aussi féminins et aussi virils à la fois. 

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Autour du cercle, une chanteuse massive à la chaude voix grave, un homme fin et barbu à la voix haut perchée. Et deux danseurs sur la piste, lucioles et toros tout à la fois. Après avoir vu cela, on se dit que les véritables théoriciens du genre, ce ne sont pas ceux qui expliquent que l'on ne naît pas femme, qu'on le devient, ce sont ceux qui s'acharnent fiévreusement à préserver l'essentialisme, l'assignation à résidence originelle, la séparation définitive de soi avec soi-même, le renvoi  à une identité prescrite. Pas de doute, Akram Khan et Israël Galvan, c'est vraiment un autre genre.

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